Inquiétudes pour l'année 2020

Les professionnels du marché de l'immobilier neuf et ancien font le bilan de l'année écoulée. Tous sont satisfaits des résultats 2019, qui fut une année dynamique, notamment grâce à un taux d'intérêt bas. Cependant, les perspectives 2020 s'annoncent moins bonnes. Pour le marché du neuf, les élections municipales en seraient en partie la cause.

Lille est classée 3e du top 2020 des villes où investir. © Inna
Lille est classée 3e du top 2020 des villes où investir. © Inna

Bien que les organisateurs du salon Immotissimo aient annoncé le report de l’événement aux 12, 13 et 14 juin à Lille Grand-Palais en raison du Coronavirus, les professionnels de l’immobilier ont dévoilé leurs chiffres sur la conjoncture du marché.

En suivant la tendance nationale, 2019 aura été une année dynamique dans la région, autant pour le logement neuf (+6% de réservation dans l’ensemble des Hauts-de-France par rapport à 2018) que pour l’ancien (+5% de transactions dans le Nord et +2,5% dans le Pas-de-Calais).

Les écarts se creusent entre les territoires

Comme l’indiquent ces derniers chiffres, les disparités interdépartementales et intradépartementales sont larges.

Si 71% du marché du neuf des Hauts-de-France est concentré sur le Scot de Lille, le territoire lillois a vu son volume de réservations baisser de 11%, tandis que le prix de vente moyen a bondi de 8% et davantage en hypercentre. En cause : la raréfaction de l’offre. Lille est la 10e ville la plus peuplée de France avec plus de 230 000 habitants. Elle est aussi classée 3e du top 2020 des villes où investir. Marie Clémentine Prouvost, de la Chambre des notaires interdépartementale de Lille, indique que le marché du vieux est également tendu dans le centre de Lille : «Les prix ont augmenté comme jamais auparavant, soit +10% en dix ans.» Les investisseurs locaux laissent par ailleurs la place aux Parisiens, Lyonnais et Bordelais qui arrivent dans la Métropole en masse. «Ils achètent très vite à des prix extrêmement élevés. Mais ils n’hésitent pas parce qu’ils savent que la sortie sera immédiate.» Comptez en effet environ dix jours pour trouver un locataire.

Me Prouvost souligne alors un déséquilibre des prix médians entre les territoires, allant jusqu’à 15% d’écart. «Dans le Pas-de-Calais, c’est surtout le littoral, avec Le Touquet-Paris-Plage, qui présente les plus hauts prix. Les investisseurs achètent parfois sans même visiter.  (…) Arras a aussi du potentiel», indique-t-elle.

Laisser passer le cycle

Les professionnels se montrent cependant inquiets pour les tendances du marché sur le reste de l’année. «On dit souvent : ‘quand le bâtiment va, tout va’… En 2020, ce ne sera pas trop ça», exprime Philippe Depasse, président régional de la Fédération de la promotion immobilière (FPI). Ce dernier justifie le pessimisme ambiant, encore plus important sur le marché du neuf, par le contexte d’année électorale : «Les maires sont accusés de bétonner les villes et de multiplier les logements sociaux. Ils ralentissent donc la dispense des permis de construire pour leur image. Or, le nombre d’habitants dans la métropole lilloise n’augmente pas. Nous sommes victimes d’un entre-soi. Et cela tue aussi des commerces et des écoles, qui fermeront par manque de monde dans les quartiers.»

Quant à l’ancien, Me Prouvost demande à faire preuve de patience : «Il va y avoir un ralentissement sur le nombre de biens à vendre. Mais c’est ainsi, le marché de l’immobilier est un cycle.»


La pandémie du COVID-19, facteur aggravant

Les professionnels de l’immobilier étaient déjà pessimistes quant à la bonne santé du marché pour l’année 2020. C’était sans compter l’arrivée du Coronavirus, qui met toute activité au quasi-point mort. Preuve en est avec le report du salon Immotissimmo, mais pas seulement. «Les gens ne viennent plus en agence», disait déjà Me Prouvost avant l’annonce du confinement. L’interdiction des regroupements rend également difficile les déménagements, les visites et les états de lieux.

La crise économique qui découle de la pandémie touchera tous les citoyens. C’est pourquoi l’Association professionnelle des intermédiaires en crédit (l’Apic) appelle les pouvoirs publics à prendre des mesures d’urgence de soutien pour le crédit aux particuliers, afin de maintenir l’activité du financement immobilier.

À cela s’ajoute un climat conflituel entre les professionnels du bâtiments souhaitant arrêter leurs chantiers par mesure de sécurité et par crainte de rupture d’approvisionnement (en ciment notamment), et les autorités gouvernementales, qui insistent pour maintenir une activité économique jugée essentielle.