Inondations: décrue amorcée dans le Pas-de-Calais, amélioration en vue

La décrue se poursuit jeudi soir dans le Pas-de-Calais, toujours inondé, mais où les niveaux de plusieurs rivières ont baissé, les prévisions faisant espérer une accalmie au moins jusqu'à samedi.

Cette décrue concerne "l’ensemble des secteurs touchés du département", a assuré jeudi soir la préfecture dans un point à 20H30. "Malgré la pluie, les niveaux des cours d’eau ont sensiblement baissé."

"C'est la première fois qu'on remet le pied au sol depuis jeudi", s'est réjoui Juliette Medelli, 35 ans, habitante de la Madelaine-sous-Montreuil, en traînant la barque qui lui a permis de se déplacer au plus fort des inondations, à proximité de la Canche.

Les crues de cette rivière côtière, toujours placée en vigilance orange, ont produit chez elle d'importants dégâts: la peinture se décolle des murs, le parquet de la chambre parentale est ébranlé comme après le passage d'un tremblement de terre. "On s'est posé la question de déménager."

La Canche a bien débuté sa décrue à Montreuil-sur-Mer, à quelques kilomètres, même si certains endroits de la ville restent toujours sous 30 à 40 cm d'eau, ont constaté jeudi en début d'après-midi des journalistes de l'AFP, sous une pluie fine et continue.

A Neuville-sous-Montreuil, Jacqueline Fievez vient chaque jour constater le sinistre dans sa maison. "Dans la cuisine, il y avait à peu près 1,20 mètre et dans le jardin plus de deux mètres", dit-elle, pataugeant encore dans 80 cm d'eau.

Faibles précipitations

C'est dans cette commune que s'est rendue jeudi matin la Première ministre Elisabeth Borne, auprès des sinistrés. "On est là dans l'urgence, mais évidemment qu'on sera là pour la remise en état", a-t-elle promis.

"On va trouver une solution à la fois pour passer l'urgence et pour remettre votre commerce en état", a-t-elle notamment assuré à Ulysse Toulet, un boulanger qui a "tout perdu" dans les inondations qui ont ravagé son commerce.

Une accalmie mercredi a permis une décrue sur plusieurs bassins du département selon Vigicrues: avec la Canche, seule la Lys plaine demeure en vigilance orange, engendrant encore des "débordements dommageables".

Cinq autres départements sont en vigilance orange aux crues avec le Pas-de-Calais, dont le Nord voisin.

Le Pas-de-Calais semble relativement épargné par la dépression Frederico, qui a entraîné des "pluies importantes sur les Vosges" et de "violentes rafales" dans le sud-est, selon le dernier bulletin de Météo-France.

Les prévisions anticipent de faibles précipitations vendredi, "ce qui permettrait la poursuite de l'amélioration", souligne Vigicrues. "Cette accalmie devrait se poursuivre au moins jusqu’à samedi", selon la préfecture.

Mais la vigilance reste de mise car, sur des "sols saturés par les précipitations de ces dernières semaines", certains cours d'eau demeurent "extrêmement réactifs", a prévenu Vigicrues.

Pluies record

"L'après va être très compliqué. Les gens sont fatigués, sont épuisés, psychologiquement, physiquement, moralement", a lancé Gwenaëlle Loire, maire de Saint-Léonard, à une cinquantaine de kilomètres de Neuville-sous-Montreuil, s'inquiétant du départ définitif de certains habitants.

Si les dégâts s'annoncent majeurs, le bilan humain reste de quatre blessés depuis le 6 novembre, selon la préfecture.

Entre le 16 octobre et le 14 novembre, le Pas-de-Calais a enregistré un cumul de précipitations de 295 mm, l'épisode de 30 jours le plus pluvieux dans le département depuis le début des mesures par Météo-France en 1958.

Après les collèges et lycées qui ont rouvert progressivement mercredi, la plupart des 1.290 écoles fermées depuis lundi ont rouvert, a annoncé la préfecture.

Jeudi soir, 5.200 personnes souffraient toujours de restrictions en eau potable, une situation qui devrait perdurer encore plusieurs jours, et plus d'une centaine de foyers restaient privés d'électricité, précise la même source.

Le trafic ferroviaire est lui toujours interrompu sur deux tronçons (Boulogne-Etaples et Saint-Pol-Etaples), selon la SNCF.

Depuis le 6 novembre, près de 1.500 personnes ont été évacuées à cause de ces crues, exceptionnelles par leur durée et leur intensité.

S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.