Initiative France promet d'accompagner les créateurs d'entreprise dans la crise

© Anne DAUBRÉE pour DSI
De gauche à droite, l’ancien président, Louis Schweitzer , et le nouveau président, Guillaume Pepy, d’Initiative France
© Anne DAUBRÉE pour DSI De gauche à droite, l’ancien président, Louis Schweitzer , et le nouveau président, Guillaume Pepy, d’Initiative France

Au beau milieu d’une économie complètement chamboulée, créer son entreprise pour s’en sortir ? Le pari n’est pas si fou que cela, d’après Initiative France, réseau de financement et d’accompagnement. En temps normal, les entreprises qu’il soutient affichent un taux de pérennité de 92 % à trois ans.

Des milliers de salariés touchés par les plans sociaux, une génération entière de jeunes diplômés qui vont trouver les portes des entreprises closes… À cette situation, l’entrepreneuriat constitue-t-il une réponse ? «Le réseau va avoir un rôle pour accompagner les victimes de la crise», a déclaré Guillaume Pepy, le tout nouveau président de l’association Initiative France, réseau de financement et d’accompagnement à la création et à la reprise d’entreprise. Le 2 juillet, à Paris, lors d’une conférence de presse, la nomination de l’ancien président de la SNCF à la tête de l’association a été annoncée par Louis Schweitzer qui a présidé Initiative France durant neuf années. Pour l’ancien comme pour le nouveau président, aujourd’hui, des opportunités existent : «pour de nombreuses raisons, la proximité est dans l’air du temps. Il se crée un espace pour les TPE de proximité», explique Louis Schweitzer. Et Guillaume Pepy d’observer que «de nombreux petits services, qui sont nés durant la crise, pourraient devenir de petites entreprises.» Il cite en exemple le secteur des fleurs : la France les importe à 95 %, or, durant la pandémie, les circuits internationaux de distribution étaient inopérants. Cela a laissé le champ libre à des entrepreneurs qui se sont fait les intermédiaires entre des producteurs locaux et des clients. Sur ce créneau, «des centaines d’entreprises peuvent se créer», estime Guillaume Pepy. Pour lui, l’accompagnement sur le long cours que propose Initiative France aux entreprises que le réseau soutient devrait contribuer à «rassurer» les candidats potentiels à l’entrepreneuriat, dans un contexte aussi bouleversé. Au-delà de cet accompagnement, la spécificité d’Initiative France tient au type de prêts qu’elle propose : il s’agit de prêts d’honneur – sans condition d’apport personnel – accordés à des entrepreneurs qui créent ou reprennent une structure, et dont le dossier a été accepté par des comités d’agrément de l’association. Une condition qui facilite l’octroi d’un prêt des banques, rassurées par la qualité des dossiers. Les entreprises soutenues par l’association présentent un taux de pérennité de 92 % sur trois ans, contre 78 % au niveau national.

Des entrepreneurs éprouvés, mais désireux de poursuivre leur activité

Lors de la conférence de presse, les conclusions d’une enquête menée par le réseau, auprès de 10 000 entrepreneurs qu’il soutient, durant le confinement, ont été présentées. Tout d’abord, les réponses illustrent l’«extraordinaire violence de la crise sur ces petites entreprises», commente Guillaume Pepy. En effet, 57 % d’entre elles ont suspendu leur activité pour des raisons administratives, et 83,4 % ont enregistré une baisse importante de leur chiffre d’affaires, en avril. Voire même nul pour 55 % d’entre elles. Et dans 59 % des cas, les entrepreneurs ont été dans l’incapacité de se verser un seul euro de salaire. Le score est encore plus élevé chez les femmes, avec les deux tiers d’entre elles qui n’ont pas pu se rémunérer. Les entrepreneurs «se sont trouvés dans une situation économique et personnelle dramatique. Pour autant, tous ces créateurs ont été soutenus et accompagnés durant la période», commente Guillaume Pepy. Ainsi, 66 % d’entre eux ont fait appel au Fonds de solidarité (1 500 euros), 52 % ont demandé un report de cotisations sociales, et 47 % ont eu recours au chômage partiel. Par ailleurs, via Initiative France, 71 % des entreprises ont bénéficié de conseils d’experts (comme des experts-comptables). L’association a aussi proposé un rééchelonnement des remboursements des prêts d’honneur, accordé à 51 % des entrepreneurs qui l’ont demandé. Au regard du caractère dramatique de la situation, pour Guillaume Pepy, «le plus frappant», c’est que 60 % de ces entrepreneurs se montrent optimistes pour la suite. En effet, 3 % seulement déclarent qu’ils vont devoir arrêter leur activité. A contrario, 42 % veulent accélérer leur développement, et 33 %, repositionner leur activité en tenant compte des nouveaux paramètres. «La non solitude face à la difficulté  (…), l’aide même modeste des 1 500 euros a donné l’idée d’un soutien», qui explique pour partie l’optimisme de ces entrepreneurs, d’après Louis Schweitzer.