Industrie: Les investisseurs étrangers ne se découragent pas
Pour la troisième édition du sommet «Choose France», Emmanuel Macron recevait des industriels du monde entier. Grèves, Gilets jaunes… les mouvements sociaux semblent ne pas affecter les investissements étrangers en France. Par comparaison, celle-ci profite du Brexit.
Quelque huit milliards d’euros : tel est le montant des investissements étrangers en France, annoncés à l’occasion de la 3e édition du sommet «Choose France», organisé en amont du sommet de Davos, le 20 janvier, à Versailles. Le président de la République, et le Premier ministre, Édouard Philippe, y ont accueilli quelque 200 chefs d’entreprise, pour l’essentiel de multinationales étrangères, comme ceux de Coca Cola, BMW, GE, AstraZeneca, Lime, Fedex, Google, Netflix, Hyundai ou encore Samsung. Objectif de l’événement : mettre en lumière et réaffirmer la volonté d’accueil de la France en matière d’investissements étrangers, mais aussi, faire avancer concrètement des dossiers au cours de réunions de travail. Cette année, parmi les investissements annoncés les plus importants, figure notamment celui de l’armateur italo-suisse MSC, à hauteur de deux milliards d’euros. Il s’agit d’une commande aux Chantiers de l’Atlantique pour deux nouveaux paquebots géants, avec des livraisons prévues pour 2027. Deux protocoles d’accord signés avec les chantiers navals porteraient, eux, sur quatre milliards d’euros supplémentaires, pour des livraisons prévues vers 2030. Coca-Cola a annoncé un investissement d’un milliard sur cinq ans, à Dunkerque, pour construire une nouvelle ligne d’embouteillage aseptique dans l’usine de Socx, qui délivre déjà plus de cinq millions de canettes et bouteilles par jour. Plus modestement, Toyota a confirmé un investissement supplémentaire de 100 millions d’euros, sur son site existant d’Onnaing, près de Valenciennes, afin de produire un deuxième véhicule, un SUV urbain. En termes d’emplois, ces annonces pèsent lourd, d’après le magazine L’Usine Nouvelle du 20 janvier. Par exemple, à Saint-Nazaire, les contrats déjà signés devraient générer 2 400 emplois pendant trois ans et demi. Quant au site Toyota de Valenciennes, il devrait passer de 3 300 à 4 500 emplois entre 2017 et 2021.
339 projets industriels étrangers, en 2018
Ces annonces d’investissements industriels prolongeront-elles la tendance positive des années précédentes ? En 2018, la France a confirmé sa position de leader européen en matière d’implantations et d’extensions d’activités industrielles (« IDE »), d’après le «Baromètre 2019 de l’attractivité industrielle de la France» du cabinet EY. Elle a attiré 339 projets d’implantations ou d’extensions, soit 5 % de plus qu’en 2017. C’est beaucoup plus que la Turquie (203 projets) et l’Allemagne (152 projets), respectivement à la deuxième et troisième place. Quant au Royaume-Uni, il est passé de la seconde à la quatrième place au sein de ce palmarès. Les incertitudes liées au Brexit ont provoqué une chute spectaculaire (- 35 %) du nombre de projets accueillis sur son sol (140 en 2018 contre 216 en 2017).
Les vrais paramètres d’attractivité
Un autre sondage sur l’attractivité de la France aux yeux des dirigeants d’entreprises étrangères, invite à un -relatif- optimisme. Il a été commandité par Business France, organisme chargé de l’attractivité du pays, à l’occasion du sommet «Choose France». L’étude a été réalisée auprès de 573 cadres dirigeants issus de six pays (Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis, Inde, Chine et Émirats arabes unis) et 189 chefs d’entreprise installés en France. Tout d’abord, en termes comparatif de pays, pour les sondés, c’est l’Allemagne qui arrive en tête des pays les plus attractifs : 44 % d’entre eux la désignent dans une perspective d’investissements futurs. La France arrive en seconde position (38 %) suivie par le Royaume-Uni (30 %). Il y a un an, un seul point séparait les deux nations ! S’il est évident que les craintes engendrées par le Brexit pèsent lourd, une partie des facteurs qui expliquent cette évolution sont localisés en France. De fait, pour l’ensemble des paramètres qui suivent, l’Allemagne est mieux positionnée que la France, et le Royaume-Uni, moins bien. Et leur haut niveau concernant l’Hexagone signe un bon niveau d’attractivité. Par exemple, 84 % des cadres dirigeants étrangers interrogés jugent que l’environnement juridique et fiscal français est stable pour les affaires. Autre image positive, celle d’une économie française perçue comme volontariste : 86 % des répondants estiment qu’elle est tournée vers l’avenir et investit pour son futur. Dans le même sens, pour 80 % des cadres étrangers, la France est un pays où il est facile de faire des affaires et qui offre un bon retour sur investissement.