Indiens bloqués dans la Marne: les autorités préparent "un réacheminement" des passagers
Les autorités françaises espèrent obtenir "lundi matin au plus tard" les autorisations pour réacheminer en avion les Indiens confinés depuis jeudi soir dans un aéroport de la Marne, sur fond de soupçons de traite...
Les autorités françaises espèrent obtenir "lundi matin au plus tard" les autorisations pour réacheminer en avion les Indiens confinés depuis jeudi soir dans un aéroport de la Marne, sur fond de soupçons de traite d'êtres humains, autour desquels le flou demeure.
Le parquet de Paris a indiqué à l'AFP que la justice avait autorisé l'avion à repartir, une décision qui "permet d'envisager le réacheminement des passagers placés en zone d'attente" dans l'aéroport, a ensuite annoncé la préfecture dans un communiqué.
Les autorités "s'efforcent d'obtenir les autorisations nécessaires au redécollage de l'avion", arrivé en France avec 303 passagers, "ce qui devrait intervenir au plus tard lundi matin", a-t-elle ajouté.
L'appareil et ses passagers repartiraient "vers l'Inde", a déclaré le bâtonnier de Châlons-en-Champagne François Procureur lors d'un point-presse, information qu'il dit tenir des avocats de l'Etat.
Un départ rapide de ces Indiens, dont deux sont toujours en garde à vue, est d'autant plus probable que la justice a annulé dimanche, pour trois d'entre eux, la procédure de maintien depuis trois jours dans le hall de l'aéroport. Les douanes ont, dans la foulée, renoncé a la procédure pour les autres passagers.
Il apparaît notamment, selon une ordonnance d'une juge des libertés et de la détention (JLD) consultée par l'AFP, que les passagers ont été retenus plusieurs heures "sans en connaître les motifs" en début de procédure et sans être informés de leurs droits "dans un délai raisonnable", ce qui constitue "une atteinte disproportionnée aux droits de la personne".
Etats-Unis ou Canada
Plusieurs JLD avaient été mobilisés dimanche pour une opération d'envergure à la veille de Noël au sein d'un bâtiment adjacent à l'aérogare, afin de se prononcer sur le maintien en zone d'attente de ces passagers.
L'Airbus A340 de ces 303 Indiens, qui faisait la liaison entre Dubaï (Emirats arabes unis) et Managua, capitale du Nicaragua, s'était posé jeudi après-midi à Vatry, à 150 km de Paris, pour faire le plein.
Mais cette simple escale technique s'est transformée en longue immobilisation après un "signalement anonyme" selon lequel des passagers étaient "susceptibles d'être victimes de traite des êtres humains" en bande organisée, avait indiqué le parquet de Paris à l'AFP vendredi.
Selon une source proche du dossier, ces Indiens, probablement des travailleurs aux Emirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d'entrer illégalement aux Etats-Unis ou au Canada.
Parmi eux figurent onze mineurs non accompagnés, selon le parquet de Paris.
L'enquête, menée par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), vise à "vérifier si des éléments viendraient corroborer" les soupçons de traite d'êtres humains, selon le parquet.
Erreur monumentale ?
Deux gardes à vue débutées vendredi étaient toujours en cours dimanche, a indiqué le parquet de Paris à l'AFP. Elles visent à "vérifier" si le rôle de ces deux personnes "a pu être différent de celui des autres".
"On est dans une affaire qui peut être très grave mais à l'heure qu'il est on est encore un peu dans l'incertitude", a souligné sur BFM TV Patrick Baudouin, président de la LDH.
"Est-ce que c'est une erreur monumentale qui a été commise, une dénonciation qui finalement s’avérerait totalement inappropriée, ou est-ce que derrière tout cela il y a un vrai délit, un crime ?", s'est-il interrogé.
Douze demandes d'asile ont par ailleurs été déposées, a indiqué une source proche du dossier dimanche soir.
La préfecture de la Marne précise que des lits individuels, des toilettes et des douches ont été installés dans la zone d'attente de l'aéroport et qu'une "zone +famille+, pour assurer l'intimité parent-enfant", a été mise en place.
Mais Me Procureur s'est ému de "problèmes d'exiguïté et de mauvaises conditions de vie" dans cette zone créée par arrêté préfectoral jeudi soir.
D'après le site spécialisé Flightradar, Legend Airlines, qui affrétait le vol, est une petite compagnie dont la flotte est composée de quatre avions, dont deux A340-313.
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