Incendie meurtrier: l'ex-chef des pompiers de l'Hérault condamné à six mois ferme
Huit ans après un incendie ayant fait un mort et trois blessés graves parmi les soldats du feu, drame rendu "inéluctable" par des défaillances selon le parquet, l'ex-patron des pompiers de l'Hérault a été condamné jeudi à Béziers à deux...

Huit ans après un incendie ayant fait un mort et trois blessés graves parmi les soldats du feu, drame rendu "inéluctable" par des défaillances selon le parquet, l'ex-patron des pompiers de l'Hérault a été condamné jeudi à Béziers à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis.
Christophe Risdorfer, 61 ans, qui dirigeait le Service départemental d'incendie et de secours de l'Hérault (Sdis 34), a également été condamné à une amende de 10.000 euros et à une interdiction d'exercer un métier dans le secteur de la sécurité pendant cinq ans.
"La justice a tranché, enfin. Neuf ans de procédure, c'est long. Après, je peux comprendre que certains trouvent la peine trop faible, comparée à la peine endurée pendant toutes ces années et la perte d'un être cher. Aucun directeur départemental n'est au-dessus de la loi", a réagi Lucas Canuel, l'un des trois pompiers survivants, dont 40% de la surface du corps a été brûlée et qui a dû être amputé des dix doigts.
Comme quatre autres anciens responsables des pompiers de l'Hérault, Christophe Risdorfer était jugé pour "homicide involontaire" et "blessures involontaires" depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Béziers, où de nombreux pompiers ont suivi les audiences, souvent très longues et empreintes d'une vive émotion.
Responsabilité "totale
La responsabilité de l'ex-chef du Sdis est "totale", avait estimé dans son réquisitoire jeudi matin le procureur, David Durand.
Les défauts d'organisation du Groupement d'intervention feux de forêts (GIFF) de Vailhauquès, au nord-ouest de Montpellier, "ne pouvaient que conduire aux faits, c'était inéluctable, c'était écrit", avait cinglé le représentant du ministère public, qui avait requis à son encontre deux ans de prison, dont un an avec sursis, 30.000 euros d'amende et cinq années d'interdiction d'exercer comme pompier professionnel ou volontaire.
"Comment croire qu'il n'était pas au courant que les camions-citernes feux de forêt 3 et 4 avaient des fonctionnement défaillants - radio pas fonctionnelle, cabine pas étanche, système d'autoprotection en panne" alors que ces deux véhicules étaient stationnés sur le même site que l'état-major du Sdis et que "tout le monde était au courant ?", s'était interrogé le procureur.
Au moment de l'accident, "il n'est pas informé ou, a minima, ce n'est pas établi", car l'information "ne remonte pas par la chaîne hiérarchique", a répliqué l'avocat de Christophe Risdorfer, Gilles Gauer, qui s'est refusé à dire si son client comptait faire appel dans les 10 jours, comme il en a le droit.
Ces deux camions-citernes, d'ancienne génération, avaient été engagés avec deux autres "CCF" plus récents le 10 août 2016 sur un incendie de garrigue entre Gabian et Roquessels, au nord de Béziers.
Encerclés par le feu
Encerclés par le feu, les occupants du CCF3, Jérémy Beier, Lucas Canuel, Didier Bourdelier et David Fontaine avaient quitté leur cabine surchauffée et irrespirable et s'étaient retrouvés au milieu du brasier. Jérémy Beier a succombé à ses blessures après 42 jours de coma, à l'âge de 24 ans, tandis que ses coéquipiers ont été gravement blessés.
A l'issue des débats et d'un délibéré d'à peine une heure et demie, le tribunal a également reconnu coupable Michel Coste, ex-adjoint au service technique et logistique du Sdis, et l'a condamné à 12 mois de prison avec sursis. Le procureur avait estimé que lui non plus ne pouvait ignorer l'état lamentable dans lequel se trouvaient les deux camions-citernes, ce qu'avait contesté son avocate.
S'il s'était montré sévère pour les gradés chargés de l'organisation du service, le procureur avait aussi estimé engagée la responsabilité de trois officiers chargés de "l'opérationnel" ce jour-là.
Olivier Laurent, "chef de secteur", qui selon le magistrat avait "engagé le GIFF dans une manœuvre d'attaque du feu qui ne lui avait pas été ordonnée et sans savoir précisément où il était", a toutefois été relaxé "au bénéfice du doute".
Son subalterne, le "chef de groupe" Franck Ravel, à qui l'accusation avait notamment reproché d'avoir omis de vérifier l'état du matériel, a en revanche été condamné à 8 mois de prison avec sursis. Tout comme l'officier "AERO", qui dirigeait les manœuvres depuis un hélicoptère mais avait manqué de "dynamisme" dans sa mission, selon le procureur.
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