Rencontre avec Ingrid Florentin, présidente et co-fondatrice de 4D Pioneers
Impression 3D hybride : 4D Pioneers change de dimension
Fondée en 2020, l'entreprise 4D Pioneers mise sur la fabrication additive (plus communément appelée impression 3D) pour révolutionner les procédés de fabrication et l'approvisionnement des pièces industrielles. Objectif ? Fabriquer des pièces détachées localement pour répondre à la demande en un temps record.
Avec un marché mondial estimé à près de 15 milliards de dollars, en croissance de 19% par an, l'impression 3D poursuit un peu plus chaque année sa montée en puissance. Chez les industriels, on estime à 39% de croissance le besoin de machines. «Le marché est excessivement dynamique. La 3D est un outil qui répond aux enjeux de l'industrie de demain. La révolution est déjà en marche» justifie Ingrid Florentin, la co-fondatrice de 4D Pioneers.
On est en mars 2020, en
plein covid, lorsque Nicolas Gay, docteur ingénieur dans le domaine
de l'impression 3D et Ingrid Florentin, 25 ans d'expérience dans
le domaine de la génétique, décident d'unir leurs forces pour
créer 4D Pioneers. La start-up pionnière de l'impression 3D hybride
en France et spin-off de Centrale Lille, part d'un constat simple :
l'attente de pièces détachées entraînant des pertes financières
extrêmement élevées pour les industriels, l'impression 3D doit
permettre de réduire les stocks des pièces de rechange et leur
coût.
Au service du ferroviaire, de l'aéronautique, de l'énergie...
«Il
existe de nombreux domaines où les problèmes de maintenance sont
très importants. Attendre une pièce détachée est un problème
excessivement critique économiquement. On s'est dit, au lieu
d'attendre que les pièces détachées arrivent, pourquoi ne pas les
fabriquer localement et débloquer le marché ?». En effet,
l'immobilité d'un train ou d'un avion peut entraîner une perte de
10 000€ par jour, et jusqu'à 1 million d'euros par jour pour des
problèmes de maintenance au sein de centrales nucléaires. 4D
Pioneers accompagne ainsi les acteurs du ferroviaire, de
l'aéronautique, de l'aérospatial et de l'énergie pour lutter
contre l'obsolescence de leurs pièces en offrant
un service à 360° basé sur des machines 3D performantes et des
matériaux durables.
Matériaux et procédés de fabrication dernier cri
«L'impression
3D est un
besoin au cas par cas pour les petites séries, non pas pour les
grandes séries. Pour un train par exemple, seules 10% des 150 000 références ont du sens en 3D». Au-delà
du remplacement de pièces, 4D Pioneers s'ancre dans une durabilité,
grâce à des matériaux ou procédés de fabrication dernier cri. La
pépite 4D Pioneers est aujourd'hui installée sur deux sites
distincts : à Seclin pour le développement de machines et à
Villeneuve d'Ascq pour la formulation de
matériaux grâce à un accès aux laboratoires et au parc de 30 machines de Centrale Lille. «Nous
travaillons à la fois sur l'identification de nouveaux matériaux
qui, par exemple, résistent au feu mais aussi sur des
machines ultra performantes qui sont capables d'imprimer n'importe
quel matériau»
précise la co-fondatrice de 4D Pioneers.
La start-up, qui s'apprête à déposer des brevets industriels, attend le salon Formnext pour présenter sa machine dernier cri. Cette innovation, qui n'aurait pas d'équivalence sur le marché, concentre les deux méthodes, à savoir la fabrication soustractive mais aussi additive (autrement dit, ajouter de la matière là où elle est nécessaire, à la différence de la fabrication soustractive où l'on enlève de la matière pour atteindre la forme désirée, ndlr). «Nous sommes désormais en capacité d'imprimer tous les matériaux pour un industriel de la maintenance (composite, polymère, métaux...) et même d'imprimer des pièces bi-matières. La particularité réside dans le fait que la pièce imprimée est prête à l'emploi dès sa sortie d'impression. Les pièces industrielles sont excessivement sophistiquées, elles doivent être parfaites» détaille la dirigeante.
EDF, SNCF, L'Oreal...
4D Pioneers travaille aujourd'hui avec de grands groupes français à l'image de Faiveley Transport, EDF, L'Oreal ou encore la SNCF. «Notre projet avec la SNCF est l'un des plus importants. L'objectif est de démontrer l'importance de la 3D dans un technicentre de maintenance pour créer des pièces détachées et réparer des trains à la demande» précise Ingrid Florentin. Face à la complexité des machines, 4D Pioneers entend tout faire pour démocratiser l'impression 3D. «Beaucoup d'industriels sont frustrés car ils ont investi dans des machines mais se retrouvent dans une impasse car ils n'ont pas les compétences pour pouvoir sortir des pièces».
De
4 personnes à sa création en 2020, la jeune pousse est passée à
un effectif de 21 collaborateurs dont des ingénieurs-docteurs, 7 techniciens en R&D
machines et 4 techniciens en R&D matériaux. «Nous
sommes montés très vite en puissance. On doit rester focus sur ce
qu'on a à faire»
indique Ingrid Florentin. Contrairement à de nombreuses entreprises
rencontrant une pénurie de main d'oeuvre, 4D Pioneers a une grande
facilité à recruter. «Notre métier fascine les
jeunes talents. Notre équipe est composée de grands talents
technologiques avec beaucoup de créativité. Notre management est de toujours repousser nos limites». Trois personnes
rejoindront l'entreprise en janvier et une dizaine d'ici un an.
L'entreprise 4D Pioneers n'a pas fini de faire parler d'elle.
4D Pioneers à propos d'Hodéfi
«Hodefi a été très important pour nous et même essentiel dans notre développement. Les fonds propres sont le nerf de la guerre. Avec le prêt d'honneur d'Hodéfi à hauteur de 50 000€, cela nous a permis de mettre le pied à l'étrier. Hodefi est un beau tremplin pour toutes les entreprises en création» conclut Ingrid Florentin.