Loi Immigration : tensions à tous les étages
Liberté, égalité, fraternité... et immigrés ? L’interrogation se pose aujourd’hui. La loi sur l’immigration, adoptée la semaine dernière par l’Assemblée nationale, a soulevé un tollé. Remise en cause du droit du sol, restriction d’accès aux allocations de solidarité en passant par la demande de caution pour les étudiants étrangers, mise en place de quotas, son contenu fait mouche.
«Ce texte est un recul pour l’égalité, la justice et une honte pour notre pays des Droits de l’Homme. La discrimination qu’il instaure revient à condamner des femmes, des hommes et des enfants pour leur origine plutôt que de les reconnaître dans leur humanité», assure le groupe de gauche de l’assemblée des départements de France dont le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle.
«Ce texte doit encore être examiné par le Conseil constitutionnel et il est encore susceptible d’évoluer. Il reste qu’à la faveur de jeux politiques qui nous conduisent peu à peu vers le précipice d’un populisme haineux, ce texte comporte des mesures qui piétinent nos traditions d’hospitalité (...) Je suis lorraine et l’histoire m’a appris que le rejet de l’autre n’est que le paravent d’une société qui n’a plus de boussole, ni espoir d’un meilleur lendemain», a réagi Hélène Boulanger, la présidente de l’Université de Lorraine.
Mathieu Klein, le maire de Nancy et président de la Métropole du Grand Nancy dénonce «des principes de différenciation, qui sont injustes, dangereux et déshonorants pour notre pays.» Dans l’écosystème entrepreneurial, l’inquiétude, au-delà de celles des valeurs même et d’une vision générale de l’humanité, se veut pragmatique.
«D’ici 2050, nous aurions besoin, sauf à réinventer notre modèle social et notre modèle économique, de 3,9 millions de salariés étrangers», a assuré Patrick Martin, le président national du Medef sur les ondes de Radio Classique. «Ce ne sont pas les patrons qui demandent massivement de l’immigration, c’est l’économie.»
La régulation annoncée des sans-papiers pour les métiers en tension, via un titre de séjour d’un an délivré au cas par cas par les préfets, avec des conditions d’obtention durcies, semble être loin d’être suffisante. L’immigré apparaît, toujours et encore, comme une simple valeur d’ajustement. On en est toujours là...