Immigration: dans leur bastion des Alpes-Martimes, des militants LR requinqués

"Enfin !": dans le quartier aisé de la Basse Californie à Cannes, André, 91 ans, ne cache pas, comme d'autres sympathisants LR de la Côte d'Azur, sa satisfaction d'avoir retrouvé sur le projet de loi...

Des sympathisants LR de la Côte d'Azur, ne cachent pas leur satisfaction d'avoir retrouvé sur le projet de loi immigration le parti de droite qu'ils croyaient perdu © PASCAL GUYOT
Des sympathisants LR de la Côte d'Azur, ne cachent pas leur satisfaction d'avoir retrouvé sur le projet de loi immigration le parti de droite qu'ils croyaient perdu © PASCAL GUYOT

"Enfin !": dans le quartier aisé de la Basse Californie à Cannes, André, 91 ans, ne cache pas, comme d'autres sympathisants LR de la Côte d'Azur, sa satisfaction d'avoir retrouvé sur le projet de loi immigration le parti de droite qu'il croyait perdu.

"Je m'étais éloigné de LR après la réforme des retraites" en début d'année, lorsque le parti s'était divisé sur un texte qui semblait pourtant correspondre à son ADN, reconnaît ce retraité en quittant les assises de son quartier où il est venu écouter le maire David Lisnard, l'un des prétendants LR à la course à l'Elysée en 2027.

Mais après l'approbation lundi par les députés de la motion de rejet du texte gouvernemental sur l'immigration, André est revenu au bercail, désormais convaincu que son parti "est le seul à combattre la politique migratoire d'Emmanuel Macron... avec le RN".

Sur une terrasse ensoleillée de Cannes, la députée LR Alexandra Martin, une proche de David Lisnard tout juste rentrée de Paris où elle a voté la motion, assure avoir reçu "énormément de messages, de soutiens et d'encouragements" comme elle n'en avait pas lus depuis longtemps.

"Le mot enthousiasme est de retour", se félicite-t-elle, avant la commission mixte paritaire (CMP) de lundi où les parlementaires LR vont s'efforcer d'imposer la version durcie du texte sur l'immigration approuvée par la majorité de centre-droit du Sénat.

Contre la "droite molle

A quelques kilomètres de là, sur le Vieux-Port de Nice, à la permanence d'Eric Ciotti, Patricia Rosenthal prépare avec d'autres bénévoles la prochaine distribution d'une lettre adressée par le patron des Républicains aux 50.000 électeurs de sa circonscription.

"Eric Ciotti a fait le boulot sur l'immigration, sinon je ne serais pas là", reconnaît cette retraitée qui milite depuis 2007, date de la dernière victoire de la droite à la présidentielle avec Nicolas Sarkozy.

Elle se définit aujourd'hui comme "plus à droite" que dans le passé, n'a pas peur de "se faire traiter de facho" et fustige comme d'autres la droite "molle" défendue par ceux qui se situent sur une position plus centriste.

Chez les jeunes militants niçois l'optimisme est aussi de mise, à l'image d'Alexandre Saradjian, 26 ans, qui a pris le pouls des sympathisants lundi en distribuant des tracts dans les rues de Nice dans les minutes qui ont suivi le rejet de l'examen du texte gouvernemental à l'Assemblée nationale, avec le soutien de 40 députés LR.

"Les sympathisants voient chez nous un discours de fermeté sur l'immigration. C'était positif", se félicite le secrétaire général des jeunes LR.

Avc ce vote, les divisions qui minent le parti semblent s'être estompées.

Une unité saluée par Hakim Grich, 21 ans, qui assure que des amis tentés par Eric Zemmour lors de la présidentielle "reviennent" aujourd'hui chez LR.

Dans ce fief de la droite qu'est la Côte d'Azur, les LR cherchent désormais à faire partager leur "enthousiasme" local à des régions où le discours droitier semble moins audible, comme l'indique un sondage Odoxa publié vendredi par Le Figaro.

Selon cette enquête, un tiers seulement des sympathisants LR (36%) considère que le rejet du projet de loi est un succès pour Eric Ciotti et le parti, tandis qu'un autre tiers (32%) qualifie ce vote d'"échec" pour la droite.

Mylena Gourdon, 20 ans, qui partage son temps entre sa ville de Nice et Paris où elle étudie les sciences politiques, est convaincue que les idées de LR ont commencé "à s'étendre" au reste du pays depuis l'arrivée d'Eric Ciotti à la tête du parti.

Alexandre Saradjian, lui, en veut pour preuve les "bons retours" qui lui parviennent des différentes fédérations saluant "un bon choix politique" sur l'immigration.

Un avis que ne partage toutefois pas vraiment Françoise, une Cannoise qui soutient David Lisnard. "Beaucoup de mes amis n'y croient plus trop et ne se sont pas réinscrits" au parti, observe-t-elle.

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