Rencontre avec Sébastien Melot, directeur de projet chez Lyreco en partenariat avec Paris 2024
«Il y a peu d'entreprises capables de relever un défi logistique de cette taille»
Leader français dans la distribution de produits et services pour l'environnement de travail, Lyreco (500 M€ de chiffre d'affaires – 2 000 collaborateurs) jouera un rôle clé dans le cadre des Jeux Olympiques et paralympiques de Paris 2024, non pas sur son cœur de métier mais sur la livraison de mobilier. En effet, le groupe valenciennois équipera 120 sites en France de tables, chaises, étagères et autres équipements... soit 360 000 produits. Reportage.
Les
discussions entre Lyreco et Paris 2024 ont débuté en 2019. «Nous
avons été sollicités pour produire et livrer des produits
personnalisés et goodies. Ce que nous avions déjà fait pour les
Jeux Olympiques d'hiver d'Albertville en 1992» indique
Sébastien Melot, directeur de projet en partenariat avec les Jeux.
Mais très rapidement, Lyreco convient que ce n'est pas forcément
avantageux ni pour eux ni pour le comité des Jeux. «Les
discussions ont repris en 2021, après la crise sanitaire, ils nous ont demandé
si on était intéressés pour la partie mobilier du village
athlète». Lyreco remporte l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) début 2022. «Un marché
énorme» pour le groupe centenaire en 2026.
Le
mobilier en question équipera les quatre villages des athlètes à
Saint-Denis, Villeneuve d'Ascq (où se dérouleront les épreuves de basket-ball et
handball), Marseille (épreuves de voile) et Châteauroux (épreuve
de tirs). Dans le cadre de l'AMI, Lyreco livrera également
l'ensemble des sites de compétition, les sites d'entraînement, le
village média près du Bourget ainsi que l'IBC (International
Broadcast Center) à Villepinte. «Nous équiperons au total
120 sites en France».
760
tonnes de marchandises
Parmi
les produits, on retrouvera des tables, des chaises, des étagères
ainsi que des armoires verrouillables. En ce qui concerne la partie petits équipements, Lyreco distribuera des multiprises, des lampes
de chevet, des ceintres et tancarvilles. «Au total, cela
représente 360 000 produits livrés soit 760 tonnes de
marchandises» se réjouit Sébastien Melot. «Finalement,
le village olympique athlètes représentera 10% du volume mobilier
total des Jeux mais c'est de loin la plus belle vitrine pour nous».
De son côté, Éric Avril, directeur général de Lyreco ajoute :
«C'est
une vraie fierté pour nous, cela représente 10 000 tables, 42 000
chaises, pour plus de 62 400 meubles».
Dès la semaine du 10 juin, Lyreco est entré dans un pic
d'activité : «90
personnes par jour travaillent sur les Jeux».
Les livraisons ont débuté le 12 décembre dernier. Fin mai, toutes
les chambres d'athlètes ont été installées. Par mesure de
sécurité, les sites requis pour les Jeux Olympiques ferment le 13
juillet.
Le
mobilier, axe fort de développement
Hors
JO, le mobilier représente 8% du chiffre d'affaires global du
groupe, qui en produit depuis 2000 pour répondre aux besoins immédiats
des clients. «Depuis 2018, nous avons élargi, et nous gérons avec nos
clients l'ensemble de leurs projets mobiliers. C'est un axe sur
lequel on souhaite se développer fortement. On a crée des équipes
commerciales dédiées pour être en capacité d'accompagner nos
client sur l'aménagement de leurs espaces de travail».
Dans le cadre de l'appel d'offres, le groupe nordiste équipera également les
bâtiments administratifs dédiés aux 200 délégations internationales
et membres du CIO et CNO. «Nous avons étoffé l'offre
dans le cadre des Jeux. Il y a peu
d'entreprises capables de relever un défi logistique de cette
taille. Cela demande énormément de concentration, et forcément ça
amène un petit peu de stress car on doit tout livrer en temps et en
heure».
Made
in France et Made in Europe
60%
du matériel est fabriqué en France, une partie en Normandie, une
autre près de Lyon, 40% en Europe. «Et sur ces 40%, 80% est produit en
Pologne et 20% en Italie» précise le directeur de projet.
Le fait d'assurer une production française et européenne participe
à réduire de manière significative l'impact carbone. Lyreco a
également travaillé sur la réduction de l'emballage et sur la
réduction du nombre de camions que le groupe mettra sur la route. Autant de facteurs qui ont pesé dans la balance lors de la candidature de Lyreco à l'AMI.
Seconde
vie du mobilier
Parmi
les critères de l'appel à manifestation d'intérêt, 100% des produits utilisés lors des Jeux devaient avoir une seconde
vie. Lyreco s’est ainsi engagée à reprendre l’ensemble des produits qui seront livrés à Paris 2024 afin de leur offrir une seconde vie. 84% des produits seront destinés au réemploi grâce à la vente de seconde main et aux dons aux associations, 2% seront réutilisés dans la fabrication de nouveaux produits et 14%, n’étant pas réemployables, seront réorientés vers des filières de recyclage et revalorisation. Les Jeux, Sébastien Melot les voit comme un booster
de développement : «La seconde vie du mobilier a du
mal à décoller mais nous sommes persuadés que les Jeux vont
accélérer ce marché et surtout nous aider à faire changer la
mentalité de nos clients». Lyreco a donc tout à y
gagner : «Il y aura un avant et un après JO», conclut le directeur de projet.