Il n’y a pas d’âge pour entreprendre

Certes, en étant plus jeune, on ose peut-être prendre plus de risques – et on en fait moins courir à sa famille ! –, mais à chaque âge ses avantages… et ses contraintes. Si la jeunesse peut parfois faire défaut (manque d’expérience, nouvelle vision du management...), elle est aussi un formidable atout à une période de la vie où l’on n'a peur de rien ! Mais l’expérience endossée par des années de salariat peut aussi s’avérer bien utile lorsqu’on se lance un dernier défi professionnel, et non des moindres… Nous vous proposons donc, au fil de ces pages, des portraits de créateurs, entre 20 et 60 ans, qui sont tous animés par la même fibre entrepreneuriale… chacun à leur manière !

Dominique Beaumont entouré de ses deux fils.
Dominique Beaumont entouré de ses deux fils.

 

D.R.

L'équipe d'Holusion.

20-30 ans : l’âge de la conquête fulgurante

Sébastien Dumetz, Benjamin Cliquennois et Thibaut Guillaumont, 25 ans, d’Holusion

S’adapter est devenu notre métier

Cela fait un peu plus d’un an qu’ils ont créé leur startup et déjà ils ambitionnent de devenir une ETI (entreprise de taille intermédiaire). Il faut dire que leurs produits sont aussi innovants qu’inattendus : une boîte transportable, capable de se connecter à un smartphone pour diffuser un hologramme, qui peut être une photo, une vidéo, etc. L’objectif ? Les placer sur les stands des salons et dans les vitrines. “L’hologramme, c’est Star Wars, Minority Report. C’est tout un imaginaire qui fascine“, explique Sébastien Dumetz. Alors étudiant à l’ISEN (Institut supérieur de l’électronique et du numérique), il développe un projet de visioconférence avec hologramme, techniquement réalisable mais pas du tout rentable économiquement. Il rencontre Benjamin Cliquennois puis Thibaut Guillaumont, tous deux étudiants à l’ITEEM (Ingénieur manager entrepreneur) et intègrent ensemble l’incubateur Tonic. Ils créent le premier projecteur d’hologrammes. “Nos trois produits – 20 cm, 50 cm et 2 mètres – sont conçus en interne avec l’Institut supérieur du design et assemblés à la Plaine Images“, explique Benjamin Cliquennois qui n’hésite pas à dire qu’”en créant à 23 ans, il faut une bonne dose de courage et d’abnégation !“. Il avait déjà lui-même créé une première agence de communication à 19 ans, “un test“. “L’inexpérience peut être utilisée comme un atout, chaque nouvelle chose est un problème, s’adapter est devenu notre métier. Dans la démarche commerciale, être jeune est à la fois un handicap et un avantage. Les gens sont bienveillants, mais on peut parfois manquer de crédibilité.

Bêtes à concours ! En deux ans, les trois associés ont postulé à une trentaine de concours, leur permettant d’investir dans leur entreprise mais aussi d’intéresser les incubateurs et les couveuses. Ils viennent actuellement de boucler une levée de fonds par crowdfunding. “Nous voulons faire de l’hologramme un nouveau standard de la réalité augmentée, espèrent les trois créateurs. Holusion est un grand bateau dans lequel on a embarqué tout le monde et tant qu’il ne navigue pas, cela reste une structure en bois. On jongle avec des dizaines de milliers d’euros, mais tant que nous n’avons pas prouvé que l’entreprise était rentable, on n’a rien prouvé du tout.  Avec déjà une trentaine de clients à leur actif, plus de 100 000 € de commandes à livrer en septembre et un chiffre d’affaires de 50 000 €, ils ont prouvé que leur jeunesse était tout sauf un fardeau.

Les Jardins de Séricourt se visitent tous les jours.

Les Jardins de Séricourt se visitent tous les jours.

30-40 ans : l’âge de raison

Guillaume Gosse de Gorre, 35 ans, dirigeant des Jardins de Séricourt

En sortant de l’école on pense tout savoir mais on ne sait rien

À 27 ans, Guillaume Gosse de Gorre reprend fièrement les rênes de l’entreprise familiale, poursuivant ainsi l’œuvre “passionnée” de son père, en y apportant sa touche personnelle. “Mon père a créé l’entreprise en 1983, il était ravi de me céder son entreprise, une petite boîte avec une qualité de vie extraordinaire», explique ce diplômé d’une école d’ingénieurs dans l’agriculture, puis d’une école paysagiste à Versailles. S’il arrive en connaissant déjà l’entreprise – il y a travaillé pendant trois ans avant la reprise –, il compte bien remettre certaines choses au goût du jour. “Au début je suis arrivé avec mes gros sabots et j’ai fait quelques erreurs. Nous nous sommes rapprochés d’un consultant pour que mon père et moi puissions mieux travailler ensemble : nous n’avons ni la même vision, ni le même âge. Le consultant a comparé nos visions de l’entreprise à trois ans : malgré nos différences, mon père et moi avions la même“, se rappelle Guillaume Gosse de Gorre. Il comprend rapidement, alors seulement âgé de 27 ans, que la force de l’entreprise, c’est son management paternaliste. Auquel il ajoute une savante touche de modernité : amélioration des bâtiments, nouveau matériel, communication… Et un jardin – Les Jardins de Séricourt, labellisés “Jardins remarquables” depuis 2004 par le ministère de la Culture et de la Communication et élu “plus beau jardin de France” en 2012 par les journalistes de l’AJJH (Association des journalistes du jardin et de l’horticulture) – a ainsi été créé, où l’on peut visiter et admirer, au gré des allées, les compétences de l’entreprise, aujourd’hui composée de six salariés. Les résultats se font rapidement sentir : augmentation du chiffre d’affaires et du portefeuille clients. “On sort de l’école et on pense avoir tout vu mais on ne sait rien. On est tout frais alors on peut facilement rebondir. L’avantage, c’est qu’on a le temps de faire ses armes. Mais il faut savoir se remettre en cause. Sept ans après la reprise, l’entreprise se stabilise et l’outil de production a été amélioré.

Dominique Beaumont, entouré de ses deux fils.

Dominique Beaumont, entouré de ses deux fils.

 50-60 ans : l’âge de la transmission du savoir

Magasins de vente au détail de produits bio ou écologiques

À 50 ans, certains attendent la retraite, mais moi, pas du tout !

Ancien cadre dans la grande distribution en France et à l’international, Dominique Beaumont a fait un virage à 360° en devenant… commerçant. Il a créé de toutes pièces le premier magasin “Un autre chemin…” à Coudekerque-Branche en 2008 et en est aujourd’hui à sa quatrième ouverture, épaulé par ses deux fils.

Beaucoup de cadres ont envie, à un moment de leur carrière, d’entreprendre. Après 30 ans passés dans la grande distribution, j’en ai eu marre de faire des reportings“, se rappelle Dominique Beaumont. Après quelques études de marché, il se rend compte du potentiel du marché des produits biologiques : “Il y a beaucoup de petites épiceries mais peu de grandes surfaces. Nos magasins proposent plus de 5 000 références sur 350 m2 de surface. Il y a le choix, le prix et le conseil.” L’expansion est rapide : un premier magasin en 2008, un second en 2011, un troisième en 2014 et le dernier cet été. “À 50 ans, il faut se rebâtir un réseau. Heureusement, j’ai été bien épaulé par Côte d’Opale entreprendre, la BGE Flandre création, mais aussi Initiative Flandre. Mon expérience et leur soutien m’ont permis de présenter des dossiers structurels.” Et puisqu’il ne voulait pas “rester un épicier derrière un comptoir” mais bien “développer un réseau“, il s’adjoint les services de son fils Mathieu, 33 ans, pour lancer le magasin de Béthune. “Je ne l’ai jamais poussé. Je n’avais pas la volonté de devenir le patron de mes fils. Dès la création du premier magasin, je les ai intégrés au capital de l’entreprise. Ils ont vu que j’étais épanoui et avaient aussi envie de se lancer de nouveaux défis. Je suis confronté à leur jeunesse et je profite d’un bain de jouvence ! Ils m’apportent leur expérience.” Une envie également partagée par le cadet, Vincent, qui a ouvert un magasin à Douai en 2013. Très unis, les trois créateurs ont aujourd’hui embauché 16 salariés.

Développer le réseau. Leur concept répondant aux besoins des agglomérations d’environ 200 000 habitants, ils n’excluent pas ouvrir d’autres magasins d’ici quelques années. Le dernier, à Coquelles, a ouvert il y a un mois : “C’est le premier qui n’est pas géré par quelqu’un de la famille. C’est très important que chaque salarié partage le projet et se sente bien dans l’entreprise. Ils partagent tous l’expansion de l’entreprise, ils ne font pas que remplir des rayons. Quand j’ai démarré ma vie professionnelle, c’était l’âge d’or de la grande distribution. Je ne me suis pas posé de question quant à faire autre chose. Ma relation aujourd’hui, c’est celle d’un bon épicier dans une grande surface, mais certainement pas avec les codes de la grande distribution. Je souhaite juste retrouver la dimension commerçante avec un grand C. À 50 ans, certains attendent la retraite, mais moi, pas du tout !

Vous voulez en savoir plus ? Les conférences et ateliers du salon Créer sur ce thème

− “La création passé 45 ans” : lundi 14 septembre de 9h30 à 10h15 (Agora 1)

− “Je veux créer mon entreprise pendant ou à la sortie de mes études” : lundi 14 septembre de 14h à 14h45 (Agora 3)

− “Créer, reprendre ?… Même pas peur !…” : mardi 15 septembre de 11h à 11h45 (Place des entrepreneurs)

− “Les jeunes et la création d’entreprise” : mercredi 16 septembre de 9h30 à 10h15 (Agora 3)

− “Reprise d’entreprise et principe de précaution” : mercredi 16 septembre de 15h à 15h45 (Agora 6)