Il faut sauver la filière maintenance !

Les métiers de la maintenance embauchent mais les candidats manquent. Des responsables de la formation, de l’orientation et des milieux de l’entreprise tirent le signal d’alarme. Pour eux, des financements risquent de disparaître, et des entreprises, d’aller voir ailleurs.

Dans les locaux du lycée professionnel Pierre et Marie Curie d’Aulnoye-Aymeries. La directrice du CIO, l’inspecteur de l’Education nationale, le responsable des relations avec les entreprises de l’UIMM, et les responsables de l’établissement
Dans les locaux du lycée professionnel Pierre et Marie Curie d’Aulnoye-Aymeries. La directrice du CIO, l’inspecteur de l’Education nationale, le responsable des relations avec les entreprises de l’UIMM, et les responsables de l’établissement
D.R.

Dans les locaux du lycée professionnel Pierre-et-Marie-Curie d’Aulnoye-Aymeries. La directrice du CIO, l’inspecteur de l’Education nationale, le responsable des relations avec les entreprises de l’UIMM, et les responsables de l’établissement

Peut-on imaginer des voitures sans mécaniciens ? Non ! Eh bien, pour les entreprises − et pas seulement dans l’industrie − c’est pareil : machines et systèmes de production ont besoin pour leur entretien et leur réparation de techniciens et de spécialistes. Il semble donc difficile de se passer de la maintenance, qu’elle soit réalisée en interne ou confiée à des prestataires extérieurs, qu’elle soit comme on dit «préventive ou curative». Et pourtant…

Dans l’arrondissement Sambre-Avesnois, des acteurs locaux ont décidé de se mobiliser car, expliquent-ils, les filières de formation et des emplois sont menacés du fait de la désaffection dont souffrent ces métiers. Ces acteurs sont principalement le Centre d’information et d’orientation, l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), l’inspecteur de l’Education nationale ainsi que les responsables du lycée professionnel Pierre-et-Marie-Curie d’Aulnoye-Aymeries, un des deux établissements du val de Sambre, avec le lycée privé Théophile-Legrand à Louvroil, à proposer un bac pro MEI (maintenance des équipements industriels).

Si la préoccupation n’est pas nouvelle et si des initiatives existent déjà pour tenter de rapprocher le monde de l’école de celui de l’industrie, il s’agit, soulignent-ils, d’une démarche à l’échelle de l’arrondissement et que l’on pourrait qualifier d’urgente.

Paradoxe. Pascale Applincourt, directrice du Centre d’information et d’orientation Sambre-Avesnois constitué en mars 2012, souligne ce paradoxe que vit l’arrondissement : «Les filières de formation dans ces métiers ne trouvent pas preneurs alors qu’il y a des emplois à pourvoir. C’est le cas au lycée professionnel Pierre-et-Marie-Curie où il y a moins d’élèves dans la section bac pro MEI. S’y ajoute le constat fait par Pôle emploi et l’UIMM que des besoins restent insatisfaits dans les entreprises. Or, un emploi sur deux, ici, reste industriel.»

Du travail, il y en a. Il est certain que ces métiers «de l’ombre» souffrent d’être mal connus, mal identifiés (réduits à de simples opérations d’entretien ou de nettoyage) et aussi de la mauvaise image de l’industrie, liée notamment aux crises et licenciements qui ont marqué les familles… Pourtant, souligne Pascale Applincourt, «ces métiers sont transversaux et polyvalents, ne concernent pas que l’industrie proprement dite, mais toutes les entreprises où il y a de la mécanique, des automatismes, de l’électricité, des systèmes pneumatique ou hydrauliques. Des techniciens et spécialistes de la maintenance, il en faut ainsi dans la grande distribution, les énergies nouvelles, les SAV, le milieu hospitalier, l’industrie pharmaceutique, l’agroalimentaire… Comme il en faut, bien sûr, dans les filières de l’automobile, du ferroviaire, de la mécanique, du nucléaire… ». Autant de secteurs représentés dans le bassin.

Un concours. Alors, pour éviter, disent-ils, que le Conseil régional ne finance plus à terme des filières désaffectées bien qu’utiles à l’économie, ils ont décidé d’organiser un concours. But : valoriser la maintenance auprès des élèves des collèges et de leurs familles.

Depuis novembre, de petites maquettes de convoyeurs (des tapis roulants éducatifs) ont été remis aux 12 collèges du bassin afin de servir de supports pédagogiques à des initiations. En mars, les élèves auront découvert la diversité des ateliers de maintenance du lycée d’Aulnoye-Aymeries et eu des épreuves à réaliser. «Il s’agit, explique Régis Dufour-Lefort, proviseur du lycée, de provoquer une émulation parmi les jeunes. Les familles auront aussi leur moment en compagnie des formations et entreprises de la maintenance à l’occasion des portes ouvertes du 6 avril.»