BTP
Alban Vibrac, président de la Fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle : «il faut revaloriser et récompenser le travail…
Si la pénurie de matériaux et la flambée des prix de certaines matières premières inquiètent au plus haut point les professionnels des secteurs du BTP, la pénurie de personnel qualifié s’affiche comme encore plus problématique. Des centaines d’emplois seraient à pourvoir en Meurthe-et-Moselle selon Alban Vibrac, le président de la Fédération du BTP 54, sans parler du retour de la débauche de collaborateurs, signe que l’activité va beaucoup mieux…
La pénurie de matériaux ? «Elle est réelle avec une rupture de certains produits à l’image du bois, des isolants, des panneaux, mais bon nombre d’entrepreneurs ont commandé en masse, moi le premier. C’est un peu comme la farine et les pâtes en période de crise, tout le monde se rue dessus». La hausse des prix ? «C’est évident et nos industriels savent créer du stock et faire passer des hausses.» Au bureau du siège de son entreprise de menuiserie (Menuiserie Vibrac SA à Maxéville qui devrait prochainement prendre possession de nouveaux locaux du côté de Velaine-en-Haye), Alban Vibrac, le président de la Fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle, est bien conscient de cette situation plus que problématique au moment où l’activité (cela dépend des entreprises) connaît un nouveau souffle. Au niveau national, la FFB (Fédération française du bâtiment) a mis en garde le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, sur cette montée en flèche des prix. Une tension des marchés certaines aux conséquences plus que dommageables mais qui ne semble pas avoir son pareil face à une autre des pénuries, récurrente celle-ci, du secteur. «Nous manquons toujours cruellement de personnel, qualifié d’une part et surtout motivé, d’autre part ! Il devient urgent aujourd’hui de revaloriser le travail et de le récompenser à sa juste valeur plutôt que d’alimenter les mécanismes d’aide.» Le président de la Fédération du BTP de Meurthe-et-Moselle estime que pour les quelque 450 adhérents de sa fédération, «ce sont entre 200 et 300 personnes qui sont recherchées au sein de nos entreprises.» Fin mars, la FFB signe un partenariat avec Pôle emploi afin de tenter de faire face à ce besoin cruel de main-d’œuvre. Des conseillers experts Bâtiment sont désignés dans les agences et des actions communes sont menées pour promouvoir les métiers du secteur. «Nous travaillons en priorité avec les agences locales de Pôle emploi. Des choses se font mais la réussite n’est pas encore au niveau de ce que l’on pourrait attendre.»
Reprise de la débauche de collaborateurs
Le 3 mai, il était aux côté de Jean Castex, le Premier ministre, à l’occasion de sa visite du lycée des métiers du Bâtiment et de l’Énergie, Emmanuel Héré de Laxou, une occasion de faire passer le message et de démontrer que la filière est source d’emploi. Côté activité, «nos entreprises, dans l’ensemble travaillent car nous sommes des entreprises de proximité. La débauche de collaborateurs reprend, c’est un signe ! Dans leur grande majorité, nos entreprises affichent de bons bilans mais tout cela est très disparate. Certaines vont bien, voire très bien, et d’autres accumulent les problématiques. Une chose commence à ressortir : la demande et les travaux pour les particuliers, qui étaient déjà bien présents, sont de plus en plus importants.» Quid de la commande publique ? «La relance de la commande publique n’est pas là. Les communes apparaissent toujours frileuses. Ce qui est paradoxal, c’est que bon nombre d’ouvertures de plis s’opèrent au niveau des marchés publics mais les entreprises ne répondent pas. La complexité administrative est toujours là et la crainte des pénalités de retard en freinent un bon nombre.» La relance par la commande publique, souhaitée par les instances étatiques et la mobilisation (et surtout l’incitation) des collectivités territoriales à passer des marchés, ne pourrait, dans ces conditions, ne profiter qu’à certains.
Carnets de commandes du gros œuvre : stabilité ?
Stabilité des carnets de commandes au mois de mars dernier par rapport à février. C’est ce qui ressort des résultats provisoires de l’enquête de la FFB des entreprises de gros œuvre (parue le 10 mai dernier). «Les carnets de commandes des entreprises de 10 à 50 salariés augmentent ce mois-ci. En revanche, ceux des entreprises de 51 à 200 salariés enregistrent une baisse, plus marquée encore pour les entreprises de plus de 200 salariés», assure la FFB. «Les carnets de commandes s’établissent en moyenne à 8,2 mois. Ils varient de 6,4 mois pour les entreprises de 10 à 20 salariés à 12,3 mois pour celles de plus de 200 salariés.»