«Il faut retrouver une dynamique de développement économique»
Yann Orpin, élu à la tête du Medef Lille Métropole le 8 juillet, a pris ses fonctions de suite, en lançant notamment plusieurs commissions de travail. Attractivité, inclusion, tourisme d'affaires ou encore aménagement du territoire... autant d'enjeux de taille pour le nouveau président qui continue de diriger en parallèle la CCI Grand Lille jusqu'aux prochaines élections le 7 octobre.
La Gazette : Quelles sont vos nouvelles missions de président au sein du Medef Lille Métropole ?
Yann Orpin : Contrairement à la CCI Grand Lille, nous sommes sur le territoire de la MEL et plutôt basé sur le côté économique et l’accompagnement des entreprises. Nous avons fait évaluer notre conseil d’administration, composé de 34 personnes, avec 30% des effectifs au féminin. Nous visons la parité parfaite d’ici la fin de la mandature. Nous avons 1 200 mandataires portant plus de 1 600 mandats pour représenter l’entreprise dans toutes ses instances. Parmi nos 2 000 adhérents, 90% comptent moins de 50 collaborateurs. Donc l’image que l’on a d’un Medef de grandes entreprises ne s’applique pas sur le territoire. Nous avons également 16 juristes qui peuvent répondre aux questions des entreprises au niveau du droit au travail.
Le thème de la dernière Université des entrepreneurs, l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies, avait pour but d’informer les dirigeants d’entreprise. Comment souhaitez-vous poursuivre cette action ?
Nous souhaitons faire prendre la mesure aux entrepreneurs de ce qui arrive. L’IA est un exemple. Notre premier objectif est de créer un lien entre l’économie traditionnelle et l’économie de demain. Avec une nouvelle génération porteuse de deux transformations : digitale et de sens. Aujourd’hui, on doit faire face à de jeunes entrepreneurs qui veulent absolument avoir un impact positif sur l’environnement, le sociétal, sans avoir forcément trouvé un modèle économique, mais qui utilisent des outils technologiques avec facilité. Nous souhaitons que ces jeunes soient accompagnés par des entreprises plus traditionnelles pour trouver leur modèle économique et, à l’inverse, dans une logique de «reverse mentoring», qu’ils puissent accompagner des sociétés dans leur transformation digitale. Nous sommes déjà en discussion avec EuraTechnologies pour essayer de trouver un lien entre nos adhérents et de jeunes entreprises. L’idée est d’organiser un premier événement début 2020.
En parlant de transformation de l’entreprise, nous voulons nous-mêmes être exemplaires, notamment dans notre communication. Nous travaillons sur une forme de podcast. On ne va pas inventer les thèmes, mais les travailler avec les jeunes entrepreneurs pour répondre à leurs demandes. Nous travaillons aussi avec Réseau 2030, l’idée est de chercher les entrepreneurs de moins de 30 ans. Notre vice-présidente, Claire Jolimont (dirigeante de Pingflow, ndlr) a 29 ans et va piloter ce projet digital.
Quels sont les sujets que vous
souhaiteriez aborder au conseil exécutif du Medef ?
Avec la réforme, ce sont les présidents régionaux qui siègent au conseil exécutif et non plus forcément tous les Medef territoriaux. Donc, il va falloir décider quels Medef territoriaux y siégeront et bien sûr nous sommes candidats. Les décisions seront prises à la fin de l’année. Nous souhaitons porter un certain nombre de sujets. Aujourd’hui, les jeunes veulent travailler en écosystème ; ce qu’ils souhaitent, ce n’est plus d’avoir un statut de salarié. Je pense qu’il faut faire évoluer les relations de travail appliquées par ces jeunes entreprises. Comment pousser des réformes dans ce sens-là ? Est-ce qu’il faut créer un nouveau contrat ? Les transformer ? Nous ferons des propositions sur ce sujet-là, pour que nous ayons un système adapté aux besoins de ces jeunes entrepreneurs. On voit aujourd’hui que le régime de l’auto-entrepreneuriat est important. C’est le moyen d’avoir une souplesse de la relation travail. L’idée est de faire peut-être évoluer ce régime, garder la liberté sans porter concurrence à l’ensemble des entreprises. Nous allons porter une réflexion pour aboutir à une solution adaptée en 2020.
Les difficultés de recrutement sont un sujet majeur pour les entreprises de la MEL. Que pouvez-vous leur répondre ?
Certaines personnes aujourd’hui doivent faire le choix entre le travail et une situation qui leur permet de vivre avec des aides sociales. Je ne leur jette pas la pierre dans la mesure où ils bénéficient d’un certain nombre de choses qu’ils perdent s’ils travaillent. Cela ne relève pas de notre responsabilité mais de celle de l’Etat de trouver des solutions pour qu’il y ait un vrai écart entre le travail et le fait de ne pas travailler. Ensuite il faut se concentrer sur les compétences. Est-ce que les diplômes sont toujours adaptés aux attentes des entreprises ? La réforme de la formation peut être une réponse à cette question en permettant d’adapter vraiment le besoin à la demande. Sachant que l’entreprise est prête à former les personnes.
On a un manque de main-d’œuvre criant aujourd’hui dans tous les secteurs d’activité. Il faut régler deux sujets : que les gens fassent le choix du travail et non de l’assistanat, et que l’outil de formation soit adapté pour que les gens sortent avec une compétence employable. Nous avons créé une commission “inclusion”, présidée par Sylvie Cheynel, dirigeante du groupe AlterEos, qui a pour but de rassembler toutes les personnes qui travaillent sur le sujet. Les gens veulent travailler, mais il y a des problèmes de mobilité, d’accessibilité etc. Nous allons travailler avec Réseau Alliances. L’idée est d’aller vers plus de transversalité pour mutualiser les compétences. Pour l’instant, la commission s’adresse d’abord à Lille Métropole mais pourrait s’élargir.
Quelles nouvelles pistes de travail
souhaitez-vous aborder pour ce début de mandat ?
Nous allons créer des commissions au sein du conseil d’administration, dont la commission “inclusion”. Nous avons lancé la commission “digital”, coprésidée par Claire Jolimont et Antoine Leduc, président de Places tertiaires, avec pour objectif d’étudier les nouveaux métiers et leur transformation. Il est important que le Medef puisse mettre à plat le sujet. Elle sera en lien avec la Cité de l’IA (lancée le 17 septembre 2019, ndlr). Nous allons y intégrer le mentoring entre entreprises traditionnelles et jeunes pousses.
Par ailleurs, nous allons travailler sur l’attractivité du territoire, avec une commission “aménagement du territoire”. Il faut retrouver une dynamique de développement économique de la MEL en cherchant des solutions de mobilité multiples et immédiates. Si on n’arrive pas à en trouver, on ne sera plus attractif pour les entreprises. Le tourisme d’affaires est un des éléments d’attractivité. Nous sommes 9e ou 10e sur tous les classements de tourisme alors que notre ville mérite d’être 5e. Cette commission “tourisme” sera présidée par Aurélie Vermesse, directrice du Clarance Hotel et élue à la CCI.