Jean-Louis Mouton, président de la CMA de région Grand Est
«Il faut offrir le même service à chaque artisan dans tout le Grand Est»
Depuis le 1er janvier les Chambres de métiers et de l’artisanat départementales du Grand Est ont fusionné pour devenir la Chambre de métiers et de l’artisanat de région Grand Est. Une nouvelle donne, loin d’être acceptée par certains présidents des sept départements de droit commun face à «l’indépendance» de leurs confrères de droit local notamment. C’est dans cette ambiance tendue, que cette nouvelle structure va devoir se mettre en place. Objectif affiché : «offrir le même service à chaque artisan sur l’ensemble du territoire du Grand Est», comme l’assure Jean-Louis Mouton, son président.
Les Tablettes Lorraines : La fusion des chambres départementales au sein de la Chambre de métiers et de l’artisanat de région Grand Est a entraîné plusieurs montées au créneau de présidents départementaux, comment avez-vous appréhendé la chose ?
Jean-Louis Mouton : Cette fusion est prévue depuis longtemps. Elle est dictée par la loi Pacte et c’est l’aboutissement des différentes réformes consulaires engagées depuis plusieurs années. Cette étape a été préparée et coconstruite depuis plus de deux ans au sein de nombreuses commissions. Les différentes montées au créneau sont une affaire de personnes, j’espère que nous allons retrouver rapidement une sérénité car vu le climat actuel, nous devrions mettre notre énergie au profit de nos artisans. Il faut aujourd’hui construire réellement cette nouvelle structure.
Certains présidents départementaux craignent de ne plus avoir de moyens pour continuer à fonctionner et voir une coupe dans leurs effectifs, une inquiétude légitime à vos yeux ?
Cette régionalisation ne va entraîner aucune coupe dans les effectifs ! Pour 95 % des agents (283 au total ; NDLR), il y a transfert au poste près,donc au salaire près. Les CMA dans les départements ne vont pas physiquement disparaître. Seule l’entité juridique ne sera plus. Mais nos collaborateurs, nos actions, nos services, nos manifestations seront toujours présents, plus que jamais orientés vers les territoires en proximité de nos artisans et de la réalité quotidienne. Il est impensable d’envisager les choses autrement.
Les CMA de droit local (Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle), à la différence des autres départements, conservent leur autonomie juridique et leur budget propre, comment peuvent-elles réellement s’intégrer dans la CMA de région Grand Est ?
Elles sont associées et continuent de fonctionner en indépendance ! Le droit local ne peut et ne doit pas être stigmatisé. Les CMA de droit local ont toujours répondu présente pour soutenir le réseau des chambres de métiers, partager leur savoir-faire, mettre à disposition de tous des outils ou des ressources techniques et humaines. Leur représentativité au sein de la CRMA d’hier puis aujourd’hui de la CMA de région Grand Est demeure la même que n’importe quel autre département : dix élus par territoire. Peu importe le nombre d’entreprises, nous sommes sur un pied d’égalité. L’Alsace et la Moselle vont nous permettre de faire des choses que l’on ne pourrait faire qu’avec les sept départements de droit commun. L’Alsace et la Moselle sont une force.
Vu qu’elles ne sont pas intégrées, comment vont-elles s’impliquer dans la CMA de région Grand Est ?
Elles vont participer au financement du budget de la CMA en région Grand Est (environ 23 M€). Leur contribution financière sera de différentes natures : les entreprises artisanales de ces départements payent une taxe régionale, les chambres de droit local contribuent directement au financement des projets régionaux portés par la CMA de région Grand Est. Elles apportent des moyens humains et techniques, qu’elles mettent à disposition de la CMA de région Grand Est.
Quels sont aujourd’hui les axes principaux portés par cette nouvelle structure régionale ?
2021 s’annonce encore difficile pour le monde de l’artisanat. Il nous faut unir aujourd’hui nos forces dans notre réseau des CMA. Il nous faut nous assurer d’une proximité géographique, qu’il y ait toujours une CMA ou l’une de ses permanences à moins de trente minutes de chaque entreprise artisanale. Notre accueil doit être élargi de façon digitale et téléphonique offrant aux artisans encore plus de réactivité. Notre offre de services doit être identique et enrichie aussi bien au niveau de la formation ou de l’accompagnement. Nos missions doivent se recentrer sur l’essentiel sur le concret : être encore plus sur le terrain pour accompagner et soutenir nos artisans dans leurs projets, dans leur développement, les soutenir dans les coups durs et les porter dans leur réussite.