"Il est important de donner du sens au travail"

Suite à son premier ouvrage Ecolonomies, Entreprendre et produire autrement en 2012, le chef d'entreprise nordiste Emmanuel Druon a écrit Le Syndrome du poisson-lune (Actes Sud, janvier 2015). Un titre énigmatique pour présenter l'esprit qui anime Pocheco, source d'optimisme et de créativité. Une véritable boîte à idées pour les entreprises.

Emmanuel Druon devant le site de production Pocheco en 2014.
Emmanuel Druon devant le site de production Pocheco en 2014.

Pocheco

La Gazette. Pourquoi ce deuxième livre sur votre entreprise?

Emmanuel Druon. J’ai fait une tournée au Canada pour présenter Ecolonomies. A chaque conférence, l’objectif était de montrer que produire de manière écologique pouvait être économique. Là-bas, j’ai eu l’idée d’un deuxième ouvrage qui explique davantage nos modes de fonctionnement en interne au niveau des relations humaines, qui sont pour beaucoup dans la réussite de l’entreprise.

En quoi ce livre est-il un “manifeste anti-management” ?

Je me positionne par rapport au management que l’on trouve dans les grands groupes, les cabinets d’audits internationaux. Les hommes y sont exploités par une élite autoproclamée, qui ne génère que de la souffrance au travail. Notre société souffre de ces situations, que ce soit dans le privé ou dans le public. Pour écrire ce livre, je me suis appuyé sur mes 20 ans d’expérience comme PDG de Pocheco. Je ne suis pas un chercheur, mais je raconte le monde tel que je le vis. Ce livre est un récit, un essai, une tentative d’alternative.

Les méthodes de gestion présentées dans le livre peuvent-elles intéresser les entreprises de toute taille ?

Geste par geste, jour après jour, nous avons transformé notre usine de fabrication d’enveloppes pour la rendre “écolonomique”. Et nous avons privilégié le travail en petites équipes, tenté de fédérer les talents. Regardez le groupe Virgin : même chez eux, il n’y a pas d’équipe qui dépasse 200 personnes, et ça marche ! Je suis persuadé que nos méthodes peuvent susciter la curiosité des entreprises, quelle que soit la taille. Les grands ensembles ne sont pas favorables aux bonnes relations entre les hommes. C’est vrai dans les villes, c’est vrai aussi dans les entreprises. Ce qui fait qu’une entité humaine fonctionne, c’est que nous sommes dans une coopération et que nous avons confiance les uns dans les autres. Nous souhaitons à travers ce livre montrer qu’il est important de donner du sens au travail.

Demain, comment améliorer encore Pocheco ?

Tous les matins, je sais qu’il faut continuer à construire les relations humaines. Je fais en sorte que les gens aient plus confiance en eux, dans leurs collègues, et acquièrent plus d’autonomie.

Comment a été accueilli votre livre ?

Emmanuel Druon devant le site de production Pocheco en 2014.

Emmanuel Druon devant le site de production Pocheco en 2014.

Lors des trois premières semaines de ventes, 13 000 ouvrages ont été écoulés et nous en sommes au troisième tirage. Ce livre fait vraisemblablement écho à ce que vivent les salariés et dirigeants d’entreprise. Je sais que certains adjoints l’offrent à leurs patrons !

Avez-vous déjà de nouveaux projets d’écriture ?

J’essaye d’écrire tous les jours. Je suis littéraire de formation, c’est un besoin vital. Acte Sud a décidé de publier une deuxième édition de mon premier ouvrage Ecolonomies en septembre 2015, que je vais enrichir avec de nouveaux témoignages. Et dans deux ans, j’espère sortir un livre de prospective sur l’évolution de notre système économique d’ici 20 ans.

Pocheco

PME spécialisée dans la production d’enveloppes auprès de banques, compagnies d’assurances, de téléphonie, etc.
Très avancée en matière d’économie circulaire.
114 salariés, 22 millions d’euros de chiffre d’affaires attendus à juin 2015 (+ 4,7 %).
Située à Forest-sur-Marque, en périphérie de Lille.