Houplines : des kombuchas élaborés comme des grands crûs

Pour Matthieu Nicolaÿ et Aurélien Flahaut, le kombucha ne se déguste pas à la légère. C'est toute l'ambition qu'ils se sont donnés en lançant la Fermenterÿ, une brasserie à Houplines qui a fait de cette boisson «vivante» et sans alcool sa spécialité.

Aurélien Flahault et Matthieu Nicolaÿ, co-fondateurs de La Fermenterÿ. © Clichés de Saveurs-Ines Millet
Aurélien Flahault et Matthieu Nicolaÿ, co-fondateurs de La Fermenterÿ. © Clichés de Saveurs-Ines Millet

À l'heure où l'on parle beaucoup du microbiote et des bienfaits des boissons fermentées, Matthieu Nicolaÿ et Aurélien Flahaut en ont fait leur domaine d'activité. Les deux fondateurs – le premier, un ancien juriste et le second, chef de vin/sommelier –, étaient collègues dans une cave à vins. Les deux épicuriens se sont rapidement trouvés un point d'entente autour du kombucha, cette boisson non alcoolisée qui arrive en France depuis quelques années.

Le kombucha – qui signifie «algue à thé» ou «champignon de longue vie» – consommée depuis près de 2 000 ans, serait originaire de Mongolie. Arrivée au début du XXème siècle en Russie et dans d'autres pays de l'Est, elle est ancrée dans les habitudes de consommation aux Etats-Unis et au Canada et plus récemment en France. Cette boisson, qualifiée de «vivante», est fermentée, composée de levures et de bactéries acétiques. Si ses vertus n'ont pour l'instant fait l'objet d'aucune étude scientifique, son enrichissement en probiotiques a été démontré : le kombucha stimulerait la flore intestinale contre les mauvaises bactéries et aiderait à purifier l'organisme en éliminant les toxines.

Elargir l'offre de boissons sans alcool

«Le principe du kombucha est plutôt simple : on fait infuser du thé dans de l'eau, qui est ensuite purifiée avec un léger ajout de sucre et on y incorpore un organisme vivant comme la levure, pour enrichir la boisson en probiotiques et acides aminés. On obtient le kombucha au bout de quatre à cinq semaines de fermentation. La boisson est non pasteurisée, pour en garder tous les bienfaits» explique Aurélien Flahaut. Avec son associé, ils ont lancé La Fermenterÿ juste avant le Covid, pour une production aujourd'hui de l'ordre de 4 000 litres (soit 10 000 bouteilles par mois).

Des thés sélectionnés avec attention

Les deux fondateurs s'approvisionnent en thés haut de gamme, bios et récoltés à la main, en provenance de Chine, du Japon, de l'Inde et de l'Afrique du Sud. À l'image du raisin pour le vin, ils en étudient les saveurs pour en récolter les meilleurs arômes. La Fermenterÿ propose aujourd'hui des bouteilles de 33 et 75 cl, distribués dans des réseaux spécialisés (Biocoop, Natureo...) ainsi que dans des restaurants bistronomiques et gastronomiques. Au total, 70 points de vente en Hauts-de-France et quelques-uns en région parisienne. Les bouteilles vides sont collectées par le réseau régional Haut La Consigne, qui les lave pour une nouvelle utilisation.

Les quatre recettes sont récemment complétées de cuvées éphémères. Crédit photo Clichés de Saveurs-Ines Millet

Au total, quatre recettes – thé noir, thé blanc, thé vert et roiboos – et des cuvées éphémères, toujours avec une légère effervescence, commercialisées sous le nom de Beycha qui signifie Bey from Cha, «le thé du Nord». La toute dernière en date a été élaborée en fine concertation avec les cafés Muda, à Lille, un torréfacteur de café de spécialité, suivie par une nouvelle cuvée à base de cacao.

«Ce sont plusieurs mois de tests et d'essais car il faut rester sur l'élégance des thés et des plantes. On veut laisser s'exprimer le côté floral du thé. Mais il faut surtout de l'explication sur la façon de déguster Beycha : nous rencontrons les sommeliers, les cavistes, pour leur transmettre le savoir de la consommation. Et oui, on peut tout à fait se faire plaisir avec une boisson sans alcool !».

Les Hauts-de-France ne comptent pour l'instant que quatre producteurs sur une petite quarantaine d'acteurs nationaux. Et sur un marché des boissons sans alcool encore largement orchestré par les industriels, le kombucha de La Fermenterÿ, devrait satisfaire le palais des épicuriens.