HOP dit Halte à l'obsolescence programmée
Pour l’association HOP, Halte à l’obsolescence programmée, la lutte contre cette pratique constitue un sujet pour toutes les entreprises, PME comprises. Au-delà de l’enjeu écologique, les attentes des consommateurs le rendent incontournable. Rencontre avec Samuel Sauvage, président de l’association HOP, Halte à l’obsolescence programmée.
En quoi consiste votre combat contre l’obsolescence programmée ?
De nombreux produits sont conçus pour ne pas durer. C’est sur ce constat qu’en 2015, nous avons créé l’association HOP, Halte à l’obsolescence programmée. Face aux problèmes posés par les déchets et la raréfaction des matières premières, la pratique qui consiste à réduire la durée de vie des produits pour augmenter leur taux de renouvellement par les consommateurs ne peut plus être acceptée. Par exemple, en 2018, nous avons été à l’origine d’une plainte contre Apple. Il a été reconnu que sur son Iphone S6, une mise à jour ralentissait de 50% le fonctionnement de l’appareil, ce qui a conduit des millions d’utilisateurs à l’abandonner pour en acheter un nouveau. L’entreprise a été sanctionnée à hauteur de 25 millions d’euros par l’État français… Pour nous, un pouvoir citoyen est nécessaire afin de dénoncer ces pratiques, sensibiliser les citoyens sur leur consommation, solliciter l’État à propos de la nécessité de réguler, et montrer aux entreprises qu’il existe d’autres modèles économiques.
En quoi les petites entreprises sont-elles parties prenantes ?
Les responsabilités sont partagées : il faut sensibiliser les consommateurs pour qu’ils achètent durable. Mais nous pensons que la lutte contre l’obsolescence programmée va également passer par les entreprises, y compris les petites. Bien sûr, la problématique ne se pose pas de la même manière, selon leur activité. Mais dans un secteur comme le commerce, la question se pose : les commerçants vont-ils vendre des produits plus durables ? On sent une attente forte des citoyens sur ce sujet. Les entreprises de proximité peuvent trouver une plus-value en apportant du conseil sur des produits plus durables, qui leur permettront de fidéliser des clients. Ils achèteront moins souvent, mais plus cher. Même des entreprises comme les boulangeries peuvent s’intéresser à leur impact environnemental. Ou celles qui fournissent un téléphone portable à leurs commerciaux : elles peuvent choisir un modèle qui dure plus longtemps. L’association a développé un site https://www.produitsdurables.fr/ qui apporte des informations sur la durabilité des produits.
La durabilité des objets est-elle économiquement viable et porteuse ?
En novembre 2018, nous avons fondé un club pour les entreprises, qui donne accès à des experts. Une vingtaine ont déjà adhéré, dont de très grandes comme Michelin ou FNAC Darty,et des start-up du secteur. Par exemple, https://www.magarantie5ans.fr commercialise de l’électro-ménager garanti cinq ans. Et https://www.adopteunbureau.fr/ propose de la location longue durée de mobilier de bureau. On sent une dynamique : aiguillonnées par les attentes des consommateurs, les entreprises ont tendance à se positionner sur ce sujet, même si des modèles économiques restent à trouver.
Par ailleurs, il est un peu tôt pour se prononcer sur les effets de la pandémie. On s’est rendu compte que l’on n’avait pas besoin de consommer autant. Mais tout ne va pas dans ce sens, comme le montre la vente de voitures individuelles, qui est repartie, car on veut se sentir en sécurité, ou l’usage des produits jetables, pour des raisons sanitaires. A long terme, toutefois, cette évolution va probablement favoriser le combat. Nous sommes une petite association, mais chaque semaine, de nouvelles entreprises nous sollicitent pour rentrer dans notre club.
Anne DAUBREE