Hommage national aux deux agents pénitentiaires "emportés par la folie meurtrière"

Un hommage national, en présence notamment du Premier ministre Gabriel Attal, a été rendu mercredi à Caen aux deux surveillants pénitentiaires tués le 14 mai à Incarville (Eure) dans l'attaque de leur fourgon...

Hommage national à Caen le 22 mai 2024, en présence du Premier ministre Gabriel Attal, aux deux surveillants pénitentiaires tués le 14 mai à Incarville (Eure) © Teresa Suarez
Hommage national à Caen le 22 mai 2024, en présence du Premier ministre Gabriel Attal, aux deux surveillants pénitentiaires tués le 14 mai à Incarville (Eure) © Teresa Suarez

Un hommage national, en présence notamment du Premier ministre Gabriel Attal, a été rendu mercredi à Caen aux deux surveillants pénitentiaires tués le 14 mai à Incarville (Eure) dans l'attaque de leur fourgon par un commando lourdement armé, toujours recherché.

"Trois minutes, c'est le temps qu'aura duré cette attaque, trois minutes et pourtant une éternité", a rappelé Gabriel Attal, face aux deux cercueils de Fabrice Moello, 52 ans, et Arnaud Garcia, 34 ans, recouverts chacun d'un drapeau bleu-blanc-rouge, et précédés de leurs portraits. 

"Arnaud Garcia et Fabrice Moello ne se relèvent pas. Ils ne se relèvent pas, emportés par la folie meurtrière", a-t-il dit.

"Leur mort ne restera pas impunie, l'enquête avance, elle se poursuivra aussi longtemps qu'il le faudra mais elle aboutira", a affirmé le Premier ministre, qui s'est auparavant entretenu avec les familles des victimes.

M. Attal a annoncé que le capitaine pénitentiaire Fabrice Moello, 29 ans de service, et le surveillant brigadier Arnaud Garcia, 15 ans d'ancienneté, seront respectivement promus directeur et capitaine. Il a déposé les insignes de chevalier de la Légion d'honneur sur les cercueils.

Cette distinction a été prise par décret du président de la République le 21 mai et publié mardi matin au Journal officiel.

Réunissant quelque 300 personnes dont Brigitte Macron, des élus ou encore la Défenseure des droits Claire Hédon, la cérémonie s'est tenue dans la cour de l'ancienne maison d'arrêt de Caen, où avaient travaillé les deux victimes et désaffectée depuis décembre.

Les cercueils des deux agents ont ensuite quitté la cour, suivis par les deux fils de Fabrice Moello, les deux veuves se tenant la main ainsi que leurs proches. 

La Nation s'incline

Initialement annoncé, Emmanuel Macron a finalement annulé sa venue à Caen pour se rendre en Nouvelle-Calédonie, après une semaine d'émeutes dans l'archipel.

Mardi soir, il avait accueilli à l'Elysée les familles des agents pénitentiaires tués.

"Aujourd'hui, la Nation s'incline avec respect et honore leur mémoire, accompagnant leur famille et leurs camarades de sa reconnaissance et de ses pensées émues", a écrit sur X peu avant la cérémonie M. Macron, estimant que les deux hommes "allaient au-devant de leur mission, malgré les risques, parce qu'ils avaient décidé de servir la Justice".

Les deux agents ont été tués le 14 mai dans un guet-apens tendu à un fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville, qui a blessé gravement trois autres agents et permis l'évasion d'un détenu multirécidiviste, Mohamed Amra. 

Ce dernier, pour lequel Interpol a diffusé une "notice rouge" de recherche internationale, ainsi que le commando lourdement armé qui a procédé à cette attaque, sont toujours en fuite.

"Ne dormez pas tranquilles, nous vous trouverons et nous vous punirons", a menacé M. Attal, saluant "l'engagement exceptionnel et le dévouement remarquable" de tous les agents de l'administration pénitentiaire dont une bonne trentaine se tenait au garde-à-vous dans la cour.

L'attaque mortelle, la première depuis 1992 selon la Chancellerie, a entraîné un blocage des prisons pendant plusieurs jours.

Le mouvement des personnels pénitentiaires a été levé après la conclusion d'un accord avec le ministère portant notamment sur la sécurisation des missions de transferts, avec la banalisation d'une grande partie des véhicules pénitentiaires --demandée de longue date par les syndicats--, l'amélioration de l'armement et du matériel de protection, notamment la généralisation du port du pistolet à la cuisse, et le renforcement des escortes.

Dans l'après-midi, quelque 400 personnes se sont recueillies au cours d'une cérémonie civile dans une salle municipale de Thury-Harcourt Le Hom, selon Philippe Lagalle, maire de cette commune située à une trentaine de kilomètres au sud de Caen, où vivaient Fabrice Moello et sa famille. 

Puis, vers 18H30, près de 200 personnes ont observé une minute de silence devant la mairie.

"Cette histoire concerne tout le monde", s'est émue Sylvie, venue avec sa collègue Carole pour "manifester notre compassion à la famille".

La dépouille de M. Moello partira jeudi pour sa Bretagne natale où les obsèques sont prévues à Lorient (Morbihan). Celles de son collègue Arnaud Garcia auront lieu samedi matin à Blangy-le-Château.

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