Santé
Hekatech : un engagement sociétal
Portant le dispositif Géocœur, solution visant à sauver des vies, l’entreprise Hekatech poursuit le développement de ce boîtier déclenchant une alerte quand un arrêt cardiaque est signalé à proximité d’un défibrillateur. Hekatech poursuit son développement vers les collectivités et entreprises.

Pour bien appréhender l’engagement de Frédéric Leybold, président de la SAS Hekatech, basée à Hettange-Grande, sans doute faut-il rappeler quelques éléments de son parcours. Lui se dit «passionné depuis toujours par le monde du secourisme.» Frédéric Leybold a d’abord été secouriste à la protection civile de Moselle, puis étudiant infirmier et infirmier depuis 2009. Après avoir travaillé aux urgences puis dans des services classiques, il intègre le service de réanimation en 2012. Parallèlement, il sera durant une décennie infirmier sapeur-pompier en Moselle. Depuis 2021, il est officier santé en plateforme d’appel d’urgence (112) au Luxembourg à 50 % de son temps de travail et à 50 % en réanimation. «J’avais envie de monter des projets et d’améliorer la survie lors d’arrêts cardiaques. J’ai créé en 2016 l’Association française des Premiers Répondants (laquelle fusionne en ce début d’année avec l’association Staying Alive) avec un collectif d’infirmiers et de pompiers afin de localiser des secouristes dans les premières minutes lors d’arrêt cardiaque grâce à une application smartphone. Je trouvais que cela n’était pas suffisant et j’ai voulu développer un système pour alerter les personnes à proximité immédiates des défibrillateurs afin qu’il l’apporte sur les lieux de l’arrêt cardiaque. Géocœur était né. En France, 500 000 défibrillateurs sont installés dans les lieux publics. La plupart ne sont pas utilisés car 80 % des arrêts cardiaques surviennent à domicile», explique-t-il. 50 000 personnes par an dans notre pays sont touchées par les arrêts cardiaques. Le taux de survie ne dépasse pas les 7 %. Les défibrillateurs automatisés externes n’ont que 1 % de chance d’être utilisés. Il poursuit : «À la caserne des pompiers de Thionville, nous étions quelques-uns à croire en ce projet en partant de rien. Il aura fallu deux ans pour trouver des fonds, des développeurs, devenir opérationnels. Notre dossier a reçu l’aval du Régime local d’assurance maladie d’Alsace Moselle. Cela a permis de financer nos premiers prototypes.» Concrètement, Géocœur est un système additionnel d’aide aux victimes qui vient compléter l’organisation des secours par les numéros d’appel d’urgence (15 - SAM ; 18 - Pompiers ; 112 - Urgences).
Un déploiement en forme de défi
À réception d’un appel pour arrêt cardiaque, le 112 transfère l’adresse où se trouve la victime à la plateforme Géocœur qui renvoie l’information sur les panneaux Géocœur situés à proximité. Le panneau émet un signal lumineux et un message sonore très fort «arrêt cardiaque à proximité - on a besoin du défibrillateur - flasher le QR-Code pour connaître l’adresse». Il suffit de flasher le QR-Code avec son téléphone portable et se rendre à l’adresse indiquée avec le défibrillateur pour porter secours à la victime en attendant l’arrivée des pompiers ou du SMUR. Il n’y a aucun besoin d’être formé aux gestes de premiers secours pour utiliser un défibrillateur. Géocœur a reçu le Grand Prix du Président de la République, la plus haute distinction du concours Lépine 2022. Pour structurer le process, lui permettre d’être commercialisé et industrialisé, a été créée la SAS Hekatech (4 associés et 3 salariés). 300 boîtiers connectés sont actuellement installés principalement dans les lieux publics, dont les deux tiers en Moselle. Frédéric Leybold remarque : «Déployer Géocœur est un défi auquel je ne m’attendais pas, en tout cas pas à ce point, car on parle tout de même de santé. Quand on travaille avec une collectivité, les temps de décision sont très longs, plus de huit mois en moyenne, entre la volonté de l’élu, la faisabilité budgétaire et l’installation technique.» Hekatech veut aussi sensibiliser et convaincre les entreprises, grands groupes et ETI en tête. «Nous souhaitons mettre en avant leur engagement RSE. Si la présence d’un défibrillateur sur les lieux de travail n’est pas obligatoire, en cas d’arrêt cardiaque, la responsabilité de l’employeur peut être engagée.» Selon la Fédération française de cardiologie, sept fois sur dix, les témoins sont présents en entreprise quand une personne est victime d’un arrêt cardio-respiratoire, mais seulement 40 % d’entre elles appliquent les gestes de premiers secours. Frédéric Leybold affirme : «L’utilisation d’un défibrillateur d’une entreprise pour sauver une vie à 200 mètres est un acte d’engagement sociétal.» D’ici fin 2025, Hekatech projette 500 boîtiers Géocœur déployés. Elle continue sa mission à sens. Plus que jamais.
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300 boîtiers sont actuellement déployés. © Hekatech.