Hauts débits en France : un bilan en amélioration
La réalité des hauts débits en France - fibre optique et mobile 4G/5G - fait toujours débat. Surtout lorsqu’il s’agit d’évaluer la qualité des réseaux hors des grandes villes. Les chiffres s’améliorent, la France tend à remonter dans les classements. Mais de fortes disparités subsistent.
Les investissements par les opérateurs ont atteint 15,5 milliards d’euros (dont 664 M€ pour l’achat des fréquences), consentis essentiellement dans les boucles locales fixes et mobiles à très haut débit (8,5 milliards). Mais le pays rattrape-t-il son retard et améliore-t-il la qualité de service ?
Fibre
optique :
de meilleurs chiffres
S’agissant des hauts débits ‘fixes’, c’est la fibre optique - la FTTH, à domicile - qui concentre l’essentiel des investissements des quatre opérateurs (Bouygues Telecom, Free, Orange, SFR). Selon le rapport 2022 «Territoires connectés» de l’autorité de régulation Arcep, la France a enregistré une forte accélération en 2021 : 3 millions de locaux supplémentaires ont été rendus raccordables à la fibre dans les réseaux d’initiative publique (RIP).
A mai 2022, le nombre d’accès Internet en France était de 31,5 millions, dont 58 % en très haut débit. Et 14,5 millions de connexions utilisent la fibre optique FTTH de bout en bout (+ 4,1 millions par rapport à 2020). Les abonnements Internet via la fibre dépassent désormais ceux à l’ADSL/SDSL qui diminuent en raison de la fermeture de la téléphonie RTC sur réseau cuivre d’ici à 2030.
La
France devrait continuer d’améliorer son classement parmi les 27
membres de l’UE : elle a gagné six places depuis
2015,
se hissant à la 11ème place (source Idate / FTTH Council Europe,
09/ 2021), loin derrière l’Espagne, mais devant les Pays-Bas,
l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne. D’ici à 2026, le taux
d’accès des foyers français devrait progresser de 67,3% à 86%.
Problèmes
de répartition et de qualité
Mais
de nombreux départements restent à la traîne dans la couverture
FTTH (inférieure à 75%) : Meurthe-et-Moselle, Nord,
Bouches-du-Rhône, Bas-Rhin, Seine-Maritime… - et dans une moindre
échelle, Seine-et-Marne et Loire.
Autre bémol : les signalements d’incidents ne diminuent pas. L’Autorité, qui tient un «Observatoire de la satisfaction client» et le service «Ma connexion Internet» (débits disponibles sur les territoires), a publié un plan d’actions pour renforcer le contrôle des interventions et les réparations des points de mutualisation, trop souvent endommagés par des sous-traitants sous pression. Les changements d’opérateur posent aussi beaucoup de soucis.
La
5G, pas au détriment de la 4G…
2021
aura également été l’année de la montée en puissance des hauts
débits mobiles, notamment avec l’ouverture de la 5G dans les
grandes villes en France. Le «new deal», signé
par le gouvernement avec les opérateurs en 2018 a porté des fruits,
en particulier pour généraliser la 4G sur la quasi-totalité des
sites mobiles existants à fin 2020.
L’Arcep
avait prévenu : les fréquences de la 5G doivent permettre
d’améliorer la couverture mobile 4G. A ce jour, plus de 80% des
téléphones mobiles en service (soit 66 millions) auraient accès à
la 4G, avec une consommation moyenne de 12 Go par mois. La 5 G ne
compte que 4% des mobiles en service, soit 3 millions d’utilisateurs
potentiels.
Une
couverture optimale en 4G permettra de se concentrer pleinement sur
le déploiement de la 5G. Un observatoire 5G de l’Arcep permet
de suivre ces déploiements dans les régions. Pour beaucoup de
spécialistes, la 5G actuelle n'est qu'une 4G améliorée et sans
réel impact sur le débit moyen.
Les
entreprises sont également en attente de la bande 26
GHz pour un déploiement sur
sites privés et d’une concurrence plus ouverte face à Orange
Business Services (70% du marché professionnel). Free a lancé une
offre ‘pro’ en mars 2021 (fibre et mobile). Et l’Arcep a ouvert
en mai une nouvelle consultation publique pour de nouvelles
fréquences orientés services ‘pro’.
A fin 2021, en termes de disponibilité de la 5G, la France occupait le 12ème rang en Europe (devant l’Italie, Allemagne, Suède, source Ookla). Selon un rapport de la Cour des Comptes Européenne de mars 2022, la France figure parmi les 11 Etats membres susceptibles d’offrir une couverture 5G ininterrompue des zones urbaines et des grands axes de transports d'ici 2025.