Rencontre avec Agathe Marton, dirigeante de Foie Gras du Parcq
Hauts-de-France : les producteurs de foie gras sont inquiets
Alors que la grippe aviaire frappe de plus belle les éleveurs de canards. L’entreprise Foie Gras du Parcq a su adapter sa production pour aborder les fêtes en toute sérénité. Zoom sur cette entreprise du Montreuillois qui réalise 50% de son chiffre d’affaires entre Noël et le jour de l’An.
Cette année, la grippe aviaire fait rage. Selon le ministère de l’Agriculture, depuis le 1er août dernier, 217 foyers ont été recensés en France. Au total, sur le territoire, ce ne sont pas moins de 21,8 millions de volailles qui ont été abattues sur l’ensemble de l’année 2022, dont 3,5 millions de canards à foie gras. Les pertes s’annoncent colossales pour les éleveurs comme pour les sous-traitants de la filière et notamment les producteurs de foie gras.
«Notre filière a le bec dans l’eau» se désole Agathe Marton, productrice de foie gras avec son mari, à Le Parcq, près de Montreuil-sur-Mer. À deux, ils ont repris l’entreprise familiale en 2014, et depuis, chaque année a son lot de surprises. «Nous nous approvisionnons chez l’unique fournisseur de canetons en France, qui est situé en Loire-Atlantique. Il a violemment été touché par le virus. Malheureusement, il a dû abattre l’ensemble de ses reproducteurs, s’inquiète Agathe Marton avant de poursuivre. Un geste qui signifie moins de canetons et donc pour nous… plus de difficulté à se fournir, moins de production et moins de chiffres.»
Face au virus, les habitudes changent
Alors pour les fêtes, la question se pose. Y aura t-il du foie gras sur les tables ? Du côté du Pas-de-Calais, la réponse est oui. Approvisionnée au mois de janvier, l’entreprise Foie Gras du Parcq a su anticiper. «Dès janvier 2022, notre fournisseur nous annonçait que l’année allait être difficile, car les cas de grippe aviaire se multipliaient. Nous avons donc décidé de faire notre propre reproduction» explique Agathe Marton, productrice de foie gras. Et c’est un succès. L’entreprise a su élever 600 canards à foie gras, c’est un peu moins que les 800 qu’elle commande habituellement chez l’éleveur, mais la satisfaction est là. «Nous sommes satisfaits même si notre production de foies gras est réduite de 25 % par rapport aux années précédentes» confie la productrice.
Ainsi, les dirigeants de Foie Gras du Parcq l’assurent, l’année prochaine, ils fonctionneront de la même façon. «Sans vaccin, nous continuerons la reproduction nous-même», affirme la productrice qui tend vers le 100% local. Et si l’épidémie de grippe aviaire a changé les habitudes de ses producteurs au niveau de la production, elle les a aussi bouleversées quant à l’approvisionnement. Les transports étant également un facteur de propagation du virus, les céréales qui nourrissent les animaux sont désormais achetés à 15 minutes de la ferme, tout comme la paille.
Malgré la demande, l’inquiétude grandit
Par chance, pour cette entreprise qui réalise 50% de son chiffre d’affaires lors des fêtes de fin d’année, en 2022, les clients sont encore au rendez-vous. «Pour trouver du foie gras, les clients parcourent plus de kilomètres que les années précédentes. Ils n’hésitent pas à se ravitailler chez les producteurs locaux» affirme Agathe Marton. Cependant, il reste une ombre au tableau, le nombre de foyers épidémiques ne désemplit pas. «Si nous sommes amenés dans quelques mois à confiner l’ensemble de nos canetons, nous n’aurons pas les bâtiments adéquats. Nous aurons besoin d’une aide et pourquoi pas d’un assouplissement des normes. Explique la productrice avant d’ajouter. Nous, les petits producteurs, nous avons les mêmes contraintes que les grandes industries, il est urgent de doser».