Environnement

Hauts-de-France : les associations anti-éolien unies dans le collectif Etnef

Le 27 mars, 300 associations se sont réunies au sein d'un collectif couvrant les Hauts-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand-Est. Il entend notamment œuvrer à présenter des alternatives à l'éolien, au solaire, et à la méthanisation "artisanale".

Etnef estime qu’il est anormal de concentrer les efforts sur l’éolien et le solaire « qui ne représentent que 14% des enjeux des énergies renouvelables ». ©Aletheia Press/ B.Delabre
Etnef estime qu’il est anormal de concentrer les efforts sur l’éolien et le solaire « qui ne représentent que 14% des enjeux des énergies renouvelables ». ©Aletheia Press/ B.Delabre

Sus à l'éolien... Rassemblant 300 associations des Hauts-de-France, de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand-Est, le collectif Énergies territoriales du Nord-Est de la France (Etnef) est né le 27 mars à Epernay. Avec comme objectif de proposer aux décideurs locaux, « des solutions rapides, faciles à mobiliser et adaptées aux territoires pour faire face aux enjeux énergétiques des prochaines décennies ».

En premier lieu, ce collectif a, en effet, été monté pour pouvoir postuler au cinquième collège ouvert à la société civile des Comités régionaux de l'énergie, créés par décret en janvier dernier suite à la loi Climat et résilience d'août 2021. « On s'est dit que ce serait plus simple de postuler s'il y avait une entité qui regroupe toutes les associations en région », résume Nicolas Bour, coordonnateur d'Etnef.

Cent soixante méthaniseurs XXL

Des associations dont la très grande majorité, est née du mouvement anti-éolien, mais dont Etnef veut rationaliser le discours. « Oui, il faut continuer à se battre contre l'éolien, mais le plus important, c'est de trouver de vraies solutions », explique Nicolas Bour. Et pour le collectif elles ne sont pas dans les énergies dites alternatives comme l'éolien ou le solaire. Il cherche plutôt des solutions ailleurs. « Il y a urgence à décarboner la mobilité et la chaleur », estime le collectif dans sa synthèse de travail. La géothermie ou les pompes à chaleur, mais aussi la valorisation de la biomasse en chaudière ou en méthaniseurs sont pour Etnef les pistes à suivre. Mais sur un modèle industriel.

En effet, on le sait, les opposants à l'éolien se sont d'abord réunis pour dénoncer l'impact sur leur qualité de vie. Ce n'est pas pour accepter aujourd'hui le va-et-vient de camions ou tracteurs alimentant un petit méthaniseur à la ferme. De petites unités « artisanales », qui « mitent les territoires », selon Nicolas Bour, qui enchaîne : « On dit stop à cela. Il faut des méthaniseurs industriels beaucoup plus importants. On estime qu'on peut faire 160 méthaniseurs XXL en France qui feront 4 GW. » Pour limiter l'approvisionnement par la route, Nicolas Bour, par ailleurs directeur des liaisons européennes chez VNF, propose de mettre ces giga-méthaniseurs « à des endroits où ils ne gênent pas, le long des voies ferrées et des voies d'eau. Ils pourront être alimentés de façon massifiée, par rail et voie d'eau, et non par la route. »

Un guide du mix énergétique

Après avoir activement participé à la consultation nationale sur le mix énergétique et au débat sur le nucléaire, ces propositions, Etnef compte évidemment les défendre sur le terrain. « Les énergies renouvelables sont des énergies locales, insiste Nicolas Bour. Ce n'est pas au pouvoir central de les mettre en œuvre. » C'est d'ailleurs tout l'inverse qui est prévu puisque la loi relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables prévoit que les documents d'urbanismes (ScoT ou cartes communales) devront « délimiter les zones d'accélération pour l'implantation d'installations terrestres de production d'énergies renouvelables ». Le collectif prépare donc une grande campagne auprès des communes et intercommunalités, proposant un Guide du mix énergétique pour les élus.

Etnef veut relancer le débat sur l'impact sanitaire de l'éolien

En parallèle de son action de proposition, le collectif Etnef poursuit aussi ses efforts anti-éolien. Il espère ainsi relancer une étude sur l'impact de l'éolien sur la santé, auprès de l'Académie de médecine, qui, elle attend des éléments factuels. Car si Nicolas Bour certifie que « des problèmes se sont multiplié partout dans les élevages », pour l'heure aucune preuve tangible n'a été apportée. En mai 2017, l'Académie de médecine avait d'ailleurs conclu dans un rapport (déjà réalisé après sollicitation des associations anti-éolien) que « l’éolien terrestre ne semble pas induire directement des pathologies organiques ». En revanche, l'Académie avait relevé un stress indirect généré sur « une partie des riverains », par l'impact visuel des éoliennes.