Retour sur la Semaine de l'innovation du transport et de la logistique
Hausse des prix des carburants : vers une solution de mix énergétique
Du 5 au 8 avril, à Villepinte, se déroulait la Semaine de l'innovation du transport et de la logistique (SITL). L’un des sujets phares de cette Semaine était la transition énergétique, d'une actualité brûlante en raison des crises géopolitiques actuelles. Le défi : trouver des solutions efficaces et durables au niveau environnemental, mais aussi économiques pour les entreprises qui évoluent dans un secteur devenu très compétitif.
«Aucun carburant ne sera notre solution ; la solution, c’est le mix énergétique», affirme Blandine Guyon, directrice de la communication pour l'union des entreprises Transport et Logistique de France-TLF. Cela fait déjà plusieurs mois que le secteur souffre des hausses des coûts énergétiques, et ce, bien avant le début de la guerre en Ukraine. Le gazole a atteint des niveaux records, aux alentours de 2 euros le litre. L'annonce du gouvernement d’une baisse de 22 centimes le litre en moyenne à la pompe a été jugée insuffisante par la filière. Dans ce contexte, rien d’étonnant à ce que la transition énergétique ait été au cœur de la Semaine de l'innovation du transport et de la logistique (SITL), qui s'est déroulée du 5 au 8 avril à Villepinte.
«Le challenge est de faire la transition avec des prix qui sont plus chers»
Face à la demande des transporteurs qui veulent disposer d’une énergie à faible coup, la recherche de carburants alternatifs, lancée en 2021 au travers du Pacte vert pour l’Europe, a pris une nouvelle accélération. Un projet lancé alors que l’Union européenne a l’objectif de réduire, d’ici 2030, ses émissions carbone d’au moins 50%.
Comme l’a expliqué Clément Chandon, directeur produits d’Iveco France, lors d’une table ronde au STIL, «le challenge, c’est qu’aujourd’hui il n’existe pas de solution moins chère pour engager notre transition énergétique dans des conditions idéales. Avant, nous trouvions toujours des solutions alternatives à bas coût, mais ce n’est plus le cas. Nous avons donc besoin d’un vrai support financier de la part du gouvernement».
Des énergies alternatives encore difficiles à utiliser
Dans l’immédiat, aucune solution de secours n’a donc été trouvée. Selon Clément Chandon, il est donc inévitable que les prix augmentent en attendant une plus grande indépendance énergétique de la France. Alors les entreprises misent sur le biogaz, qui a de faibles émissions de dioxyde de carbone et qui peut être produit en France. De plus, le prix, fixé par un arrêté gouvernemental, est aujourd’hui en dessous de celui du gaz naturel : entre 90 et 110 € le MWh contre plus de 200 € pour le gaz naturel. Une solution temporaire sur laquelle mise L’UE qui prévoit de doubler sa production de biogaz d’ici 2030, en arrivant à 30 milliards de mètres cubes annuels.
L’électrique s’offre aussi comme énergie alternative, mais pour le secteur il y a encore trop de points noirs. Cette énergie n’est pas adaptée aux longues distances. Le poids de la batterie, trop lourde, réduit les performances du véhicule et son espace de stockage. Enfin, les approvisionnements fréquents seraient mis en difficulté par le manque de stations publiques disponibles. Quant à l’hydrogène, il n’est pas assez industrialisé et l’unique type produit en Europe pour l’instant est l’hydrogène "gris", d'origine fossile.
Vers un mix énergétique et une offre diversifiée
Une nouvelle voie de plus en plus explorée par les transporteurs est l’utilisation des plateformes multimodales, comme l’explique un responsable du groupe Mendy, acteur du transport et de la logistique, basé dans le département des Pyrénées-Atlantiques. En août dernier, le groupe a ouvert deux lignes de train et a aussi commencé à utiliser la voie maritime. Une option qui permet de couvrir de longues distances et de répondre partiellement au manque de chauffeurs routiers. Cependant, le système est jugé encore trop rigide. Beaucoup d’éléments restent à améliorer : les créneaux horaires non flexibles, l’impossibilité d’arrêter les trains au milieu du chemin pour les livraisons et une forte dépendance de la SNCF pour la disponibilité des voies.
«Si on fait ça trop vite, il n’y aura pas du tout de transition écologique», conclut Blandine Guyon. Pour aider les entreprises vers le changement, L’union des entreprises Transport et Logistique de France a créé un site web, Terre-TLF, qui propose des informations synthétiques et simplifiées en matière de transition énergétique. Mais ce que souhaitent réellement tous les acteurs de la filière, c’est une action plus forte de la part du gouvernement. L’objectif serait que l’Etat donne un coup de pouce pour le renouvellement des flottes automobiles, contribue à la baisse du prix des carburants alternatifs et reconnaisse ces énergies alternatives comme aptes à circuler en zones à faibles émissions (ZFE). Jusqu'ici, la seule énergie qui peut obtenir la vignette Crit’Air 1 est le gaz.
Chiara De Martino