Guadeloupe: rentrée "galère" par manque de livres scolaires
"Pour trouver les livres scolaires en Guadeloupe, c’est vraiment la galère!" Anne Saint-Jean, 42 ans, se désespère alors que sa fille aînée a déjà fait sa rentrée en 3e: il...
"Pour trouver les livres scolaires en Guadeloupe, c’est vraiment la galère!" Anne Saint-Jean, 42 ans, se désespère alors que sa fille aînée a déjà fait sa rentrée en 3e: il lui manque toujours deux ouvrages.
Cette aide-ménagère, qui réside à Pointe-à-Pitre, a pourtant appelé "toutes les librairies" de l’archipel, jusqu'"à Basse-Terre et au Moule" (respectivement en Basse-Terre et Grande-Terre). "Ils sont en rupture de stock ou certains me disent +non on ne fait pas ce livre et on ne peut pas le commander+."
Depuis quelques années en effet, plusieurs librairies de ce territoire ultra-marin ont fermé ou tout simplement cessé de proposer la commande de livres scolaires.
Les difficultés pour les familles commencent parfois dès l’entrée en magasin, comme l’a constaté l’AFP dans une grande enseigne fin août, avec une attente d'au moins 40 minutes. "Et même plus d'une heure l’autre jour", selon Mme Saint-Jean.
Stéphane Meslé, directeur du réseau Cultura en Guadeloupe, l’un des principaux points de vente de l’archipel, situé à Baie-Mahault, reconnaît une "fréquentation beaucoup plus importante" de juin à septembre, depuis la fermeture d’une libraire historique en 2023.
"On a des journées à près de 200 commandes tombées dans la nuit" sur internet et "une fréquentation moyenne d’environ 2.000 clients par jour", explique-t-il.
"Si un ouvrage est en rupture nationale, en réimpression, qu’il est en arrêt de commercialisation, on peut se retrouver avec des retards importants. Certains ouvrages commandés en juillet sont encore en phase de réception et d’autres ne le sont pas encore”, poursuit-il.
Pour les parents, la difficulté "n’est pas tant sur l’approvisionnement en manuels scolaires que sur les fichiers et cahiers d’exercices qui sont parfois à la discrétion des enseignants, sans que cela relève du national", note de son côté Sarah Nirelep, directrice de l’Éducation, de la Jeunesse et de la Vie étudiante à la Région Guadeloupe.
La collectivité ne prend pas en charge ces fichiers et subventionne l’achat des livres scolaires des 24 lycées publics et neuf lycées privés sous contrat de l'archipel, depuis 2019, à hauteur, respectivement, de "213.000 euros et un peu plus de 20.000 euros” selon la même source.
Anticipation
"Nous lançons la campagne de prise en charge des livres depuis le mois de mai", afin d'"éviter que les avances de subventions soient encore attendues en octobre, ce qui est déjà arrivé les années précédentes", mais encore faut-il "que les lycées commandent suffisamment tôt!", souligne Mme Nirelep.
Cette anticipation est aussi primordiale pour Stéphane Meslé: "Si on avait cette visibilité en avril ou en mai, il n’y aurait pas toutes ces difficultés".
Mais "très souvent, le lycée attend les nouveaux professeurs" et "les salons organisés par les éditeurs sont au mois d’avril pour présenter les nouveautés", selon la même source. Et certains parents ne reçoivent la liste demandée qu'en septembre, alors que les conteneurs mettent plusieurs semaines à traverser l'Atlantique.
"La gestion de commande des livres en Guadeloupe, c’est un sujet délicat. On a décidé d’arrêter après seulement un an, on a perdu de l’argent", témoigne Luis Castanheira, directeur de l’enseigne iOBURO, à Baie-Mahault.
Pour les prochaines rentrées, "le président de Région, Ary Chalus, mise sur le numérique (...) avec le déploiement de 650 vidéoprojecteurs interactifs dans les lycées", souligne Mme Nirelep. "Certains enseignants peuvent faire le choix, pour 2025 ou 2026, de proposer des fichiers numériques, le matériel est déjà là."
D’ici là, Anne Saint-Jean s’estime "lésée", tout en se résignant: "Je vais essayer de trouver quelqu’un dans l'Hexagone ou une librairie qui accepte de m’envoyer les livres et payer les frais de port à ma charge, avec l’octroi de mer (taxe spécifique aux départements d'Outre-Mer s'appliquant aux biens importés, NLDR) à l’arrivée".
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