Greta Thunberg annoncée en renfort des anti-A69 dans le Tarn après une opération de police

L'égérie mondiale de la lutte contre le réchauffement climatique Greta Thunberg doit participer samedi à une mobilisation d'opposants à l'autoroute A69 dans le Tarn, malgré l'interdiction de la manifestation et l'intervention des forces de l'ordre...

Un gendarme à côté d'un panneau "ZAD" lors d'une opération près d'un camp d'opposants à la contruction de l'A69 à Saïx, dans le Tarn, le 9 février 2024 © Lionel BONAVENTURE
Un gendarme à côté d'un panneau "ZAD" lors d'une opération près d'un camp d'opposants à la contruction de l'A69 à Saïx, dans le Tarn, le 9 février 2024 © Lionel BONAVENTURE

L'égérie mondiale de la lutte contre le réchauffement climatique Greta Thunberg doit participer samedi à une mobilisation d'opposants à l'autoroute A69 dans le Tarn, malgré l'interdiction de la manifestation et l'intervention des forces de l'ordre vendredi à proximité du lieu de rassemblement.

"Nous avons le plaisir de vous annoncer qu'une délégation nationale et internationale d'activistes pour le climat sera présente à La Cabanade de ce weekend. Nous confirmons ainsi la présence Greta Thunberg à nos côtés", a indiqué le collectif No Macadam, qui fait partie des groupes opposés à la construction de cette autoroute devant relier Toulouse à Castres, dont le chantier se poursuit.

La "Cabanade" est le nom donné aux deux journées de sensibilisation aux enjeux environnementaux prévues samedi et dimanche, avec au programme des ateliers, tables rondes et même des concerts. Elle doit se dérouler sur un terrain privé boisé qui fait l'objet d'un litige en lien avec une expropriation de son propriétaire pour cause de construction de l'autoroute.

Les opposants à la future A69 s'affairaient vendredi après-midi à préparer les lieux, installant toilettes sèches et fléchage sur un terrain privé, lorsqu'un escadron de gendarmes s'est déployé à proximité de la ZAD (zone à défendre) de la Crém'arbre, sur la commune de Saïx, à la sortie de Castres.

Les journalistes de l'AFP ont assisté à deux interpellations ainsi qu'à des tirs de gaz lacrymogène.

"Ils semblerait que les (forces de l'ordre) veuillent perturber à l'avance +La Cabanade+", du nom de cette mobilisation qui prévoit ateliers, tables rondes et même des concerts tout le weekend, ont estimé les organisateurs.

"L'opération de police conduite par 102 gendarmes a permis de démanteler les barricades piégées installées, de saisir les différents matériaux destinés à la construction de cabanes et de rétablir l'ordre", a indiqué la préfecture, selon qui les gendarmes n'ont pas accédé à la zone boisée située sur cette parcelle privée.

Sur les boucles Telegram dédiées, les militants continuaient en tout cas à appeler à la mobilisation ce weekend: "Quoi qu'il advienne: RDV pour la Cabanade", disait l'un d'eux, tandis qu'un autre appelait à "ramener un max de matériaux de construction" pour bâtir les cabanes destinées à être perchées dans les arbres qu'ils veulent protéger du chantier.

La députée écologiste de Haute-Garonne Christine Arrighi, qui avait annoncé son intention de se rendre à la Cabanade, a déclaré à l'AFP qu'elle maintenait sa venue prévue dimanche, en dépit de l'intervention des gendarmes.

"Moi, j'ai rendez-vous toujours de façon pacifique avec des gens pacifiques", a-t-elle assuré.

Aucune leçon à recevoir

Peu avant l'intervention des forces de l'ordre, le préfet du Tarn, Michel Vilbois, avait annoncé avoir "pris un arrêté d'interdiction de manifestation et de rassemblement" en raison de "risques de troubles majeurs à l'ordre public".

"Franchement, on se croirait dans +Minority Report+", a réagi à cette justification Christine Arrighi, en référence au film dystopique de Steven Spielberg (2002) où la police intervient avant même que des crimes ne soient commis.

Une source policière jointe par l'AFP estime que "100 à 200 personnes" pourraient participer à la mobilisation du weekend, tandis que les organisateurs attendent entre 500 et 1.000 personnes pour ce rassemblement qui doit se tenir dans un champ prêté aux manifestants par un agriculteur, à proximité d'un hangar à foin et d'une étable avec quelques vaches.

Le projet d'autoroute A69, qui vise à désenclaver une zone rurale, divise la classe politique et est fortement contesté par les militants écologistes, qui se sont mobilisés à plusieurs reprises ces derniers mois sur le tracé.

"Chère Greta Thunberg (...) l'autoroute A69 répond à un besoin vital pour le Tarn et ses habitants", a déclaré vendredi dans un communiqué le président du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, en ajoutant que son département "n'a aucune leçon à recevoir en matière de développement durable".

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