GRDF accélère sa mise au vert sur fond d’indépendance énergétique

Dans un climat conjoncturel houleux du fait de la situation géopolitique, la notion même d’indépendance énergétique s’affiche comme stratégique. L’accélération du mix énergétique n’est plus seulement une simple nécessité environnementale et climatique. Du côté de GRDF Grand Est, le développement du gaz dit vert s’affiche comme une réponse incontournable.

«Le gaz reste une énergie d’avenir si elle devient renouvelable», assure Emmanuel Connesson, le directeur territorial Grand Est de GRDF.
«Le gaz reste une énergie d’avenir si elle devient renouvelable», assure Emmanuel Connesson, le directeur territorial Grand Est de GRDF.

«Le développement du gaz vert est une des réponses pour retrouver notre indépendance énergétique.» Emmanuel Connesson, le directeur territorial Grand Est de GRDF, chiffres à l’appui et diagrammes parlant, est bien conscient qu’aujourd’hui bon nombre d’interrogations planent au niveau de l’énergie et surtout de son approvisionnement. La guerre en Ukraine a remis sur le devant de la scène cette notion d’indépendance énergétique. Un enjeu plus que stratégique. «Aujourd’hui dans le Grand Est, 17 % du gaz provient de Russie, près de 40 % de Norvège et du gaz liquéfié provient notamment du Qatar. Le risque de rupture d’approvisionnement n’est pas nul.» Pas de panique à avoir pour cet hiver mais c’est sur la campagne hivernale 2022-2023 que planent aujourd’hui certaines interrogations. La situation géopolitique et ses conséquences potentiellement négatives apparaissent confirmer la politique de mix énergétique menée depuis plusieurs années dans l’Hexagone. Dans ce contexte, «le gaz reste une énergie d’avenir si elle devient renouvelable.»


Méthanisation verte

Fer de lance gazier de cette optique : le biogaz ou gaz vert issu de la méthanisation (process installé principalement chez les agriculteurs voyant une revalorisation des déchets organiques de leur exploitation). La région Grand Est s’affiche comme la première région en matière de sites de production (avec 1 400 GWh produit en 2020). 75 unités de méthanisation (contre 43 en 2021) injectent aujourd’hui 1,5 TWh de biogaz dans le réseau régional de GRDF soit l’équivalent de 215 000 logements neufs ou de 5 000 bus roulant au bioGNV. «À l’aube de 2023, on comptera 178 sites confortant notre région en première place en terme de dynamique biométhane.» Le gaz vert représente aujourd’hui 3 % de la consommation d’énergie. «Dans dix-huit mois, ce chiffre atteindra les 11 %. Si on rapporte au 17 % de notre «dépendance» au gaz en provenance de Russie, on voit qu’une partie de l’indépendance énergétique peut être atteinte.» Reste que la méthanisation se doit d’être vertueuse. Parfois décriée, la méthanisation issue du milieu agricole affiche, selon GRDF et la Chambre d’agriculture Grand Est, une bonne empreinte écologique et sociétale. D’après une étude réalisée par la Chambre d’agriculture l’an passé : «moins de 1 % des surfaces agricoles utiles sont dédiées à la méthanisation. Cela signifie que la méthanisation n’entre pas en concurrence avec les usages alimentaires classiques de l’agriculture.» Le potentiel de la filière se veut important car «17 % seulement des effluents d’élevages sont captés en méthanisation en région Grand Est.» Additionnée à la valorisation des biodéchets de tout un chacun (ordures ménagères résiduelles), le biométhane s’affiche comme l’une des énergies gazières de demain. «Si l’ensemble des biodéchets de la région était collecté pour être valorisé en méthanisation, on produirait 377 Gwh par an, soit l’équivalent de la consommation de 77 000 logements.» En 2050, GRDF ambitionne de faire circuler 100 % de gaz vert dans les réseaux de gaz français. Du 100 % gaz vert dans moins de trente ans ? Pas impossible mais surtout souhaitable !

Cellule de crise en place

Elle n’est pas encore activée mais elle est en place ! Face à la situation géopolitique, GRDF Grand Est est préparé à une crise des approvisionnements. «Ce sont les pouvoirs publics et le Conseil d’État qui nous demandent d’être prêts», assure Emmanuel Connesson, le directeur territorial Grand Est de GRDF. Les mesures à mettre en œuvre sont graduelles. Recours à la sobriété énergétique «une baisse 1°C de la température de son chauffage, c’est 7 % de moins sur la facture» est une des premières mesures. Les grands consommateurs industriels peuvent, dans un cas extrême, se voir demander de «délester et arrêter dans les deux heures leur consommation». Près de 400 industriels sont concernés dans le Grand Est. Objectif : permettre à un maximum de foyers de satisfaire leurs besoins de chauffage et surtout de permettre aux établissements d’intérêt général, à l’image des hôpitaux, de continuer à fonctionner.