Grande-Synthe fait un pas de plus dans le durable
Un projet novateur est en cours de réflexion à Grande-Synthe. Axé sur le logement durable, le futur écoquartier doit donner à la ville une perspective nouvelle de développement urbain.
Une révolution dans l’art de vivre en ville ? C’est un peu ce à quoi se prépare la ville de Grande-Synthe, près de Dunkerque. Cette commune de 20 000 habitants est en restructuration urbaine depuis une décennie. Ses ressources issues de l’industrie sidérurgique (ArcelorMittal y a son plus grand site en France) ont longtemps permis à la ville d’être particulièrement bien dotée en termes d’équipements sportifs et culturels. Depuis la réforme de la taxe professionnelle, les ressources ne suivent cependant plus la courbe ascendante qui permettait aux édiles de puiser sans cesse dans les ressources de la municipalité. Depuis 2008, Grande-Synthe se cherche un autre avenir. La réalisation d’une maison témoin produisant de l’énergie fut la première étape en entrée de ville. La rénovation urbaine du quartier du Courghain a permis à la ville de prendre un virage durable dans l’habitat social. La 2e édition des Assises nationales de la biodiversité s’était même tenue dans cette commune, précurseur dans la région sur les questions liées à l’environnement.
L’usage contre la propriété. Dans la dernière réserve foncière de la ville, la municipalité souhaite construire un écoquartier. Mais l’ambition ne réside pas dans l’application de la nouvelle réglementation thermique entrée en vigueur le 1er janvier dernier (bâtiment basse consommation). Le but est d’innover dans un art de vivre. «La terre, comme l’eau, l’énergie, est un bien commun. Nous devons passer à l’usage des choses plutôt qu’à nous accrocher à la propriété. On étudie le système des baux emphytéotiques sur des terrains», a déclaré Damien Carême, maire de la ville. Un modèle qui existe ailleurs : à Londres ou à Amsterdam, on est propriétaire de sa maison mais pas du terrain sur lequel elle s’érige. Quinze hectares sont en cours d’instruction administrative pour devenir une ZAC. Elle devrait accueillir, dans une première phase qui court jusque 2017, 200 logements : accession à la propriété, location sociale, les solutions seront multiples. L’équipe d’architectes Remingtonstyle, alliée à l’équipe hollandaise Venhoeven, a remporté l’appel d’offres européen lancé par la Ville. Ils ont pour mission de définir un master plan, un schéma d’aménagement de l’écoquartier, une étude urbaine et paysagère et un cahier des charges sélectionnant des matériaux et ouvrant des perspectives dans les nouvelles manières de vivre en ville : modes de déplacement, gestion des ressources du quartier…
2014, premiers coups de pioche ? Dans une seconde phase, le projet doit se doter de 300 logements supplémentaires. De quoi faire grimper la population synthoise de 2 000 habitants supplémentaires. L’énergie est au centre du projet : toutes les constructions devront générer un solde positif d’énergie. Les factures des habitants seront-elles pour autant réduites au seul abonnement ? Quid des surplus d’énergie produite ? Que faire de l’énergie dégagée par la station d’épuration voisine ? Les architectes et les promoteurs de ce nouvel écoquartier ne s’interdisent rien : «il y a beaucoup de calories à récupérer», s’est enthousiasmé Ton Venhoeven. Une réunion publique associant les habitants aura lieu le 5 février prochain. Fin mars, les architectes rendront leur copie. L’an prochain, la ville souhaite avoir une étude d’impact pour passer aux premiers coups de pioche.