Grande fusion des offices publics de l’habitat
L’office public de l’habitat (OPH) de l’Aisne fusionne avec celui de Soissons. Le nouvel ensemble possédera bientôt quelque 13 000 logements dans l’Aisne et réalisera un chiffre d’affaires annuel de plus de 50 M€. Face aux ambitions économiques de grandes sociétés d’HLM extérieures à l’Aisne et qui voudraient conquérir le logement social dans le département, cette fusion des OPH de l’Aisne et de Soissons est indispensable pour atteindre une bonne taille.
L’an passé, le maire de Soissons avait « souhaité se rapprocher de l’OPH de l’Aisne pour solliciter une assistance au pilotage du plan de rénovation urbaine (des quartiers de Presles et Chevreux – programme de l’Anru de 50 M€) pour la part incombant à l’Odes (l’office public municipal de l’habitat à Soissons) et un soutien au directeur général par intérim de l’Odes ».
Ce souhait de rapprochement avec l’OPH de l’Aisne, considéré comme un expert de la gestion d’un habitat social et comme un opérateur public de premier ordre dans l’Aisne, a traduit une grande fragilité de l’Odes de Soissons, aussi bien sur le plan structurel que sur celui de ses capacités d’investissements, bien que l’OPH de Soissons dispose de ressources financières jugées « confortables ». Sauf que son parc immobilier nécessite aujourd’hui « de lourdes et inévitables interventions ». De fait, en ce qui concerne la situation de l’Odes, une mission d’expertise a été confiée à la fédération nationale des OPH. Ses conclusions ont été rendues le 9 mai 2012. Au final, la fédération nationale a proposé « de constituer à l’échelle de l’Aisne un opérateur public capable d’atteindre un seuil critique de performance, cette hypothèse consistant à regrouper les deux offices en un seul, dont la gouvernance et la stratégie seraient le reflet des volontés politiques exprimées sur le territoire ».
Avec trois OPH et deux ESH
Les forces en présence sont les suivantes. L’OPH de l’Aisne, présidé par Thierry Thomas, conseiller général PS, possède 8 600 logements (avec le patrimoine de l’Opal de Laon), emploie 160 salariés et réalise 35 M€ de chiffre d’affaires annuel. L’Odes de Soissons, présidé par son maire Patrick Daÿ, par ailleurs conseiller général PS, possède 4 000 logements, emploie 85 salariés et perçoit annuellement 14 M€ de loyers.
L’Aisne recense aujourd’hui 40 000 logements sociaux dont 10 000 dans le Soissonnais. Les bailleurs sont au nombre de cinq : trois OPH rattachés aux principales villes de l’Aisne (dont celui de Laon géré par l’OPH de l’Aisne), et deux entreprises sociales de l’habitat (ESH) – le groupe Unilogi- Procilia (20 000 logements) et l’OPH de l’Aisne (4 500 logements).
Face à ces cinq bailleurs de l’Aisne, pointent d’autres bailleurs dont les sièges sociaux sont situés dans les départements limitrophes. Depuis trois ans déjà, ces bailleurs extérieurs à l’Aisne interviennent beaucoup sur le territoire axonais, à l’instar du Foyer rémois « qui manifeste des velléités d’implantations fortes sur les communes les plus attractives du département de l’Aisne ». C’est notamment le cas à Laon, à Château-Thierry et à Soissons. Or, selon l’analyse du conseil général de l’Aisne, les ESH se tournent volontairement vers les territoires les plus attractifs, vers la région parisienne surtout, pour y construire ou y rénover. « Et seuls, aujourd’hui, les OPH sont en mesure de proposer une stratégie différente de développement qui ne se concentre pas uniquement sur les pôles urbains. »
La fusion en phase technique
Bref, le conseil général de l’Aisne a demandé au préfet de prononcer « la fusion des deux offices (Aisne et Odes) par l’intégration de l’office municipal de Soissons au sein de l’Office départemental de l’Aisne. » Le nouvel ensemble de l’habitat public dans l’Aisne gèrera un parc de 13 000 logements, emploiera quelque 240 salariés et devrait pouvoir réaliser à terme un chiffre d’affaires annuel de 53 M€, ce qui en fera l’une des entreprises les plus importantes du département de l’Aisne.
Actuellement, on procède à Soissons et à Laon (siège de l’OPH de l’Aisne) à la préparation technique de la fusion (gouvernance, ressources humaines, régime comptable, système informatique, etc.) et à l’arrêt des comptes de deux offices publics. L’installation du nouveau conseil d’administration issu de la fusion interviendra tout de suite après le 1er janvier 2013.