Graftech vise l'excellence

L'un des plus gros fournisseurs des aciéristes mondiaux lance, dans son unité calaisienne, un investissement qui se traduira par une augmentation importante de la production d'électrodes de graphite et l'embauche d'une vingtaine de personnes en emplois directs au sein de l'usine qui compte 186 salariés. 

« Le site calaisien exporte 90 % de ses électrodes et plus de 60 % hors union européenne »
« Le site calaisien exporte 90 % de ses électrodes et plus de 60 % hors union européenne »

L’entreprise, installée depuis 41 ans à Calais, dont le chiffre d’affaire oscille entre 50 et 100 millions d’euros, vit la quatrième extension de son outil de production. Cette augmentation significative va permettre à l’usine de répondre à la demande croissante des clients et d’intégrer les plus gros sites mondiaux en termes de volume de production.

Le secteur de l’acier vient de vivre dix années de crise qui ont induit de grosses restructurations entraînant une réduction de la production d’environ 20%. «On a fermé un site au Brésil, un autre en Afrique du Sud, commente le directeur de l’usine de Calais, Frédéric Royal. Nous sommes passé d’un marché en surcapacité à un marché en sous-capacité au niveau mondial, alors que nous vivons aujourd’hui une forte croissance de la demande.» Alors que les experts misaient pour l’année 2017 sur une croissance de la production d’acier de 1,5%, elle atteint 5%. Parmi les plus grosses productions, 35% sont destinées au secteur du bâtiment, 15% à l’automobile et 15% aux investissements industriels.

Il y a aujourd’hui deux façons de produire de l’acier : dans un haut-fourneau, à partir du minerai de fer et de coke, à l’image des hauts-fourneaux d’ArcelorMittal, ou dans un four à arc électrique, à partir d’acier de récupération. Ce four utilise l’énergie thermique de l’arc établi entre une ou plusieurs électrodes de graphite. «Ce mode de fabrication représente 30 à 40% de la part d’acier produite dans les pays développés. Et ce sont nos clients», explique Frédéric Royal. La capacité de production annuelle de Graftech est aujourd’hui de 46 000 tonnes. En septembre 2018, elle devrait flirter avec les capacités des plus grands sites mondiaux. «Nous ne nous endormons pas sur nos acquis. Nous devons garder une longueur d’avance sur la qualité de nos produits, poursuit le directeur. Cette extension va nous permettre de changer de gamme d’électrodes. Les électrodes de grosse dimension sont une partie de notre savoir-faire, une vraie valeur ajoutée par rapport à la concurrence.» Il faut 45 jours pour produire une électrode qui se consomme en 8 heures et le site de production de Calais serait l’un des plus rapides au monde.
Le siège du groupe, installé au Texas à Seadrift, compte quatre usines de production : Monterrey au Mexique, St Mary aux Etats-Unis, Pampelune en Espagne et Calais. La stabilité et la fiabilité des opérations du site calaisien, tourné vers l’exportation (60% hors de l’Union européenne), ont encouragé le groupe à investir. Le site est bien localisé, à proximité des grands ports du nord de l’Europe : 60% des électrodes sont expédiées par mer et 40%, par camion.

Réorganisation du site

«Avec cet accroissement de production, nous allons augmenter les rythmes de fabrication pour l’ensemble des ateliers, explique Jean-Benoit Probst, directeur des ressources humaines. Le temps d’ouverture de l’usine sera de fait augmentée

CAPRESSE

De g. à dr. : Frédéric Royal, directeur du site calaisien, et Jean-Benoit Probst, DRH.

CAPRESSE

Le site calaisien exporte 90% de ses électrodes et plus de 60% hors Union européenne.

la nuit et le week-end.» Vingt personnes seront embauchées. Les premiers recrutements pour les profils les plus techniques ont commencé. «Nos métiers n’existent pas sur le marché. Nous devons former les personnes afin qu’elles soient prêtes à l’automne 2018.» Plus de 80% des embauches devraient se faire avec d’anciens intérimaires, opérateurs de production, pontiers, caristes… en production et maintenance, et parmi les neuf alternants actuels, du Bac pro au diplôme d’ingénieur. Michel Tournaire, sous-préfet de Calais, est venu les assurer de son soutien pour obtenir les arrêtés d’exploitation dans les délais et la Région Hauts-de-France se penche actuellement sur le berceau de cet industriel performant et audacieux.
Lucy DULUC