Industrie

Grâce au plan de relance, Cristal Union investit pour une industrie plus verte

La sucrerie Cristal Union de Sainte-Émilie, à Villers-Faucon, va bientôt se doter d’une nouvelle unité de séchage. Une machine qui va permettre d’arrêter l’usage du charbon et ainsi de baisser les émissions de CO2 de 90%.

Le site de Cristal union de Sainte-Émilie a déjà réduit sa consommation d’eau de moitié. (© Cristal Union)
Le site de Cristal union de Sainte-Émilie a déjà réduit sa consommation d’eau de moitié. (© Cristal Union)

« Sans l’aide du plan de relance, nous n’aurions pas pu faire un tel investissement », lance Thierry Cousson, le directeur du site de Sainte-Émilie, à Villers-Faucon, au nord-est de Péronne. La sucrerie, employant 115 personnes et appartement au groupe Cristal Union, fait partie des 16 projets retenus dans toute la France, par le gouvernement. Et ce dans le cadre du plan de relance suite à la crise de la Covid-19, dans le volet décarbonation de l’industrie. 

L’entreprise va investir dans une nouvelle unité de séchage de la pulpe surpressée de betteraves. Coût total : 25 millions d’euros, subventionnés à 65% par l’Ademe, agence de l’environnement et de la maitrise d’énergie, et les CEE, certificats d’économie d’énergie. Cette machine s’inscrit dans la continuité de la politique environnementale menée par le groupe, amorcée en 2018 à Sainte-Émilie, avec l’installation d’une chaudière de cogénération qui réduit de moitié la consommation d’eau. Le projet en cours permettra lui, une économie de 40 000 tonnes de CO2 par an.

Arrêt du charbon

Une betterave est composée à 18% de sucre, 4 à 5% de matière fibreuse et le reste, c’est de l’eau. La betterave est lavée, puis découpée et enfin diffusée pour extraire le sucre, « comme le thé dans l’eau chaude », commente le dirigeant. La matière fibreuse, la cellulose, est également extraite, et elle est pressée, ce qui donne la pulpe surpressée, « elle est vendue pour l’alimentation animale, elle peut aussi être déshydratée et transformée en pellets également destinés aux animaux ».

Pour amener ces pulpes de 30% de matière sèche à 88%, il faut beaucoup d’énergie. « Actuellement, cette opération est faite dans une usine d’Épénancourt avec une énergie charbon », précise Thierry Cousson. Le projet est donc de ramener cette activité sur le site de Sainte-Emilie en changeant le procédé, pour un séchage à la vapeur, grâce à une nouvelle machine. « Cela va permettre d’abandonner le charbon, et de diviser par 6 la consommation d’énergie », indique l’entrepreneur, soit une diminution des émissions de CO2 dans l’atmosphère de 90%.

Contexte difficile pour les sucriers

Cette nouvelle unité devrait être opérationnelle pour la campagne sucrière de septembre 2023. Un dispositif qui permettra notamment à l’entreprise d’être plus compétitive sur le marché des pulpes surpressées. Dans un contexte toujours plus compliqué pour les sucriers, depuis la fin des quotas décidée par l’Union européenne en 2017, qui a entrainé une augmentation de la concurrence sur le marché mondial et une baisse des prix. Mais aussi à cause des ravages de la jaunisse virale, maladie qui a touché durement les betteraviers. Le gouvernement a d’ailleurs voté récemment une loi pour permettre par dérogation, l’utilisation jusqu’en 2023 des insecticides néonicotinoïdes pour les semences de betteraves menacées par le virus.

Pour Aletheia Press, Emma Castel