Entreprises

GR Environnement mise sur l’innovation

Se lancer à 24 ans dans l’aventure entrepreneuriale avec une envie de prendre un chemin différent. Préférer opter pour un secteur sans concurrence. C’est le credo de Romain Gantner, gérant de GR Environnement, basé à Réding.


Romain Gantner, gérant de GR Environnement. © Little Greedy Photographie/Amélie Guichard.
Romain Gantner, gérant de GR Environnement. © Little Greedy Photographie/Amélie Guichard.

En créant son entreprise en mars 2021, le jeune dirigeant avait choisi de s’équiper d’une machine et d’une technique permettant de nettoyer les fossés de façon écologique grâce au curage. Mais très vite, il se rend compte que sa méthode innovante ne séduit pas les collectivités, frileuses face aux innovations. Et pourtant, ses arguments sont bien affûtés, avec en tête la préservation de la biodiversité, sans oublier le fait de ne pas endommager les accotements et de limiter l’érosion des sols. Mais changer les cultures et les pratiques ne se décrète pas. Loin de se décourager, il décide de proposer une autre activité de désherbage électrique. Cette solution innovante a le net avantage de ne pas avoir recours à des traitements chimiques, désormais interdits. L’électrocution va détruire la plante jusqu’à la racine, sans aucune incidence sur l’eau et la vie dans le sol. Destinée à l’entretien des espaces verts, parcs et jardins, terrains de sports, chemins, pistes cyclables, le désherbage électrique fait alors ses premiers pas en France. «J’étais le premier à tester la machine imaginée par le constructeur agricole New Holland. Nous sommes actuellement quatre en France», confie-t-il. Pendant un an, Romain Gantner loue la machine et va multiplier les démonstrations auprès des collectivités pour prouver l’efficacité et la durabilité de ses résultats. Il est vrai que l’arrêté du 15 janvier 2021 élargit l’interdiction de produits phytosanitaires au 1er juillet 2022 à tous les lieux fréquentés par le public ou à usage collectif. Les solutions sont donc limitées pour les communes et autres intercommunalités : prendre une binette ou brûler au gaz les mauvaises herbes ; autant dire que le travail se veut fastidieux surtout pour les grands espaces.

Des activités complémentaires

Dès 2023, il fait le choix d’acquérir la machine pour un investissement de 250 000 euros, soutenu par la région Grand Est. «L’emplacement central de Réding est stratégique et offre de belles opportunités», se réjouit le jeune créateur qui travaille dans le périmètre Nancy, Metz et Strasbourg. Son carnet de commandes est d’ores et déjà bien pourvu pour 2024, sachant que la période de désherbage s’étend du mois d’avril à novembre, compte tenu du réchauffement climatique. D’ailleurs les températures douces de ce mois de février se voient sur les sols où l’herbe pousse déjà. Reste une question : que faire pendant la période hivernale ? Pas question de se tourner les pouces et se reposer pour ce jeune qui en parallèle a développé une autre activité autour du faucardage en imaginant un godet avec l’entreprise Forest Tech (concepteur et fabricant de broyeur forestier) de Réding. La technique permet de faucher les végétaux dans les systèmes d’assainissement écologique comme les lagunages ou les filtres plantés de roseaux. L’enjeu est dès lors de désencombrer les lagunes ou filtres, de réduire la surface de volume des roseaux ou encore de rallonger la durée de vie des bassins. «Effectuer des recherches, trouver des nouvelles activités qui seront porteuses demain», c’est ce qui intéresse ce jeune entrepreneur. Il travaille d’ailleurs en 2024 sur l’expérimentation du désherbage d’une nouvelle plante invasive ; la Renouée du Japon avec le constructeur New Holland. Si les résultats sont au rendez-vous, il investira dans une nouvelle machine en 2025. Le marché est porteur ; le département de la Meurthe-et-Moselle s’est déjà montré intéressé. Affaire à suivre.

A.M

© Little Greedy Photographie /Amélie Guichard.