Google: le gouvernement américain recommande des changements et n'écarte pas une scission

Le géant Google va-t-il devoir se scinder en plusieurs entités? C'est en tout cas l'une des pistes que semble envisager le gouvernement américain qui enjoint le groupe à modifier son modèle pour ouvrir...

Le logo de Google à une conférence de presse à Mountain View, en Californie, le 13 août 2024 © Josh Edelson
Le logo de Google à une conférence de presse à Mountain View, en Californie, le 13 août 2024 © Josh Edelson

Le géant Google va-t-il devoir se scinder en plusieurs entités? C'est en tout cas l'une des pistes que semble envisager le gouvernement américain qui enjoint le groupe à modifier son modèle pour ouvrir son moteur de recherche à la concurrence.

Dans le document d'une trentaine de pages transmis au juge fédéral de Washington Amit Mehta, le ministère de la Justice (DOJ) évoque, avant le prononcé de la peine visant le groupe condamné début août pour monopole, de possibles changements "structurels", un terme que beaucoup d'observateurs traduisent par une scission.

Le gouvernement américain suggère ainsi d'empêcher le géant technologique d'utiliser son navigateur Chrome, sa boutique d'application Google Play Store et son système d'exploitation mobile Android pour conférer un avantage à son moteur de recherche.

Le même magistrat avait reconnu Google coupable de pratiques anticoncurentielles dans la gestion et la promotion de son célèbre moteur de recherche.

Le procès avait notamment mis en avant les sommes mirobolantes versées par la filiale d'Alphabet pour s'assurer de l'installation par défaut de Google Search auprès de fabricants de smartphones et navigateurs internet.

Selon le site StatCounter, Google pesait, en septembre, 90% du marché mondial de la recherche en ligne et même 94% pour les smartphones.

Boutiques concurrentes

Le document publié mardi n'est qu'une version préliminaire des recommandations que le DOJ adressera au juge Mehta, en novembre.

Mais la possibilité de démanteler Google ou d'exiger de profonds changements dans sa façon de faire des affaires marque un changement profond de la part des autorités de la concurrence du gouvernement américain qui ont largement laissé tranquilles les géants de la tech depuis leur échec à démanteler Microsoft il y a vingt ans. 

"Scinder Chrome et Android les détruirait, eux et beaucoup d'autres choses", a réagi Google dans un communiqué posté sur son site.

Une séparation forcée "changerait leur modèle économique, augmenterait le coût des appareils et saperait Android et Google Play dans leur compétition avec l'iPhone et l'App Store", boutique d'applications d'Apple, poursuit Google, qui fait face à une offensive juridique plus large pour des violations présumées des lois sur la concurrence.

Lundi, un juge fédéral de Californie a ainsi ordonné à Google d'autoriser l'installation de boutiques d'applications concurrentes à Google Play Store, donnant raison au créateur de Fortnite Epic Games.

L'éditeur souhaite lancer sa propre boutique d'applications en 2025, "sans les messages de Google pour faire peur et les prélèvements de 30%" que le géant technologique prélève sur les revenus des créateurs d'applications.

Partage des données

Parmis les autres pistes de réformes, la première mouture des recommandations du gouvernement au juge évoque l'obligation qui serait faite à Google de rendre accessibles les données et les modèles de programmation utilisés pour générer des résultats via son moteur de recherche.

Le DOJ envisage aussi de demander au magistrat d'interdire à Google d'utiliser ou de conserver des données qu'il refuse de partager avec des sociétés tierces.

Quant à un partage éventuel des données de recherche et des résultats avec d'autres acteurs d'internet, cela "présenterait un risque pour la protection de vos données et votre sécurité", avance la société californienne.

Pour Google, les recommandations du gouvernement américain "vont bien au-delà des questions juridiques abordées dans ce dossier".

Quelle que soit la décision finale du juge, Google devrait faire appel, ce qui pourrait prolonger le processus pendant des années et éventuellement aller jusqu'à la Cour suprême des États-Unis.

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