Gondardennes marche toujours sur deux pieds
Il n'y a pas que des situations dramatiques dans le secteur du papier audomarois. Si Arjowiggins vit des heures sombres à Wizernes depuis quelques années, tel n'est pas le cas des Cartonneries de Gondardennes qui ont ouvert leurs portes le 30 mai dernier à l'occasion de l'opération «Joli mois de mai».
Au départ du cycle, les approvisionnements de papier à recycler pour faire la pâte. Dans les grands hangars du site, les ballots de papier arrivent : séparés selon leurs qualités et leurs densités chromatiques, ils passent sur les premières chaînes du process : pulpeurs, rails de mouillage, étapes d’épuration des «contaminants»… Plus loin, deux énormes machines produisent 180 000 tonnes de papier par an. «Il y a une très grande variété dans les cartons : selon le grammage, le nombre de couches, les cannelures, les couleurs, les tailles de laize… C’est beaucoup plus simple quand vous disposez du papier à proximité. En cartonnerie, tout est commandé ; il n’y a pas de stock», explique Philippe Languille, dessinateur industriel et guide du site pour l’occasion. La pâte liquide est travaillée à 35 degrés. L’eau, principale ressource du process, est prélevée en continu pour des appoints (du canal et par voie de forage) : «On travaille en circuit fermé et notre station d’épuration renvoie les eaux une fois traitées. Donc, zéro rejet et un peu d’appoints en continu pour remplacer l’eau qui s’est évaporée.» L’usine consomme 100 m3 d’eau par jour et s’appuie sur trois chaudières et une turbine au gaz ainsi qu’une chaudière biogaz qui trouve sa source dans l’activité de la station d’épuration interne qui méthanise certaines matières.
Un double outil précieux en ces temps difficiles. Le site reste l’un des plus conséquents d’Europe avec 415 salariés répartis sur les secteurs papier et carton. La double activité est censée amortir les hausses des matières premières : le prix du papier a doublé ces cinq dernières années et le poste énergie devient alarmant… Côté carton, c’est l’ondulé qui forme le cœur de l’activité : «on est d’abord des cartonneurs. Dans l’ondulé en plaques. Avec un peu de rouleaux» détaille Philippe Languille. Côté cartonnerie, juste quelques rouleaux en stock : «On peut avoir une commande à n’importe quel moment. On livre en 24, 48 heures, quelques jours selon les volumes. Nos laizes atteignent 3,3 m.» Les machines à carton font de la simple face, de la double, inscrivent les cannelures, répartissent les grammages… Deux ponts-magasins emmènent les matières vers une colleuse pour un papier de couverture. La sécheuse (financée par l’Europe) termine l’étape. «On travaille jusqu’à sept épaisseurs de papier. Nos cannelures descendent jusqu’à moins d’un millimètre», ajoute le cadre. Coupeuse, palétiseurs et expédition terminent le parcours. La production reste stable à Wardrecques, les investissement portent pour l’instant leur fruit. Mais les regards se tournent souvent vers leur voisin de Wizernes.