Glucksmann dégaine son discours sur l'Europe et cogne sur Macron
Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, a tracé mercredi à Strasbourg les grandes lignes de son projet + Europe 2030 +, cognant largement sur "la "faillite stratégique" d'Emmanuel Macron, qui...
Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, a tracé mercredi à Strasbourg les grandes lignes de son projet + Europe 2030 +, cognant largement sur "la "faillite stratégique" d'Emmanuel Macron, qui doit faire un grand discours sur l'Europe jeudi.
Devant plus de 600 personnes, l'eurodéputé a promis de "donner à l'Europe les moyens de se défendre" face à Vladimir Poutine, taclant au passage le président de la République.
Alors que le chef de l'Etat va tenter de soutenir son camp à la peine dans les sondages avec un discours sur l'Europe jeudi à la Sorbonne, Raphaël Glucksmann entend bien "reprendre le drapeau européen" des mains du président, comme il le répète dans ses meetings.
Il a notamment rappelé qu'en août 2019, Emmanuel Macron avait plaidé pour un rapprochement entre l'Union européenne et la Russie, appelant à retrouver la "confiance" dans un ordre international en "recomposition".
Pour l'essayiste, pro-européen convaincu, "cette faillite stratégique a tué le discours de la Sorbonne" qu'avait tenu le chef de l'Etat en 2017, et qu'il a reconnu avoir à l'époque apprécié.
Devant les militants et sympathisants, il a martelé: "Emmanuel Macron aurait pu rencontrer l'Histoire, Il a refusé de prendre la tête de la résistance à Poutine".
Plus largement il a dénoncé les reculs et les blocages de la macronie sur le plan social, et l'a accusé d'accointances vis-à-vis de l'extrême droite.
"Demain, quand nous écouterons son discours, nous aurons en tête les mots d'Hamlet "+Words, words, words" (des mots, des mots, des mots)", a-t-il dit. "Il faut que nous ayons en tête l'ensemble des reculs, des trahisons et des actes posés, nous ne sommes pas des poissons rouges".
Après avoir défendu à Nantes une "révolution écologique", l'eurodéputé, qui s'est défini comme "un européen de combat" et "un réaliste", a mis en avant à Strasbourg une "révolution sécuritaire", proposant notamment "la mise en place d’un fonds de défense de 100 milliards d’euros, financé par un nouvel emprunt européen".
puissance écologique européenne
"Ce que l’Europe a fait face à la pandémie, elle doit pouvoir le faire face à la guerre", a-t-il argumenté.
L'essayiste de 44 ans, qui avait convaincu un peu plus de 6% des électeurs aux européennes de 2019, est actuellement crédité de 12 à 14% des intentions de vote dans les sondages.
Il espère pouvoir renverser les courbes, et prendre la deuxième place, actuellement occupée par la candidate de la majorité présidentielle Valérie Hayer, qui stagne loin derrière Jordan Bardella (RN).
"Ensemble nous allons gagner cette élection", a assuré Nicolas Schmit, commissaire européen et candidat à la présidence de la Commission pour le groupe socialiste.
Catherine Trautmann, ex-maire de Strasbourg et ex-eurodéputée a elle aussi estimé que la campagne de Raphaël Glucksmann était "en train de prendre un tournant".
Ce dernier a détaillé dans un discours fleuve une grande partie de son programme: "la sécurité, ce n’est évidemment pas que la défense. C’est aussi l’énergie, l’industrie, la santé, l’agriculture… Notre Europe en 2030 sera redevenue un continent de producteurs".
"Notre agenda n’a qu’un but : faire enfin émerger une puissance écologique européenne sans laquelle nous disparaîtrons de l’Histoire", a-t-il encore affirmé, assurant que "l’ère du libre-échange généralisé a pris fin. Nous ne serons pas les derniers fidèles d’une religion à laquelle plus personne ne croit".
Il a notamment promis de "mettre en place une stratégie du + Made in Europe + visant à rapatrier toutes les productions stratégiques sur notre sol", et a répété son projet d’un « Buy European Act » qui réservera en priorité les commandes publiques européennes aux productions européennes.
Dans la suite de sa campagne, il entend bien souligner ses différences avec Valérie Hayer, qui mène "une liste de droite libérale", a-t-il assuré lundi sur LCP. "Ce qui nous différencie, c'est notre rapport à la solidarité sociale, à la transition écologique".
Pour lui, avec cette élection, "on est en train de faire renaître" en France le clivage gauche-droite, qui "n'a jamais disparu à l'échelle européenne", où le groupe majoritaire au parlement est la droite du PPE, devant le groupe socialiste (S&D). Le groupe du camp présidentiel, Renew, est en troisième position.
"Ce que nous faisons, nous, c'est de ressusciter la gauche de Jacques Delors et de Robert Badinter", a-t-il défendu.
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