Basé à Coquelles
Getlink : une croissance concurrencée
Depuis la double crise (sanitaire et Brexit), le groupe Getlink, basé à Coquelles, a vécu une remontée rapide et gigantesque. Après avoir dangereusement stagné sous le milliard d’euros de chiffre d’affaires, elle s’est placée à la conjoncture de plusieurs croissances. Compte-rendu.
957 millions en 2019 ; 816 millions d’euros en 2020, 774 millions en 2021 et 1,6 milliard en 2022. La variation d’activité de Getlink peut donner le vertige ces dernières années. L’année 2023 aura été encore la preuve d’un potentiel d’activité toujours plus grand avec 1,829 milliard d’euros facturé, un chiffre annoncé ce 25 janvier. Un résultat que la direction du groupe, basé à Coquelles, qualifie de «niveau historique. [Cette] performance remarquable est portée aussi bien par la contribution d’ElecLink en année pleine (mise en service en mai 2022) dans un marché de l’électricité toujours porteur que par les niveaux solides d’activité des entités Eurotunnel et Europorte».
Eurotunnel enregistre une hausse de 8%. Ses navettes remplies de véhicules connaissent une hausse de 6% ; c’est encore mieux pour ses trains avec +29%. Seul le trafic du fret est à la baisse avec 17% d’activité perdue en raison de «l’intensité concurrentielle des compagnies de ferries s’écartant des modèles sociaux appliqués en France et au Royaume-Uni» pointe le groupe. L’activité de la filiale gestionnaire des infrastructures Europorte suit la même croissance que le rail : 150 millions d’euros (+9%).
Enfin, la filiale qui transporte l’électricité des deux côtés de la Manche, ElecLink, continue sa chevauchée avec une hausse de 33% à 558 millions d’euros pour sa première année pleine. «En 2023, ElecLink a continué de profiter d’un marché de l’électricité particulièrement porteur» commente Getlink. Au final, le bond d’activité est de 14% pour Getlink.
Doublement des liaisons vers l’Angleterre
En dépit d’une baisse importante, le groupe reste leader sur le marché du fret sur le détroit avec 35,3% de parts de marché dans le dernier trimestre 2023. Et même 60,2% sur le segment des voitures. Une mise en avant qui trahit peut-être l’inquiétude de voir arriver un nouveau trafic de voitures au port de Calais.
Chez Europorte, on poursuit une stratégie de filière : peu avant Noël, la filiale annonçait entrer majoritairement au capital de Renofer, spécialiste de la maintenance des installations ferroviaires. En sus, Europorte a aussi acquis des parts minoritaires dans TS Rail œuvrant dans le même domaine d’expertise. Chez l’autre filiale ElecLink, on note une baisse de moitié de l’activité au dernier trimestre (par rapport au dernier trimestre 2022) à 132 millions d’euros, «conséquence attendue du resserrement des écarts de prix d’électricité entre la France et la Grande-Bretagne» précise le groupe. Pour autant, ElecLink a déjà vendu «65% de sa capacité 2024 et sécurisé près de 281 millions d’euros de chiffre d’affaires, sous condition de la livraison effective du service» ajoute-t-il encore.
En 2024, le groupe entend entrer dans une nouvelle phase de croissance et «doubler les liaisons directes à grande vitesse» entre l’Angleterre et le continent «dans la décennie». Une stratégie qui fait écho aux ambitions des ports du littoral dans la captation de marché en termes de passagers comme de fret.