Getlink toujours privée de duty free
L’entreprise n’a toujours pas reçu le feu vert pour proposer le duty free à ses clients. Une distorsion de concurrence contre laquelle les salariés et l’entreprise se battent, soutenus par les élus.
La pilule est amère à avaler pour les dirigeants et les salariés de Getlink. Alors que l’entreprise a essuyé les effets du Brexit et de la pandémie - elle a subi une perte de 113 millions en 2020 -, elle attend toujours le feu vert du Gouvernement pour le retour du duty free au terminal de Coquelles. De leurs côtés, les ports s’organisent. Le 30 avril, la compagnie maritime DFDS a d’ailleurs annoncé avoir été retenue pour ouvrir une boutique hors taxes de 1 000 m2 sur le nouveau port de Calais, en octobre prochain.
100 millions de francs en 1999
Une situation inacceptable pour Jacques Gounon, président de Getlink, qui, le 28 avril lors de l’assemblée générale des actionnaires, a évoqué «un scandale». Face à «cette distorsion de concurrence, je suis prêt à engager un contentieux»,a-t-il souligné. Dans ce contexte tendu, une rencontre a été organisée, le 5 mai, entre les syndicats Force ouvrière et CGT et Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, et Natacha Bouchart, maire de Calais. L’objectif est d’entamer une action commune auprès du ministère des Finances, le ministère de tutelle pour le duty free.
Il faut dire que l’enjeu est de taille. «En 1999, le Duty free rapportait plus de 100 millions de francs à Eurotunnel. Aujourd’hui, l’estimation sur la création d’emplois se situe entre 100 et 120 emplois et autant d’emplois indirects», résume Stéphane Sauvage, secrétaire général de Force ouvrière à Eurotunnel. Une bouffée d’oxygène particulièrement bienvenue pour maintenir les emplois puisque que le premier trimestre affiche des résultats moroses. «Aujourd’hui, le trafic est toujours au ralenti, nous sommes passé de 50 liaisons par jour pour l’Eurostar à 4 liaisons par jour», constate Philippe Vanderbec, de la CGT de Getlink.
«C’est une question de justice»
Le nœud du problème réside dans une directive de l’Union européenne datant de 2008. Celle-ci précise les nouvelles règles pour les autorisations autour du duty free pour les ports et les aéroports. Mais rien n’est précisé en ce qui concerne les gares frontalières comme celle de Getlink. C’est derrière ce texte que se réfugie le Gouvernement pour justifier son silence. Une position difficile à comprendre alors que l’entreprise bénéficiait du duty free de 1992 à 1999. «Chaque pays est souverain en termes de fiscalité», rappelle Stéphane Sauvage.
Mais les salariés et Getlink ont trouvé une oreille attentive ce 5 mai. «Le duty free signifie de l’activité en plus et donc des emplois en plus, car les Anglais sont de gros consommateurs. L’ensemble des élus du territoire va de nouveau intervenir auprès du Gouvernement. C’est une question de justice. Il ne faut pas se cacher derrière l’Europe», réagit Xavier Bertrand.