La lumière au bout du Tunnel ?

Getlink réduit sa dette

Le groupe Getlink, concessionnaire du tunnel sous la Manche, dont la filiale Europorte est spécialisée dans les infrastructures ferroviaires, vient de vivre une année très particulière. Si la Covid a inquiété les dirigeants du groupe, le Brexit s’est globalement bien passé. Lors de sa conférence de presse annuelle, Getlink a exposé ses résultats et en quoi le groupe s’en est plutôt bien sorti. Compte-rendu.

De nombreux trafics chutent, mais celui concernant les voitures enregistre une augmentation de 13%. © Getlink
De nombreux trafics chutent, mais celui concernant les voitures enregistre une augmentation de 13%. © Getlink

L’année 2020 restera comme une période inédite dans le parcours du gestionnaire du Tunnel. En effet, l’activité s’est contractée de plus d’un quart, passant de 1,2 milliard d’euros en 2019 à 816 millions en 2020… Les pertes sont conséquentes avec 113 millions (chiffre du groupe), mais la trésorerie n’a jamais été aussi florissante avec près de 630 millions d’euros ! Du jamais-vu chez Getlink pourtant réputé pour savoir tenir sa trésorerie.

Son directeur général, Yann Leriche, parle d’une «année extrêmement dense». « Le Tunnel ne s’est évidemment pas arrêté avec la crise de la Covid. Nous avons mis en place la préparation du Brexit dont l’accord n’a été signé que le 24 décembre dernier avec effet au 1er janvier», rappelle-t-il. Getlink a mis en place un European Border Pass qui permet de transférer les formalités douanières des utilisateurs via Getlink. L’année montre des trafics qui chutent, comme celui d’un des principaux clients de Getlink, Eurostar, en baisse de 77%. Le groupe contrebalance la donne avec l’augmentation du trafic des voitures (+ 13%) et le fret qui a fortement redémarré après le premier confinement lorsque la plupart des usines étaient fermées.

Des réductions de coût

Getlink a augmenté ses prix de manière plus importante que ses concurrents maritimes, notamment sur les camions. L’entreprise a réalisé des économies substantielles sur ses dépenses d’exploitation (pour 40 millions d’euros) et sur celles relatives aux investissements d’exploitation (pour 50 millions d’euros). «Sans jamais toucher à ce qui relève de la sécurité ou de la santé», précise Yann Leriche. Géraldine Perichon, directrice administrative et financière, a pu également poursuivre le refinancement des 500 millions de "green bonds" existants, portant l’ensemble à 700 millions d’euros.

En sus, une nouvelle ligne de crédit de 75 millions d’euros a été préparée sans être, à cette heure, utilisée. L’entreprise a fait appel au dispositif du chômage partiel avec une moyenne de 17% de ses 3 600 salariés. De plus, Getlink a réduit, sur la base du volontariat, le salaire de ses directeurs. La dette du groupe s’établit aujourd’hui à 4,15 milliards d’euros, en recul de 9% (soit 92 millions d’euros). Finalement, l’entreprise a généré 31 millions de cash flow supplémentaires malgré une année noire.

Un (petit) dividende proposé

Getlink explique sa résistance de la façon suivante : «Notre clientèle est solide est diversifiée ; on a la chance de fixer nos prix. Nous avons réduit nos dépenses d’exploitation et d’investissement. Nous conservons un avantage compétitif avec notre RSE et nous avons un excellent dialogue social. Enfin, le développement d’Europorte (qui a fait 3 millions de bénéfices en 2020) et d’Eleclink (projet de passage de câble entre la France et la Grande-Bretagne) est assuré.» Dans ce dernier dossier, Getlink a déjà posé cinq kilomètres de câble et devrait finir ce chantier à la fin de l’année avant de commencer à facturer en 2022.

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Europorte, la filiale de fret ferroviaire de Getlink, a fait 3 millions de bénéfices en 2020. © Getlink

Si le groupe n’a pas, pour la première fois, communiqué sur la trajectoire 2021, son directeur général entrevoit toutefois le bout du tunnel : «On commence à avoir de bonnes nouvelles sur la vaccination en Grande-Bretagne. On poursuit nos réductions de dépenses d’exploitation et d’investissement d’exploitation pour 2021, entre 110 et 120 millions d’euros au total.» De quoi payer les 5 centimes de dividende qu’il proposera à l’assemblée générale des actionnaires d’avril prochain...