Résultats semestriels

Getlink électrocute les chiffres

Getlink n’en finit pas d’afficher de bons résultats financiers. Mais ce dernier semestre apporte une nouvelle qui change profondément les perspectives du groupe franco-britannique. Sa filiale Elec-Link, dédiée au transport de l’électricité à travers la Manche, est en effet entrée en activité de croisière avec une année pleine… de succès.

Le groupe Getlink vise les 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023. © Getlink/Eurotunnel
Le groupe Getlink vise les 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023. © Getlink/Eurotunnel

Le Groupe affiche des résultats généraux très positifs : le trafic passagers a fortement repris depuis le début de l’année avec une hausse de 16% dépassant ainsi le million de véhicules transportés (dont les 2/3 de voitures). Dans les Eurostar, la tendance est encore plus marquée : plus de 5 millions de voyageurs ont pris le train lors de ce premier semestre en augmentation de 54%… «Nous avons retrouvé le niveau de 2019, avant le Brexit et le Covid» précise Yann Leriche, directeur général du groupe.

Sur le rail, le trafic camions a décru avec 624 000 unités transportées, en baisse de 19%. «On est beaucoup plus challengés sur ce trafic. Il y a une guerre des prix et l’économie britannique n’est pas aussi bonne que nous le voudrions» a-t-il ajouté. «On s’occupe des chauffeurs, car ce sont eux au final qui décident s’ils prennent le bateau ou le Tunnel. Nous développons de nouveaux services où nous nous occupons de toutes les démarches pour les chauffeurs ; nous lançons en octobre prochain un nouveau guichet unique pour une frontière intelligente, efficace et rapide» détaille-t-il encore. Les trains de marchandises ont eux aussi perdu un peu de trafic avec une baisse de 3% (745 trains au premier semestre 2022 contre 733 au premier semestre 2023).

Une rente exceptionnelle

Pour rester performant sur le marché, Getlink a commencé à rénover ses navettes et martèle sa nouvelle identité : «Faster than a ferry, greener than a plane». Surtout, le premier semestre vient confirmer la réussite commerciale phénoménale d’Elec-Link. Fruit d’un projet d’infrastructures dédiées au transport d’électricité de part et d’autre du détroit – pour près de 700 millions d’euros, Elec-Link a injecté plus de 6 Térawatts entre le 15 mai 2022 et le 30 juin dernier (soit la consommation d’une ville d’1,6 million d’habitants sur une année).

Depuis le 1er janvier dernier, les deux câbles ont atteint leur pleine efficacité sans discontinuer… Ce départ en trombe donne ainsi 304 millions d’euros de recettes sur le semestre (contre 30 sur le premier semestre 2022). Et même 416 millions d’euros si l’on réintègre les 112 millions d’euros que la direction a décidé de provisionner dans le cadre d’un mécanisme de partage des profits toujours en cours de négociation.

Vers 2 milliards d’euros en 2023 ?

Elec-Link a deux types de recettes : celles, ultra majoritaires, qui proviennent d’enchères (plusieurs dizaines tous les jours) où des clients – Total Energie, RWE, Energi Danmark – viennent réserver des plages horaires du câble sous la forme de contrats courts ou longs. D’autre part, la filiale du groupe garantit, pour quelques dizaines de millions d’euros par an, aux Etats français et britannique que le transport électrique sera assuré. L’activité semble poursuivre une hausse continue : 84% des capacités du câble sont d’ores et déjà vendues pour 2023. Soit 541 millions d’euros de recettes garanties.

L’an prochain, ce sont déjà 45% des capacités qui sont cédées, soit 243 millions de recettes prévues. Cette rente conduit naturellement la direction à projeter l’installation d’un second câble à terme : «Nous y réfléchissons évidemment» lâche Yann Leriche. Au total, le groupe engrange des excédents d’exploitation majeurs sur la quasi-totalité de son périmètre d’activité : 276 millions d’euros pour le Tunnel, 207 millions pour Elec-Link, 13 millions pour Europorte. «Nous avons les plus hauts résultats de notre histoire» a claironné le cadre-dirigeant. Cette année, le groupe dépassera très probablement 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. En perspective, les chantiers de changement de signalisation d’ici 2030, l’arrivée des trains de nouvelle génération et la digitalisation des parcours.

Des chiffres impressionnants

La direction n’est pas prête à utiliser sa (très belle) trésorerie pour se désendetter. Dans un contexte aussi haussier (934 millions de chiffre d’affaires sur le semestre contre 41 au premier semestre 2022), le groupe joue sur du velours et a intérêt à conserver son cash pour absorber une croissance toujours plus forte. Au global, ses charges d’exploitation ont augmenté de 22%, alors que son chiffre d’affaires a fait un bon de 64%… Sa dette est en légère hausse à 3 918 milliards d’euros contre 3 908 au premier semestre 2021. Son revenu net est passé de 50 millions d’euros au premier semestre 2022 à 159 millions pour ce premier semestre.