Georges Gaspard remporte le concours 2012

A l’âge de 18 ans, il est entré dans l’entreprise familiale, aujourd’hui Lyréco. Il y a fait ses armes aux côtés de son père. La direction générale lui a été confiée en 1979, puis la présidence à partir de 1996.

L’implantation à Marly où se trouve le siège social remonte au milieu des années 70.
L’implantation à Marly où se trouve le siège social remonte au milieu des années 70.
Photo Lyreco

L’un des deux centres de distribution du groupe Lyreco en France. Ici, à Digoin, en bord de Loire.

Georges Gaspard, 61 ans, figurait parmi les quatre concurrents retenus pour le titre régional des Autodidactes. C’est donc lui qui a remporté ces Victoires 2012. La discrétion volontaire du président de Lyréco, dont il expliquait les raisons la semaine dernière (cf. La Gazette n°8504), va donc subir une nouvelle exception. On revient sur son parcours.  

 La Gazette. Rappelez-nous quelles ont été les circonstances de votre entrée dans l’entreprise familiale ?

Georges Gaspard. C’était en 1969, l’année de mon bac au lycée Notre-Dame à Valenciennes. J’avais 18 ans. A l’époque, je n’avais pas d’autre projet que de reprendre l’entreprise et de poursuivre une aventure familiale commencée en 1926. J’envisageais alors de faire une école de commerce… Mais, mon bac, je l’ai raté. Ou plutôt, des événements personnels m’ont empêché de passer l’oral de rattrapage. Je n’ai pas pu m’y présenter… Mon père m’a alors dit : «Tu vas venir avec moi». Et j’ai répondu oui avec enthousiasme. A partir de ce moment, il s’est occupé de ma formation de base pendant 18 mois : il m’a fait faire tous les services et métiers de l’entreprise. Celle-ci se situait encore à Saint-Saulve et avait accédé au rang d’entreprise de taille intermédiaire. Elle comptait 250 salariés ainsi que des succursales un peu partout en France. Son chiffre d’affaires atteignait environ 5 millions d’euros d’aujourd’hui.

 Peut-on parler d’une vocation ?

A partir de 12 ans, je m’en souviens très bien, lorsqu’on allait au Touquet, j’accompagnais un marchand ambulant qui vendait des épices. Cela a duré quelques années. Je crois que j’avais la fibre commerçante. En outre, il y a des commerçants dans la famille. On peut donc bien dire que j’ai repris et poursuivi l’aventure familiale…

 Quand avez-vous accédé à la direction ?

Mon père m’a fait découvrir tous les échelons. Ce qui fait de moi un autodidacte qui n’aura connu qu’une seule entreprise durant sa carrière. En 1976, je suis devenu directeur du marketing. En 1979, mon père m’a confié la direction générale. Le chiffre d’affaires était passé à 15 millions, le nombre des salariés à 400, mais les bénéfices étaient vraiment faibles. C’est à partir de cette date que j’ai vraiment repris le rêve familial. L’implantation à Marly date de 1975 et se justifiait par un site de Saint-Saulve devenu trop petit et une nécessaire refonte de tout le système informatique. En 1986, il m’a nommé président de la filiale française et, en 1996, je suis devenu président du groupe, fonctions que j’occupe toujours aujourd’hui.

 Avez-vous votre façon de diriger ?

Je me suis fait une règle de toujours mettre l’intérêt de l’entreprise avant celui des dirigeants et des actionnaires. Et ce n’est pas facile à tenir… Je vous ai donné les raisons de ma discrétion : préserver ma tranquillité et celle de ma famille. Mais elle s’explique aussi par mon choix de plutôt mettre en avant, en valeur, mes principaux collaborateurs, une fois que la stratégie est bien définie. Personnellement, je n’ai pas besoin de recevoir de prix, les résultats de l’entreprise suffisent à me récompenser. Là, je fais une exception.

 

Photo Lyreco

Au siège de Marly, une vue sur les bureaux où l’une des grandes activités est le traitement des commandes.

Où en êtes-vous du rêve familial ?

Lyreco, numéro un européen, c’est fait. Maintenant, nous devons accéder au rang de leader. Le leader, c’est celui qui joue un rôle clé, celui qui fait évoluer le marché, celui qui donne le ton. C’est l’objectif.

 

Et ce rêve familial, rappelez-nous comment il a commencé.

Mon grand-père, Georges Gaston, natif de Guise dans l’Aisne, en 1896, était venu à Valenciennes pour y devenir apprenti relieur. En 1926, il a repris une papeterie librairie, rue du Quesnoy. Celle-ci a disparu en 1940 dans les bombardements mais, heureusement, il avait très vite entrepris de développer ce commerce en démarchant les entreprises, les «grands comptes» et en se lançant dans la livraison. Il ne s’est donc pas contenté d’attendre le client. Pour cela, en 1936, il avait fait construire 1 200 m2 à Saint-Saulve qui ont, eux, échappés aux destructions de la guerre. C’est là qu’étaient installés les stocks. En outre, il avait repris une imprimerie. Mon père, Etienne, est entré dans l’entreprise en 1942. En 1951, il a arrêté l’imprimerie, devenue obsolète, et a mis l’accent exclusivement sur les fournitures de bureau. Mon grand-père a pris sa retraite en 1956 et passé alors le relais à mon père.

 Vous représentez la troisième génération. Et après vous ?

Je l’ai déjà dit : une de mes filles, Nathalie, 36 ans, travaille avec moi à la direction financière. Il est prévu qu’elle me succède. Mon autre fille, Caroline, a sa propre affaire, dans la bijouterie/joaillerie, dans la région parisienne.

A la tête d’un groupe international de 10 000 personnes

 Georges André Gaspard, président de la SA Lyreco, poursuit donc une histoire familiale qui a commencé, modestement, à Valenciennes. Son parcours professionnel, débuté à 18 ans, témoigne d’un apprentissage et d’une ascension dans la société familiale.

Depuis 1926, celle-ci a fait beaucoup de chemin − c’est le moins que l’on puisse dire −, tout en restant fidèle à la fois à ce domaine des fournitures de bureau et au Valenciennois. Lyreco tient à s’afficher comme un groupe 100% familial et indépendant.

Voici quelques chiffres qui montrent l’étonnante progression de l’aventure familiale.

Lyreco est présente sur les cinq continents, dans 37 pays, grâce à 27 filiales et à une dizaine de partenariats. Elle compte environ 10 000 employés, dont plus de 2 000 en France. Parmi ses clients, l’Etat, de «grands comptes», des PME/PMI.

Le siège social, et «centre de traitement de l’information», se situe donc à Marly, non loin des autoroutes ; 700 personnes environ y travaillent. En France, Lyreco dispose de 43 plates-formes régionales et de deux centres de distribution : l’un à Digoin (Bourgogne), l’autre à Villaines-la-Juhel (Bretagne).

En moyenne, 50 000 colis sont livrés en France chaque jour. Ce nombre passe à 235 000 à l’international. 

Qu’entend-on par fournitures de bureau ? Lyreco aime à dire qu’elle décline toujours trois activités de base − «lire, écrire, compter» −, auxquelles il faut ajouter, bien sûr, toutes les évolutions techniques. Aujourd’hui, le groupe commercialise ses produits sous sa propre marque mais a noué des partenariats avec d’autres grands noms. Son offre se répartit en 15 sections qui vont des supports de sauvegarde et accessoires informatiques, aux matériels pour conférence et communication, en passant par les consommables, l’hygiène et l’entretien…

Sur son site internet, on peut découvrir, avec plus de détails, l’activité et la vie de l’entreprise nordiste.

D.R.

L’implantation à Marly, où se trouve le siège social, remonte au milieu des années soixante-dix.