Génocide des Tutsi: au dernier jour de son procès à Paris, un ex-médecin rwandais répète avoir voulu "sauver des vies"

Jugé aux assises à Paris pour son implication éventuelle dans le génocide des Tutsi en 1994, l'ancien médecin rwandais Sosthène Munyemana a répété mardi qu'il avait agi "pour sauver des vies", avant que...

Croquis d'audience de l'ancien médecin Sosthène Munyemana (d) lors de son procès pour son éventuelle implication dans le génocide au Rwanda en 1984, le 14 novembre 2023 devant la cour d'assises de Paris © Benoit PEYRUCQ
Croquis d'audience de l'ancien médecin Sosthène Munyemana (d) lors de son procès pour son éventuelle implication dans le génocide au Rwanda en 1984, le 14 novembre 2023 devant la cour d'assises de Paris © Benoit PEYRUCQ

Jugé aux assises à Paris pour son implication éventuelle dans le génocide des Tutsi en 1994, l'ancien médecin rwandais Sosthène Munyemana a répété mardi qu'il avait agi "pour sauver des vies", avant que la cour ne se retire pour délibérer.

"J'agissais pour sauver des vies", a-t-il déclaré à la barre, où il avait été invité pour prononcer ses derniers mots à l'issue de six semaines de procès.

"Je n'ai jamais eu d'engagement, je n'ai jamais prêté allégeance à qui que ce soit", a ajouté le médecin de 68 ans, aujourd'hui retraité et qui vit dans le sud-ouest de la France depuis septembre 1994. "Avec mes voisins et certains de mes collègues, nous nous sommes opposés de tout notre possible à l'indicible".

"On a fait de notre mieux, c'était très risqué, tout allait très vite", a-t-il souligné, avant d'exprimer "toute sa sympathie" aux familles des victimes du génocide.

Il a appelé la cour à prendre une décision qui le "délivrerait" et lui rendrait sa "dignité".

L'accusé a comparu, en vertu de la compétence universelle de la justice française, devant la cour d'assises de Paris pour génocide, crimes contre l'humanité, participation à une entente en vue de la préparation de ces crimes, ainsi que pour complicité.

Lundi, les avocats généraux ont requis une peine de trente ans de réclusion criminelle à son encontre, estimant que la "somme" de ses choix dessinait "les traits d'un génocidaire".

Sosthène Munyemana se voit reprocher d'avoir signé une motion de soutien au gouvernement intérimaire institué après l'attentat contre l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana, qui a encouragé les tueries commises entre avril et juillet 1994.

Le génocide rwandais a fait plus de 800.000 morts, pour la plupart d'ethnie tutsi, selon l'ONU. 

On l'accuse aussi d'avoir mis en place des barrières et des rondes à Tumba, dans la préfecture de Butare (sud du Rwanda), au cours desquelles des personnes ont été interpellées avant d'être tuées, et d'avoir détenu la clé d'un bureau de secteur où étaient enfermés des Tutsi avant leur exécution.

Pendant les débats, Sosthène Munyemana n'a eu de cesse de contester ces accusations, affirmant avoir été un Hutu modéré qui avait au contraire tenté de "sauver" des Tutsi en leur offrant "refuge" dans le bureau de secteur. 

Ses avocats, Mes Florence Bourg et Jean-Yves Dupeux, ont plaidé l'acquittement, dénonçant un réquisitoire "implacable", "sans une once d'humanité".

edy/pa/cal      

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