Gazettescope

Gazettescope : rouler électrique, nouvel Eldorado ?

Demain, irons-nous tous travailler dans notre entreprise mosellane en voiture électrique ? Laquelle nous est souvent vendue comme parée de mille vertus. Les évidences ne sont pourtant pas toujours… évidentes.

Vous souvenez-vous des films de science-fiction en noir et blanc des années 50/60, des bandes dessinées de ces années-là ? Beaucoup avaient ce trait commun d’imaginer l’an 2000. De décrire nos modes de déplacement… en voitures volantes. Clairement, à notre époque d'ultra-communication et d'hyperconnexion, nos véhicules sont bien restés les quatre roues ancrées sur l’asphalte. En témoignent les kilomètres de bouchons qui accompagnent chaque été nos transhumances sur nos lieux de villégiatures. Et plus quotidiennement, nos incontournables bouchons sur l’A31, matins, midis et soirs. Non, vraiment, la fameuse DeLorean de la saga «Retour vers le futur» restera une utopie.

L'autonomie en question

Et voilà que sur l’autel de la transition écologique - indispensable -, de la sobriété énergétique - souhaitée -, s’immisce subrepticement cette injonction permanente d’acheter des véhicules électriques. Le nouveau Graal des constructeurs, l’alpha et l’oméga tendance des discours politiques parlant d’écologie. Si ces voitures sont réputées fiables, s’avèrent peu onéreuses à l’entretien, finalement plutôt agréables à la conduite - comme finalement de nombreux modèles aux motorisations thermiques classiques -, elles ne pèsent pour l’heure que 8 % des ventes de véhicules neufs en France. Ce, malgré les dispositifs, bonus et subventions. Pourquoi ce relatif faible engouement ? Sans doute parce que les questions se posent rapidement. Et qu’au travers elles, on se rend compte que le véhicule vert n’est au final pas estampillé «Alice au pays des merveilles», version transports. Autonomie ? Valeur à la revente ? Facilité de recharge ? Prix d’achat plus élevé ? Chacun d’entre nous est un automobiliste pragmatique, regardant son porte-monnaie - surtout et plus que jamais par les temps présents -. Qui envisagerait aujourd’hui de parcourir un trajet supérieur à 300 km tant le nombre de bornes sur autoroute est peu dense en France ? La recharge en watts est-elle vraiment plus économique qu’un plein d’essence ?

Nouveau modèle de la surconsommation ?

L’argument phare des promoteurs de la voiture électrique est sa vertu environnementale. On ne peut qu’être sensible à l’argument… qui mérite pondération dans son approche. Car l’impact écologique d’une voiture électrique, de sa construction à sa destruction, est loin d'être idyllique. En Chine, consommatrice gloutonne d’énergies fossiles et de charbon, la construction d’une voiture électrique génère plus de 26 tonnes de CO2. Comparés aux 17 tonnes en Europe… pour un véhicule thermique. Marché en devenir, celui du véhicule électrique ne serait-il pas l’un des nombreux exemples de notre monde de surconsommation, où l’obsolescence programmée est devenue un rite ? Récemment, la Commission européenne a entériné la fin de la production des véhicules thermiques pour 2035. Elle planche actuellement sur une législation obligeant les constructeurs à respecter un plafond d’empreinte carbone maximum pour les batteries de leurs véhicules électriques, sous peine de leur interdire la mise sur le marché. Sans doute la technologie et l’écosystème de la voiture électrique auront-ils bien évolué d’ici là. Le défi est immense : démocratiser le véhicule 100 % électrique, avec la même polyvalence que le thermique, des performances équivalentes, au tarif identique. Il y a donc encore du chemin à parcourir pour arriver à bon port ! Rouler 100 % électrique ? Pas en traversant la rue. Du moins, pas tout de suite...