Gazettescope
Gazettescope : la saison du stagiaire est ouverte...
Comme les hirondelles au printemps, voici revenus les stagiaires en entreprise. Entre clichés et réalité, ils ont même désormais leurs «chasseurs de tête». On vous dit tout.
D’abord le cliché, la caricature, les traits grossis. Le stagiaire est un étudiant un peu gauche, errant dans les couloirs d’une entreprise à la recherche d’une photocopieuse, habillé au travail comme s’il sortait en boîte de nuit le soir-même, arrivant le matin ébouriffé, car sortant justement de boîte de nuit, en retard bien sûr, et partant à la seconde près, parfois ne venant que de façon épisodique, car victime d'une panne - à répétition - d'oreiller. Le stagiaire, cet être un peu étrange, poussant la porte de l’entreprise et ne sachant d’ailleurs pas trop pourquoi, tel un zombie, finalement pas très utile. Bon, on va arrêter de décliner les archaïsmes et revenir à un peu de modernité. Le stagiaire a sa date sur le calendrier. Sa fête nationale est le 10 novembre. Ce 341e jour de l’année est la Saint-Léon. Vous nous direz, cela n’a pas grand rapport, on le concédera volontiers, avec le statut du dit stagiaire.
Le stagiaire parfait...
Pour nombre d’entreprises, le stagiaire - encore lui -, ou elle, car c’est l’un des mots de plus en plus rares de notre belle langue française, qui échappera à la mode - ou au diktat - non genrée, est une espèce de plus en plus prisée par les entreprises, grands groupes, comme PME, TPE, artisans. Un nombre croissant de cabinets de recrutement se sont spécialisés dans le domaine. À savoir, enfiler la panoplie de «chasseurs de tête», avec cette mission de dénicher les perles rares pour les entreprises. Car, comme sur le marché de l’emploi, le marché des stagiaires souffre d’une dissonance entre offre et demande. En clair, énormément d’étudiants ne trouvent pas de stages longs, de quatre à six mois, parce qu’ils contactent tous un panel trop restreint d’entreprises, généralement prises d’assaut. De l’autre, beaucoup de sociétés ne parviennent pas à trouver les effectifs dont elles ont besoin. Ce sont là majoritairement des TPE/PME, trop petites pour attirer les candidats et qui ont bien souvent du mal à identifier les profils qu’elles recherchent. C’est le fameux effet «moutons à cinq pattes», ce stagiaire que l’on ne trouve jamais car on lui demande un impossible catalogue de compétences. Un profil situé dans une galaxie lointaine, entre l’Arlésienne et la chasse au dahu.
Un apprentissage de l'entreprise
Alors, quand vient le temps de dépasser les images d’Épinal, le stagiaire trouve toute sa place dans la sphère de l’entreprise. La majorité se donne à 110 %. Un nouveau stagiaire, c’est un patchwork de compétences nouvelles. Dans l’absolu, c’est une bonne chose. Même si cela peut bousculer les us et coutumes de l’entreprise, le rituel huilé des salariés. Une fraîcheur et une énergie qui peuvent s’avérer bien utiles dans une équipe. Des stagiaires débrouillards, travailleurs, ponctuels, souriants : ils ne sont pas si rares. Tirer le bon numéro, un vrai plus pour un employeur. Qu’ils soient obligatoires ou facultatifs, les stages sont un atout considérable pour le CV des étudiants. Première expérience professionnelle, construction d’un réseau, découverte d’un métier, mise en pratique des théories acquises en cours... autant d’avantages qui permettent de gagner en crédibilité lors de la recherche du premier emploi. On estime à près de 2 millions le nombre de stagiaires en France par an. Un chiffre positif : 85 % considèrent leur stage comme formateur. Mais, seulement 22 % trouveraient un emploi suite à un stage. Lequel est avant tout professionnalisant, mais n’est pas forcément un tremplin vers l’emploi. On le voit, la venue d’un stagiaire en entreprise ne se résume pas à servir le café, même si cela est une marque de courtoisie. Le stagiaire, cet éphémère, arrivant dans un bureau pour en disparaître quelques semaines après. L’effet «nid d’oiseau». Apprendre avant de voler de ses propres ailes…