Friville-Escarbotin : Boutté vise les 40 millions d’euros de chiffre d’affaires en cinq ans

Il suffit de passer quelques secondes dans l’imposant showroom de Boutté à Friville-Escarbotin pour se rendre compte à quel point ses savoir-faire sont uniques dans le domaine du décolletage : elle usine des pièces à partir de matières premières, mises en forme de barres, en petites, moyennes et grandes séries (de 200 à un million de pièces), au moyen de tours automatiques, à cames ou à commandes.

Une belle remontée après la pandémie

La société fondée il y a 156 ans a développé trois activités autour de ce métier. La première est la sous-traitance industrielle sur plans clients dans des domaines aussi différents que : chaudières/ chauffage, robinetterie, adduction et traitement des eaux, gaz médical, serrurerie, outillage à main… en France et Europe. La seconde concerne la conception, la fabrication et la distribution de produits d’arrosage de surface pour des grandes et moyennes surfaces de bricolage, libre-service agricole, jardinerie, négoces matériaux et e-commerce en France, en Europe et aux États-Unis. 

Enfin, elle conçoit, fabrique et distribue des produits de plomberie pour des moyennes surfaces de bricolage, des grossistes, des négoces matériaux, des quincailleries, le e-commerce en France et en Europe. Employant 140 salariés, dont trois apprentis (Boutté en recherche un de plus), l'entreprise recrute régulièrement de nouveaux collaborateurs (tourneur-fraiseur, embarrure, régleur).

Si son chiffre d’affaires comme beaucoup d’entreprises a connu une baisse en 2020, il s’est bien redressé pour passer de 23,571 millions d'euros en 2020 à 27,832 millions en 2021et à 31,063 en 2022 : « Nous avons plongé mais mais tant que cela, commente Gilles Buridard, le Directeur général. L’activité s’est redressée sur les trois activités. À fin mai de cette année, nous étions à plus 7%. J’explique cela par notre dynamique commerciale. Pour l’activité distribution, nous pouvons compter sur onze personnes en interne, dont quatre au marketing, et 35 VRP sur le terrain. Pour la sous-traitance industrielle, la force est composée d’un directeur commercial, Fabien Colas, de deux assistantes à l’administration des ventes et d’un commercial sédentaire. L’export représente 6% de notre activité. »

Développer l’export

Les perspectives à cinq ans sont d’atteindre 40 millions d’euros de chiffre d’affaires en élargissant la distribution des produits Boutté à l’export. Autres ambitions : développer de nouvelles gammes de produits en arrosage et en plomberie pour offrir aux utilisateurs de nouvelles solutions dans la gestion de l’eau au quotidien. Décolleter des pièces complexes, à forte valeur ajoutée (matières et géométries complexes précision jusqu’au 100^e de mm) et, enfin, devenir un fournisseur incontournable en distribution comme en industrie dans la fabrication de pièces de plus en plus complexes. Car, et c'est un de ses gros atouts, Boutté fabrique ses outils de coupe et de forme utilisés pour l’usinage de composants (atelier d’outillage intégré).

Logiquement, l’entreprise s’est lancée ces dernières années dans des investissements de plus de 1,6 million d’euros visant à maintenir le haut niveau de qualité de ses produits en adéquation avec sa charte RSE tout en favorisant son autonomie : « Plus on arrivera à être autonomes, plus on sera efficaces, affirme Roch Buridard, directeur marketing et commercial et fils de Stéphane Buridard, le président de l'entreprise. La distribution change. Il faut qu’on soit de plus en plus rapide, qu’on stocke plus. »

Pour se faire, Boutté à investi dans trois tours de stockage dynamique (pour 222 000 euros) de 6,5 mètres de haut représentant 3 000 emplacements. Avec seulement 30 m² d’emprise au sol, elles assurent le stockage des références qui nécessitaient avant 150 m² : « Elles permettent d’améliorer les conditions de travail en réduisant le port des produits, poursuit Gilles Buridard, lors d’une visite des ateliers. Les déplacement sont limités, les risques d’erreur sont évités. Pour l’arrosage et la plomberie, nous stockons dès février. Nous ne pouvons pas nous permettre de pas livrer nos clients quand il fait beau ! »

Toutes les coques en plastiques seront supprimées d’ici fin 2023

Ayant bénéficié d’aides de France relance [ndlr, 487 000 euros en 2022], Boutté a pu investir il dans un pôle impression équipé d’une imprimante à plat et d’une table de découpe laser pour des boîtes et plaques brochages en carton recyclable (256 000 euros) et dans cinq machines à poser des liens (30 000 euros) : « Ce sont onze tonnes de PVC économisés par an, soit une réduction de 29 tonnes d’équivalent CO₂. Toutes les coques en plastiques seront supprimées d’ici fin 2023 en réponse à la loi Agec, et pour répondre aux attentes des clients distributeurs et conformément à notre démarche RSE. Ces aides dont nous avons eu la chance de bénéficier servent d’accélérateur », ajoute le DG.

Boutté vient aussi d’équiper son atelier d’un tour multibroches à cames rétrofilé adapté aux grandes séries pour le décolletage de laiton sans plomb dont la demande est croissante et d’un tour à poupée mobile (431 000 euros) adapté au décolletage des pièces longues et de géométries complexes usinage de composants jusque 38 mm de diamètre contre 32. Elle a aussi installé des moyens de contrôle : projecteur de profil et caméra d’inspection.

Côté démarche RSE, une extension de 120 m² (230 000 euros) fait office de sas d’entrée du parc matières premières et ateliers de décolletage. Il permet des économies d’énergies. Les machines par la constance en températures gagnent en précision. Les produits chimiques sont stockés en toute sécurité. La charte RSE en elle même est cours de déploiement. Plus de 30 actions "environnement et ancrage territorial" ont été identifiées. Citons notamment la mise en place d’éclairage LED, l’installation de portes sectionnelles automatiques, de nouveaux compacteurs de copeaux et machines de dégraissage et tribofinitions zéro rejet, ou encore une étude d’un système de récupération des eaux de pluie.