Fransylva Hauts-de-France, le garant de la vie des forêts

Fransylva est la seule organisation socio-professionnelle représentant l'ensemble des propriétaires forestiers et sylviculteurs privés et le premiers maillon de la filière bois. Si elle défend les forêts privées auprès des pouvoirs publics français et européens, l'organisation accompagne surtout les propriétaires dans une gestion durable des forêts pour trouver un équilibre entre les enjeux économiques et environnementaux tout en garantissant la pérennité de la filière bois, qui emploie 400 000 personnes en France. Marie Pillon, Directrice générale De Fransylva Hauts-de-France depuis six ans, se penche, avec passion, responsabilité et altruisme, sur le visage de la forêt de demain et l'avenir de la filière bois.

Marie Pillon, Directrice générale de Fransylva Hauts-de-France. (c)Eloise Le Névanic
Marie Pillon, Directrice générale de Fransylva Hauts-de-France. (c)Eloise Le Névanic

Quel est le visage des forêts privées ?

Marie Pillon : Nous avons une diversité de propriétaires forestiers, soit ils possèdent une petite ou une grande unité de gestion mais souvent ce sont des personnes qui ont hérité des parcelles et qui ont une autre activité professionnelle par ailleurs et il y a toutes les catégories sociales En France, il y a plus de 3 millions de propriétaires forestiers, et 75% des surfaces boisées sont privées, l'enjeu de la préservation des forêts est donc important. La forêt ne fait que croître, aussi bien en Hauts-de-France qu'à l'échelle de la France, soit parce que les propriétaires replantent des arbres soit parce que ce sont des zones de déprises agricoles qui redeviennent des espaces boisés. Mais cela passe aussi par des politiques volontaristes. Au total, 15% du territoire régional est boisé, avec des différences selon les départements, l'Oise étant le département le plus boisé (22%).

Quel est votre rôle aux cotés de ces propriétaires ?

En tant que syndicat, nous représentons les propriétaires auprès des instances politiques et publiques. Mais nous assurons des missions de conseils et de formations tout au long de l'année car les propriétaires ne sont pas des professionnels de la gestion forestière. L'objectif est de les sensibiliser à la mise en valeur de leur patrimoine boisé et de leur permettre d'appréhender les enjeux de la gestion forestière qui se veut durable. Nous leur donnons les clés pour qu'ils puissent échanger avec les gestionnaires qui interviennent dans leurs parcelles (marquage de bois, organisation de chantiers de plantation, etc.) et leur expliquer et conseiller sur les enjeux environnementaux que représentent les bois et les forêts.

75% de la surface forestière en France est privée

Comment appréhendez-vous ces enjeux environnementaux ?

Le premier enjeux pour nous est d'anticiper. Derrière ce terme, cela veut dire anticiper les évolutions climatiques et aujourd'hui le sujet du renouvellement des forêts, en conséquence de cette évolution, est majeur car l'arbre que nous plantons mettra 20,60,100 ans à pousser selon l'espèce. Dans 100 ans, nous n'aurons pas le même climat, donc le nouvel enjeu repose sur de nouveaux peuplements d'arbres adaptés au climat d'aujourd'hui mais aussi susceptibles de l'être dans l'avenir. Nous ne pouvons pas rester attentistes car nous avons déjà des effets visibles et à trop vouloir attendre c'est laisser le fardeau aux générations futures mais nous ne devons pas non plus nous précipiter à planter des espèces qui ne seraient peut-être pas adaptées. L'autre enjeu est de gérer durablement les forêts, cela veut dire prendre en compte les trois piliers : production, écosystème et attentes sociétales. L'adaptation des forêts au changement climatique est plus prégnant qu'il y a 20 ans. Depuis quelques années, il y a des épisodes de chaleurs plus longs avec moins d'eau... il y a un cumul d'épiphénomènes et les arbres le vivent comme des à-coups qui se cumulent et ils rentrent dans un processus de dépérissement, et c'est le cas ces dernières années. Mais il y a aussi des attaques d'insectes, des terrains sableux, des arbres trop vieux... de nombreux paramètres rentrent en compte. Pour gérer durablement les forêts, c'est aussi intervenir pour les aider. Par exemple, les coupes des arbres sont souvent vues comme un massacre et cela ne fait plaisir à personne, mais elles sont nécessaires pour trouver un équilibre entre l'intérêt économique de la filière bois et l'intérêt environnemental. Ainsi, nous permettons à certains arbres de mieux pousser ou d'enlever ceux qui sont en dépérissement pour en planter d'autres. Finalement, sur une parcelle, nous intervenons très régulièrement car nous suivons le cycle de la vie des arbres.

Quel est votre place au sein de la filière bois ?

Nous sommes le premier maillon de la chaîne de la filière bois, car nous produisons du bois. La forêt pousse toute seule, mais nous intervenons pour concentrer la croissance naturelle sur des arbres qui vont correspondent aux sols et sur les espèces de plus belle qualité pour, in fine, répondre aux enjeux de la filière tout en préservant la biodiversité. Nous sommes là pour concilier les différentes attentes : celles d'une filière, celles de la société avec l'envie de nature, et celles des consommateurs qui consomment de plus en plus de mobilier en bois. Nous sommes le garant de la vie des forêts et d'un bois de qualité.

Chiffres (Hauts-de-France)

120 000 propriétaires forestiers

496 000 ha de superficie totale

37 000 salariés pour la filière bois


Master Plan régional Forêt Bois 2022-2027

Fédéré par Fibois Hauts-de-France, la filière forêt bois régionale regroupe de nombreux acteurs. Un second Master plan a été rédigé en concertation avec de nombreux partenaires, et se veut être en cohérence avec les grands enjeux nationaux. C'est un document stratégique qui permet aux Hauts-de-France de poursuivre la construction d'une filière bois structurée, compétitive et créatrice d'emplois. Les objectifs de ce Master plan est aussi d'accompagner 460 entreprises, de sensibiliser 4 200 collectivités et d'obtenir 23 nouvelles certifications ou nouveaux produits. D'autres objectifs sont actés : 20 km de nouvelles dessertes forestières, 6 250 ha renouvelés (soit 5 770 000 arbres plantés qui vont fixer 143 000 tonnes de CO2 supplémentaires par an).

Un plan de gestion sur 20 ans très stricte

La majorité de la forêt publique et privée fait l'objet d'une programmation de la gestion, conformément au Code forestier, très protecteur des espaces boisés en France. Pour les forêts privées, les propriétaires de plus de 20 ha doivent présenter un Plan de gestion qui définit les coupes et travaux qu'ils souhaitent réaliser. Ce plan repose sur une analyse de la forêt et des parcelles, des enjeux, les attentent et contraintes des propriétaires. L'équilibre faune/flore et de l'impact du gibier sont aussi analysés. Chaque propriétaire est ensuite dans l'obligation de réaliser des travaux selon l'état de sa parcelle.