Dossier experts-comptables
François Almaleh : «Le rôle de l'Apia est de professionnaliser l'administrateur indépendant»
L'antenne régionale de l'Apia (Administrateurs professionnels indépendants associés), présidée par François Almaleh, lui-même épaulé par une dizaine de membres, dont Xavier Vankeerberghen, œuvre pour professionnaliser le rôle de l'administrateur indépendant au sein des PME et ETI. À la clé, une meilleure gouvernance et donc de meilleures performances pour les entreprises.
La Gazette : Quand est née l'Apia et comment fonctionne-t-elle ?
François Almaleh : L'Apia est une association fondée en 2004 par des dirigeants d'entreprise conscients que les administrateurs étaient souvent de bonne volonté mais pas toujours bien formés. Elle compte environ 200 membres sur le plan national, issus de secteurs très variés.
Nous sommes tous actifs et oeuvrons bénévolement au sein de l'association. Pour ma part, je travaille chez Finadoc, dans la finance et l'actionnariat. J'avais un peu de temps libre à offrir et surtout beaucoup de convictions à servir.
L'antenne des Hauts-de-France, que je préside depuis septembre 2019 et qui est basée à Lille, a vu le jour il y a trois ans. Elle se compose pour le moment d'une dizaine de membres. Il nous semblait très important de couvrir cette région dynamique, qui est une terre d'entreprises familiales et patrimoniales, deux types d'entreprises que nous ciblons.
Xavier Vankeerberghen : De mon côté je suis à la tête d'Arcole développement, une société fondée en 2012 et spécialisée dans le coaching de dirigeants à Lille. J'ai participé en 2018 à la création du bureau Apia des Hauts-de-France aux côté de Philippe Thomas, l'ancien président. Actuellement, j'y occupe des fonctions dans le conseil et la communication.
Quelle est la philosophie de l'association et quelles sont ses ambitions ?
F. A. : Notre credo, c'est la professionnalisation de l'administrateur indépendant par des moyens très concrets. Nous nous adressons aux PME et ETI qui ont un organigramme assez court. Intégrer un administrateur indépendant permet au dirigeant d'améliorer ses décisions, d'avoir quelqu'un pour l'aider à valider sa stratégie et de tisser des liens plus forts avec son équipe.
X. V. : Le dirigeant, même s'il est très entouré, est quelqu'un d'assez isolé. L'administrateur indépendant lui apporte un regard extérieur, neutre, bienveillant, sans conflits d'intérêts et avec du recul. C'est donc une alchimie gagnante ! Grâce à la confiance qui se crée entre lui et le dirigeant, l'image de l'entreprise est souvent meilleure et son développement, plus performant. En ces temps de crise, ce sont deux éléments indispensables, rassurants, notamment aux yeux des banquiers et des fournisseurs.
«Le dirigeant, même s'il est très entouré, est quelqu'un d'assez isolé»
Par quelles actions parvenez-vous à améliorer le rôle de l'administrateur indépendant ?
F. A. : Nous travaillons sur deux points très concrets. Le premier, c'est la production écrite, structurée, de cahiers informatifs qui se fait avec l'ensemble de nos partenaires. L'Apia en est déjà à 36 publications, sur des thèmes aussi variés que la gouvernance au sein d'une start-up, l'amélioration des performances du dirigeant, le pacte actionnaire, etc. La dernière portait sur la transmission familiale. Toujours, évidemment, sous le prisme de l'administrateur indépendant et avec de nombreux témoignages de dirigeants.
X. V. : Notre deuxième axe de travail, c'est l'autoformation. Nous en proposons environ six par an, animées par des membres de l'Apia et là aussi sur des thèmes très variés, tels que la raison d'être, un levier de performance, ou le rôle de l'administrateur indépendant dans une entreprise familiale. Nous avons fait le choix d'opter pour des formats participatifs et non sur des formations descendantes pour permettre à chacun de s'exprimer et aux dirigeants invités de faire part de leur expérience. Car plus c'est concret, plus c'est parlant. Nous allons proposer également, de manière plus ponctuelle, des Matinales avec les acteurs de la gouvernance de la région.
La crise sanitaire et économique a-t-elle renforcé vos convictions ?
X. V. : Durant ces derniers mois, les dirigeants étaient dans une vision à court terme. Ils étaient dans l'urgence, l'adaptation au jour le jour et parfois même dans la survie. Il ne faut évidemment pas rester là-dessus. Il est nécessaire de reprendre une vision à plus long terme, d'aider les dirigeants à se rechallenger, de tenir compte de leurs nouvelles aspirations et de tirer les leçons de cette période. En bref, il faut les aider à trouver le chemin de la résilience.
Quels sont les projets et priorités de l'Apia dans les prochains mois ?
F. A. : Notre priorité est de décrocher trois à quatre mandats de PME/ETI et de recruter cinq ou six nouveaux membres au sein de l'association pour pouvoir croiser les compétences. J'espère que nous serons une vingtaine d'ici à un an. La région a le potentiel pour en tout cas !