Bilan 2023 de la FNTR
Fragilisé, le transport routier en région résiste difficilement à la crise
La Fédération nationale des transports routiers (FNTR) dresse un bilan 2023 du transport routier. Dans un contexte de crise inflationniste et énergétique, la filière régionale résiste tant bien que mal mais circule sur des routes escarpées. Eclairage.
Après deux années post covid très positives, l'année 2023 s'avère beaucoup plus compliquée pour les acteurs du secteur. «On est loin de l'euphorie des deux dernières années. On assiste à un tassement de l'activité mais il n'y a pas non plus de catastrophisme» introduit Olivier Arrigault, secrétaire général de la FNTR dans le Nord.
Le ralentissement général de la filière entraîne une baisse
des chiffres d'affaires et des difficultés croissantes de
trésorerie. Un
chiffre attire particulièrement l'attention : 58 défaillances
d'entreprises ont
été constatées au mois d'août dernier par la Fédération –
selon un rapport de la Banque de France – contre 43 en 2022 et
seulement 20 en août 2021.
«On
assiste à une accélération du nombre de défaillances et la
tendance ne devrait pas s'inverser»
poursuit
l'intéressé.
Face
à l'inflation, les entreprises sont directement impactées. «Le
consommateur a changé, son budget a changé, tout a changé même le
e-commerce a chuté puisque les gens privilégient aujourd'hui les
loisirs et les voyages» regrettent les chefs d'entreprises
de transport présents à l'occasion de l'assemblée générale de la
FNTR qui s'est tenue début octobre à Croix.
97% de la flotte encore au diesel
Aujourd'hui,
la transition énergétique de la filière est au centre de tous les
débats. La flotte de transports à l'échelle nationale est composée
actuellement de 97% de véhicules diesel contre seulement 3% de
véhicules ayant fait l'objet d'une conversion vers une motorisation
alternative. «La marge est encore énorme»
résume le porte-parole de la FNTR.
Certains
dirigeants n'ont pas attendu 2023 pour franchir le cap. C'est le
cas de Jean-Luc
Dejode,
dirigeant chez Load Transports, qui a
renouvelé 25% de sa flotte depuis 6 ans : «On
partait vers l'inconnu, ça a été un surcoût à l'achat mais il
fallait prendre le virage».
De son côté, Arnaud Stock,
directeur de
Stock Logistic se
montre inquiet : «Nous
sommes obligés de décarboner le métier mais encore faut-il qu'on
en ait les capacités. Tant que les constructeurs feront des
véhicules gazole, on achètera du gazole sauf si l'électrique est
économiquement accessible et l'autonomie des véhicules
suffisante». Actuellement, un véhicule électrique coûte jusqu'à 5 fois plus
cher qu'un véhicule classique et avec une autonomie moindre.
Outre
l'électrique, d'autres alternatives existent à savoir les
bio-carburants comme le B100 à partir d'huile de colza, le XTL-HVO à
base d'huile de friture, le gaz naturel véhicule (GNV) ou encore
l'hydrogène. «La
décarbonation ne doit pas passer que par l'électrique»
partagent les dirigeants. Si l'Union Européenne s'engage à
atteindre une neutralité carbone à horizon 2050 dans la mobilité,
les chefs d'entreprises du secteur se montrent réticents :
«cela
signifie qu'il manque 600 000 véhicules électriques en Europe, en
17 ans, c'est juste impossible».
Sans oublier le manque crucial de bornes sur le territoire national.
«On
est prêts, mais nous faisons avec nos moyens, nous ne sommes pas
ingénieurs»
glissent-ils.
Pénurie générale de main d'œuvre
Le manque d'attractivité de la filière explique également les difficultés rencontrées par les entreprises. Cette année, les revalorisations salariales ont tourné autour de 4%. Un chiffre jugé insuffisant pour les acteurs du transport routier. «On est en recrutement permanent, il y a une vraie pénurie de main d'œuvre. Il manque 10% de collaborateurs en moyenne dans les entreprises» livre Caroline Lambert, à la tête des Transports Lambert à Lompret.
Les anciens conducteurs partent mais ne sont pas remplacés et les
jeunes sont de moins en moins intéressés par le métier. De
nombreuses entreprises tentent d'attirer les candidats à l'emploi à
travers un assouplissement des horaires, un renouvellement de la
flotte avec des véhicules innovants ou encore des conditions de
travail allégées. La filière traverse donc une zone de turbulence
mais les dirigeants ne se montrent pas abattus.
Quelles missions pour la FNTR ?
Présente depuis plus de 20 ans à Bruxelles, la FNTR a pour mission de défendre et promouvoir le transport routier de marchandises et se bat pour une Europe des transports équilibrée. A l'échelle nationale, elle agit pour faire évoluer la législation et la réglementation. Elle est reconnue comme l'organisation majoritaire représentative du transport routier. La FNTR Nord, c'est 250 entreprises du Transport routier de Marchandises et de la Logistique adhérentes, de toutes tailles et de toutes les spécialités.