Travaux publics
Fourchard & Renard : l’exigence d’un métier méconnu
Créée à Bar-le-Duc en 1936, l’entreprise Fourchard & Renard est spécialisée dans la réalisation de travaux de maintenance de voies ferrées et la sécurisation des chantiers pour la SNCF. S’appuyant sur une centaine de salariés, la PME met en avant le savoir-faire de ses hommes et ses équipements de pointe pour renforcer son image.

Vivre dans l’ombre de la SNCF. Depuis bientôt quatre-vingt-dix ans, l’entreprise Fourchard & Renard n’a pas besoin de communiquer pour décrocher des marchés. Son client unique, la SNCF, lui assure une croissance annuelle constante pour atteindre près de 18 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Et pour cause, la PME installée dans la cité des Ducs s’occupe de l’entretien, de la réparation et du remplacement des voies ferrées allant de l’Est Parisien, en passant par le Grand Est. Que ce soit le renouvellement des appareils de voies, plus connus sous le nom des postes d’aiguillage ou des voies courantes (rails, traverses, poutres et ballasts), chaque chantier marque le savoir-faire des équipes dépêchées sur place mais aussi les spécificités de ce métier méconnu et surtout exigeant. Quatre-vingts salariés travaillent sur ce type de chantiers auxquels s’ajoutent une vingtaine spécialisés dans des travaux mécanisés avec des engins automatisés qui tels des locomotives rétablissent la géométrie des voies au millimètre près. «Il faut être capable de remplacer en un temps réduit qui peut aller de deux à six heures des tronçons et rendre la voie à une heure précise pour que le trafic puisse reprendre sans provoquer de retard», explique Mario Da Silva, entré dans l’entreprise en 1975 comme simple manœuvre. Il aura gravi tous les échelons pour prendre la tête de l’entreprise, qu’il conserve malgré son départ en retraite depuis officiellement dix-huit mois. Engagé dans le syndicat des entrepreneurs de travaux de voies ferrées de France (SETUF), une branche de la Fédération nationale des travaux publics (FNTB) et dans le tissu associatif local en tant qu’administrateur d’Energic ST 52-55, il déploie toute son énergie dans la communication en prêchant la bonne parole au côté du nouveau directeur d’exploitation, Frédéric Blaise, arrivé il y a presque deux ans. L’enjeu est de recruter de nouveaux salariés pour répondre aux besoins grandissants du marché.
Mettre en avant les valeurs d’une PME
Si auparavant, le bouche-à-oreille suffisait, la direction est consciente de l’importance de faire connaître son activité et ses métiers, si spécifiques. «La plupart des gens pensent encore que c’est la SNCF qui assure l’entretien et le renouvellement de ses voies», ajoute le responsable qui se déplace désormais dans les écoles pour susciter des vocations. À l’heure où les entreprises peinent à recruter, c’est encore plus difficile pour un métier qui demande un engagement physique, en travaillant dehors du 1er janvier au 31 décembre et pour des équipes en déplacement du lundi au vendredi. «Au-delà de la rémunération, on mise sur la reconnaissance de nos hommes, sur leur valeur et sur la possibilité pour la PME d’être à leurs côtés s’ils souhaitent évoluer», confie Mario Da Silva quand Frédéric Blaise précise que l’entreprise «véhicule les salariés lors de leurs déplacements», ce qui pèse dans la balance. Attaché à Bar-le-Duc et à l’indépendance de son entreprise, face aux mastodontes des travaux publics, il milite pour une structure «à taille humaine» précisant connaître personnellement le prénom de tous ses salariés, leurs problèmes familiaux. Si certains rentrent comme manœuvre ou poseur de voies, les opportunités sont nombreuses pour évoluer en tant que chef de chantier, conducteur de travaux, d’engin, soudeur agréé, topographe et géomètre ou encore être orienté vers l’activité des machines motorisées.
Préparer demain
En 2019, Fourchard & Renard a créé une société basée à Marly, SEF, en charge de la sécurisation des chantiers. Et à bientôt quatre-vingt-dix ans, l’entreprise anticipe les évolutions du marché sachant que la tendance est à une externalisation par la SNCF de certaines lignes ferrées. La Région Grand Est fait d’ailleurs figure de pionnière avec l’annonce en avril 2024 de la réouverture à l’horizon 2027 de la liaison Nancy-Vittel-Contrexéville, dix ans après sa fermeture. Une concession qui engage à entreprendre des travaux de rénovation indispensable pour redonner vie à cette ligne «essentielle au territoire» selon le président Leroy. La stratégie de communication initiée par Mario Da Silva vise justement à se faire connaître auprès des collectivités, les partenaires de demain sachant que le marché de la remise aux normes du réseau ferré français qui s’étend sur ses 28 000 km de lignes qui traversent près de 8 800 communes est pharaonique. D’ailleurs, la Cour des comptes pointait du doigt en 2021 «le mauvais état» de ces équipements. L’autre enjeu est à la décarbonisation. La société s’est donc engagée dans un plan en s’associant au cabinet R3 qui évalue actuellement son empreinte carbone. «Nous ne sommes pas seulement des poseurs de voies», réaffirme Antonio Da Silva qui met en avant «la sécurité, la qualité de vie au travail de ses salariés et les questions écologiques», autant de dossiers dont s’est saisie l’entreprise meusienne qui compte bien se démarquer en jouant la carte de «l’ancrage local.»
En CHIFFRES
1936 création de Fourchard & Renard
Près de 18 millions d’euros de CA 2024
100 salariés
investissement : 1,5 million € dans des équipements de pointe.