Former les PME à la révolution numérique
C’est une première mondiale : Google France, en partenariat avec la CCI Grand-Lille, lance l’initiative «Google pour les pros». L’objectif est de convaincre 100 000 PME, commerçants et artisans français à optimiser leur visibilité sur la toile et devenir des «Google addict».
Cette opération est effective dans le Nord-Pas-de-Calais depuis le 25 mars dernier. La nouvelle révolution industrielle doit désormais s’accompagner d’une nouvelle ère numérique et d’une mutation des comportements des usagers. Alors que les Français sont reconnus pour être des internautes assidus, les PME sont encore trop frileuses sur le Net. Dans l’Hexagone, moins de 40% d’entre elles se servent des leviers numériques pour développer leur activité et s’adapter au commerce en ligne. Un paradoxe inexorablement franco-français, qui s’établit tout autant dans une région censée être la pionnière en termes de vente à distance.
Un test concluant. Ce lancement résulte d’un test visiblement réussi en région PACA, l’an dernier. «Cette expérience a déjà été réalisée à Marseille. Des coachs ont poussé les portes des PME pour expliquer le fonctionnement basique du web, tels les outils collaboratifs, les applications, l’utilisation de Gmail, le référencement naturel ou payant (…). Sur 20 000 entreprises sondées, nous avons obtenu 80% de taux d’acceptation», précise Jean-Marc Tassetto, DG de Google France. Si le génie de l’Internet, employant 480 salariés à Paris, améliore ses outils depuis plus de 14 ans et tente pourtant d’être accessible à tout éventuel utilisateur, les entreprises auraient ainsi indéniablement des lacunes en matière de numérique et seraient perdues face à une révolution digitale.
Un partenariat d’éducation avant tout ? Google a donc décidé de passer la vitesse supérieure pour apporter un véritable coup de pouce aux entrepreneurs. Présenté comme gratuit, «ce programme national d’accompagnement et de pédagogie» ambitionne de faire comprendre les enjeux du web, de guider les professionnels dans la création de leur image digitale et générer un réflexe, celui d’être connecté. «C’est un partenariat gagnant, un partenariat d’éducation», souligne Philippe Hourdain, président de la CCI Grand-Lille. Et 16 coachs, pour la plupart des jeunes diplômés de la région, formés par Google, sont pour le moment déployés sur la métropole lilloise pour vanter les mérites d’une vitrine internet. «Ce n’est pas de l’abattage commercial. L’objectif premier de Google France, c’est que l’ensemble de l’écosystème se digitalise», insiste le représentant qui espère dupliquer cette démarche dans d’autres régions françaises d’ici à six mois. Par ailleurs, difficile de croire que le géant de l’Internet ne tirera pas parti de cette démarche et ne profitera pas de quelques retombées économiques. «Nos solutions payantes concerneront moins de 10% des personnes rencontrées (…). Nous sommes partis d’une conviction, pas d’un business plan», assure Jean Marc Tasseto. Pourtant, pour être, par exemple, référencé sur Google Adwords, un entrepreneur doit débourser 60 euros par mois (après un an de gratuité). Si le succès de «Google pour les pros» s’opère sur les 100 000 PME visées, le calcul est vite fait. Ceci étant néanmoins qu’une part marginale du chiffre d’affaires de la firme.
Le marché en ligne, un levier de développement. L’impact positif d’Internet sur l’économie a été souligné d’après une étude McKinsey datant de mars 2011. En effet, Internet a généré 700 000 emplois en 2010 et 450 000 postes devraient se créer d’ici deux ans. La révolution du e-commerce prend donc son envol et représente un réservoir de croissance pour les professionnels, ainsi que les emplois de demain. «Les PME en ligne exportent et se développent deux fois plus que la moyenne», appuie le représentant de Google France. Ce rayonnement international est confirmé par Jean-Benoît Bourel, propriétaire et gérant de la Maison de Thé Unami à Lille. «Internet, c’est le prolongement de l’activité physique. Nous allons par ce biais à la rencontre de clients régionaux, nationaux et internationaux, par exemple jusqu’en Russie», évoque-t-il fièrement. Et de poursuivre : «Nous avons développé un site marchand, l’été dernier, par le biais d’une entreprise locale en investissant 14 000 euros. Nous sommes sur un système de vente en ligne, pas simplement de visibilité.» Cependant, si la note peut grimper très vite, le commerce en ligne s’affiche comme étant un moyen bénéfique de contrer la crise pour les 3 millions d’entreprises que compte la France. «Le commerce qui n’est pas connecté ne sera pas», ponctue Philippe Hourdain. Actuellement, le e-commerce représente 40 milliards d’euros en France, 100 milliards au Royaume-Uni.