Former, accompagner pour mieux sensibiliser

 

Après avoir dirigé pendant 15 années un centre de formation en logistique, Valérie Leleu s’est mise en quête d’une reconversion. A 45 ans, le pari pouvait sembler audacieux mais n’a pas effrayé plus que ça ce petit bout de femme à l’énergie débordante. “Je suis d’un tempérament indépendant. Je ne me voyais pas faire autre chose que de créer une entreprise”, explique-t-elle. L’activité choisie est pour le moins originale car Valérie Leleu a décidé de développer son propre rucher. “Mon mari se passionne pour l’apiculture depuis de nombreuses années. J’ai découvert cette passion avec lui. J’ai rapidement été fascinée par les abeilles, leur organisation, leur façon de vivre en communauté… Plus on en apprend et plus on veut en savoir. L’idée d’en faire un projet professionnel a germé rapidement, nous en avons discuté et, finalement, nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure. Je tire profit des connaissances que j’ai acquises dans ma vie professionnelle antérieure, je maîtrise les éléments relatifs à la gestion, à la fiscalité et au social.”
Le Rucher de la rivière aux roseaux a vu le jour en 2010 et durant les 12 mois qui ont précédé la concrétisation de cette ambition, Valérie Leleu s’est rapprochée de la boutique de gestion Espace, recevant également le soutien de la communauté de communes Artois-Lys et de la CCI. Parallèlement, son époux et elle-même sont retournés sur les bancs de l’école afin de parfaire leurs connaissances en matière d’apiculture.

D’autres priorités que la production. Leur initiative ne se borne pas à produire du miel. Bien au contraire : il s’agit même d’une préoccupation secondaire. L’objectif est avant tout de diffuser des messages afin de sauvegarder les abeilles. “Nous voulons montrer l’importance qu’a cet insecte dans l’équilibre écologique de notre planète. Les abeilles assurent à elles seules 80% de la pollinisation nécessaire à la survie de nombreuses espèces de plantes.” L’écosystème et la survie des abeilles sont menacés en raison notamment de l’usage intensif de pesticides. A ce titre, on constate que de nos jours, les abeilles résistent mieux en milieu urbain qu’à la campagne.
Valérie et Jean-Charles Leleu essaient de sensibiliser le public sur ce danger. Ils communiquent notamment sur l’importance de préserver l’abeille noire, espèce typique de la région Nord-Pasde- Calais.
Ils ont articulé leur activité autour de ce leitmotiv. Ainsi, leur entreprise propose toute une série de services destinés à pérenniser la présence des abeilles dans les deux départements.
Le couple assure la capture d’essaims. Il dispense aussi des formations à l’apiculture à destination des particuliers. “Il existe un effet de mode. De plus en plus de gens veulent produire leur propre miel et posséder une ruche. Nous assurons des apprentissages aux travers de différents modules”, explique Valérie Leleu. Au total, le cursus s’étale sur neuf sessions, réparties sur autant de semaines. Les cours démarrent par de la théorie dès janvier. Puis, en avril les stagiaires abordent les travaux pratiques, avec les soins à apporter la ruche…

De multiples services. Valérie et Jean-Charles Leleu commercialisent également les ruches, les colonies et tout le matériel d’apiculteur. “Différentes options s’offrent aux clients. Ils peuvent acheter une ruche simple ou alors tout équipée, dans laquelle on peut introduire les abeilles. Dès qu’ils rencontrent un souci dans le cadre de leur activité d’apiculteur amateur, nous restons à leur écoute et nous leur apportons des conseils”, précise Valérie Leleu.
Le Rucher de la rivière aux roseaux propose aussi ses services aux entreprises et aux collectivités. A titre d’exemple, M. et Mme Leleu travaille avec Artois comm (communauté d’agglomération de l’Artois), dans le cadre de sa compétence environnementale. Ainsi, les époux ont installé une vingtaine de ruches sur différents sites occupés ou gérés par la structure intercommunale. Voies navigables de France (VNF) a aussi sollicité l’entreprise de Robecq, lui demandant d’installer une dizaine de ruches le long du canal d’Aire. Enfin, Valérie et Jean-Charles portent également la bonne parole chez les plus jeunes, en intervenant dans les écoles et en organisant des goûters d’anniversaire.
Les deux défenseurs des abeilles multiplient les échanges avec leurs homologues de toute la France. Gérant une trentaine de ruches, ils souhaitent conserver une taille raisonnable afin de ne pas verser dans l’industrialisation. Ce serait contraire à leurs principes.